HENRY Lucien, Félix, dit le général Henry

Par complété par Annie Pennetier

Né le 23 mai 1850 à Sisteron (Basses-Alpes), mort le 10 mars 1896 à Saint-Léonard-de-Noblat (Haute-Vienne) ; peintre ; colonel sous la Commune et artisan de l’insurrection dans le XIVe arr.

Son père, Toussaint, André Henry avait 44 ans à la naissance de Lucien Henry.

Sa mère, Mme veuve Henry, (née Marie, Suzanne Laplane, 27 ans à la naissance) dit avoir à charge, en 1876, une fille dans un orphelinat et un garçon de dix-huit ans frappé d’idiotie ; elle avait perdu un fils aîné à la guerre de 1870.

Lucien Henry vint à Paris, en 1867 et, sans ressources, travailla chez un confectionneur de mannequins ou servit de modèle à des peintres (Pierre-Charles Comte) ; en 1869, il s’inscrivit aux Beaux-Arts mais n’en put guère suivre les cours car il travaillait pour gagner sa vie. Il n’avait pas répondu à l’appel de sa classe dans les Basses-Alpes, en 1870, et les motifs de son abstention n’étaient pas connus ; c’était un jeune homme de vingt ans, brun, aux longs cheveux, assez distingué et qui portait toute sa barbe ; il demeurait rue Saint-Médard (Ve arr.), et avait pour maîtresse une couturière.

Pendant le Siège, il fut garde national, ami de Théodore Sapia, avec lequel il fonda La Résistance ; il faisait partie de la Marmite et présidait, le 7 mars, la séance du club rue Maison-Dieu, XIVe arr., qui élut Maximilien Avoine et Alfred Billioray comme délégués du XIVe arr. au Comité central. Son nom figura au bas d’affiches réclamant la Commune.

Le 18 mars, il fit arrêter Thomas de Colligny, commissaire de police du quartier de Plaisance, XIVe arr., et s’installa à la mairie du XIVe arr. Chef de la XIVe légion dont le conseil était composé de Pierre Charbonneau, Paul Hébert, Alexandre (Julien) Roquejoffre, Louis Sebourg tandis que la commission municipale provisoire comprenait : Jules Avoine, Vincent Boyer, Florent, Garnier, Henry, Hourtoule, Jules Martelet, Pérève, Pouget (cf. Murailles... 1871, op. cit., 22 et 25 mars), il avait le titre de général. Au début d’avril, il réunit toutes les compagnies de marche de l’arrondissement et les conduisit avec Duval à Châtillon ; il y fut fait prisonnier. On le présenta comme le pivot de l’insurrection à Montparnasse ; Héligon l’en accusa devant le 19e conseil de guerre, et Henry récusa « celui qui avait trahi l’Internationale ». Lui-même minimisa son rôle : « J’ai été entouré de misérables qui ont abusé de ma jeunesse et de mon inexpérience ; j’ai été trompé, entraîné ; on a voulu me faire perdre l’honneur ; maintenant il ne me reste plus que d’immenses regrets. Je vous demande toute votre indulgence ». Son avocat dit : « Henry n’était qu’un prête-nom à tout ce qui se faisait dans le XIVe arr. ». Il fut condamné, le 18 avril 1872, par le 19e conseil de guerre, à la peine de mort parce qu’il avait procédé à des embauchages et à des arrestations ; la condamnation paraissait surtout réserver au conseil le droit de frapper ses coaccusés. Puis la peine fut commuée, le 22 juin, en déportation dans une enceinte fortifiée.
Il fut enfermé rue de Noailles à Versailles, dans une cave de la caserne fin juin 1872 puis déporté en Nouvelle-Calédonie par le Var. le 27 septembre 1872, avec 254 condamnés. Il arriva le 9 février 1873 puis séjourna à la presqu’île Ducos. Il se consacra à la peinture et exposa, obtenant même un prix en 1876 à l’exposition intercoloniale de Sydney. Il fut amnistié le 15 janvier 1879.

Henry décida de se rendre en Australie où il devint, à Sydney, professeur de modelage et de dessin. Il intervint dans nombreuses conférences et expositions. Il est l’auteur, notamment des vitraux de la mairie de Sydney. Le 6 janvier 1880, il épousa selon le rite presbytérien, Juliette Lopez née Lebeau veuve du communard le docteur Paul Rastoul. Divorcé, il partit pour Paris en mai 1891 et se remaria avec une de ses élèves, Fanny Broadhurst. Il publia, dans la capitale, un livre de contes The legend of Waratah, dédié à un syndicaliste australien Fred Broomfield. Le couple s’installa à Saint-Léonard-de-Noblat dans la Haute-Vienne où sa femme accoucha d’un garçon prénommé Harry-André (1892-1962 à Sydney) ; elle décéda dix jours plus tard.
Lucien Henry mourut dans sa maison de Ménouard le 10 mars 1896.

Une exposition des œuvres de Lucien Henry eut lieu en avril 2001 au Powerhouse Museum de Sydney.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article61655, notice HENRY Lucien, Félix, dit le général Henry par complété par Annie Pennetier, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 15 juin 2020.

Par complété par Annie Pennetier

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/744. — Arch. PPo., listes d’amnistiés. — Gazette des Tribunaux, 19 avril 1872. — Pierre-Henri Zaidman, Gavroche, n° 114, novembre-décembre 2000. — Paul Lidsky, "Lucien Henry. Artiste communard célébré en Australie, méconnu en France", La Commune, n°74, 26 mai 2018.

ICONOGRAPHIE : G. Bourgin, La Commune, 1870-1871, op. cit., p. 313.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable