JUNQUA François [JUNQUA Pierre, François]

Par Pierre-Henri Zaidman

Né le 17 juillet 1821 à Amou (Landes), mort à Boulogne (Seine) le 4 janvier 1899 ; domicilié à Bordeaux, 11, rue de Vertheuil, prêtre ; anticatholique.

François Junqua, élève des séminaires d’Aire en 1841 et de Dax, fut ordonné prêtre à Bayonne en 1847 puis devint desservant à Soustons et à Ponteux où il se signala par son exaltation religieuse. Il eut l’idée de fonder un nouvel ordre monastique. Il fut envoyé en 1856 à Saint-Geours où il eut des démêlés avec son évêque, qui l’envoya à Bordeaux. Peu après, le cardinal Donnet lui donna la cure de Saint-Michel-la-Pouyade, puis celle de Lacanau, et l’attacha enfin à titre d’auxiliaire à la cathédrale Saint-André à Bordeaux. Il suivit les enseignements de la Faculté de théologie, qui lui accorda le titre de docteur en 1858. Il se lia au chanoine Mouls et lors du concile de 1869-1870 se montra hostile au dogme de l’infaillibilité papale. Après l’adoption du dogme, il contacta Mouls, retiré en Belgique pour former un schisme et fonder un journal, l’Ere chrétienne destiné à combattre les nouvelles idées de l’Eglise mais n’ayant pu le faire paraître, il publia dans la Tribune, le journal démocratique de Bordeaux, des articles contre le clergé orthodoxe, un roman, en collaboration avec Mouls, intitulé « Les Mystères d’un évêché » et fit paraître un pamphlet contre les prêtres girondins, qui eut à Bordeaux un grand retentissement.
Le 16 mars 1872, dans une lettre rendue publique, il annonça à l’archevêque de Bordeaux que, ne pouvant admettre le dogme de l’infaillibilité, il rompait avec l’Eglise et allait établir chez lui un comité d’action destiné à rallier les adhérents à la vieille, à la vraie Eglise catholique et tous ceux qui protestaient contre les décrets et le Credo du Vatican. Le cardinal Donnet lui ayant fait notifier, le 23 mars, par un commissaire de police, l’ordre de quitter la soutane, Junqua refusa et fut, pour ce fait, condamné à six mois de prison le 15 avril 1872.
Il se rendit alors en Belgique, où il fit des conférences publiques et devint l’un des principaux rédacteurs de l’hebdomadaire La Rénovation Religieuse et Sociale créée par Mouls. Le 29 avril 1872, il procéda à Bruxelles à l’inauguration d’une soit-disant Église nouvelle, et à cette occasion il prononça un discours-manifeste préconisant la séparation de l’Eglise et de l’Etat, une constitution démocratique ou élective et l’abolition du célibat des prêtres.
Il revint à Bordeaux ou il fut condamné le 9 juin 1872 par la cour d’assises avec Jean Peychez et le chanoine François-Xavier Mouls à deux ans de prison et 2000 francs d’amende pour outrage à la morale publique et religieuse et dérision envers un culte légalement établi en France, excitation à la haine et au mépris des citoyens les uns contre les autres pour un article publié le 1er janvier 1872 dans la Tribune.
Il fut exclu de l’Église catholique peu après, et dès 1877, il se proclamait en faveur du mariage des prêtres et de la Déclaration des Droits de l’homme de 1793. En 1878-79, il publia une série d’ouvrages sous l’égide de « L’Église de la liberté », parmi lesquels De la sagesse dans la production er de la fraternité dans la consommation, ou le communisme des républiques de l’avenir (Paris, Derveaux, 1879). Dans cet ouvrage, l’auteur se livrait à un rapide survol de l’histoire des théories communistes à travers les siècles, et définissait sa propre vision d’un communisme triple, « communisme d’origine, communisme de production, communisme de consommation, la trinité parfaite dans les développements de l’être, comme nous l’avons trouvée dans l’être lui-même. » Il polémiquait également avec divers socialistes qui avaient exprimé des réserves au sujet de ses précédents ouvrages, notamment Benoît Malon.
Son dernier ouvrage connu parut en 1889.

Il se maria en Angleterre en 1875, s’installa comme libraire-papetier rue des Petits-Champs à Paris. Il mourut à Boulogne (Seine) le 4 janvier 1899 et fut incinéré au Père-Lachaise le 6 janvier 1900.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article62596, notice JUNQUA François [JUNQUA Pierre, François] par Pierre-Henri Zaidman, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 23 juillet 2021.

Par Pierre-Henri Zaidman

ŒUVRE : De la liste figurant au catalogue de la BNF, on retiendra, outre celle déjà citée, les publications suivantes. De la justice dans l’usage de la propriété, ou le Contrat économique des républiques de l’avenir, Paris, Sandoz et Fischbacher, 1878, 2 vols. — De la justice dans l’exercice de la souveraineté, ou le Contrat social des républiques de l’avenir, Paris, Sandoz et Fischbacher, 1879. — Aux démocrates et socialistes de France, manifeste électoral, Paris, Junqua, 1881, in-8°, 16 p. — Manuel de l’électeur, 2e livraison, Paris, impr. de Mas, 1889, in-8, 8 p.

SOURCES : De la sagesse... , op. cit. — Catalogue des imprimés de la BNF. ― Arch. Dép. Gironde, Cour d’assises série U vol. 1871-1872, 143 T 20 et 1 M 366/4. ― Jean Cavignac, « La répression des mouvements bordelais de solidarité avec la Commune de Paris 1871 », Bulletin de l’Institut Aquitain d’Etudes Sociales, n°5, mars 1871. ― Jean Cavignac, « La Commune et Bordeaux », Répression et prisons politiques en France et en Europe au XIXe siècle, Créaphis, 1990, p. 65-77― JORF, 1er septembre 1872. — Grand dictionnaire universel du XIXe siècle, vol.9, p. 1118. — Notes de M. Cordillot et Jean-Pierre Bonnet.

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