KUNEMANN (et non KUMENNAM), François, Eugène

Par Jean-Louis Robert

Né le 8 avril 1824 à Burnhaupt-le-Bas (Haut-Rhin) ; adhérent de l’AIT à Paris ; communard ; secrétaire général de la commission des relations extérieures.

Issu d’une famille alsacienne rurale aisée, son père était le meunier du village, son frère sera procureur général, élève au collège de Colmar, Eugène Kunemann vint à Paris faire ses études de droit. Il participa activement à la journée du 24 février 1848, proposant que Garnier-Pagès soit nommé maire de Paris (Garnier-Pagès, Histoire de la révolution de 1848, 1866).
Il fut ensuite un membre actif du club des Républicains socialistes, y faisant adopter le 14 avril 1848 une pétition adressée au gouvernement provisoire pour « réorganiser l’industrie nationale. » Elle proposait que, si un atelier était en cessation de travail ou de paiement, l’État « ne considérant que l’intérêt social » aurait « la faculté de s’en constituer acquéreur à dire d’expert, par voie d’expropriation. » Les ouvriers seraient associés aux bénéfices, les maîtres ouvriers deviendraient directeurs-associés. Un minimum de salaire serait institué.
Il écrivit aussi une Note sur la centralisation et l’organisation des bureaux de placement, qu’il adressa à l’assemblée et qui fit l’objet d’un avis favorable de la commission du travail le 19 juillet 1848.
En 184,9 il organisa le Banquet des représentants socialistes de l’Alsace du 3 juin, salle de la Jeune France. Il habitait alors 102 rue de l’Ouest (La démocratie pacifique , 27 mai 1849). De sensibilité fouriériste, il promeut, à la fin de 1848, la société générale d’échange proposée par F.Mazel (La révolution démocratique et sociale , 7 novembre 1848) et il est en 1850 membre de la Société de la Fraternité active, » association expérimentale », qui visait à créer un phalanstère.
Sous le Seconde Empire, il se fit avocat, et posséda un cabinet d’affaires (il était ainsi l’avocat-conseil de la société anonyme andorrane). Dans les années 1860, il devint franc-maçon, à la loge La Renaissance, « berceau de l’absolue libre-pensée », dont il deviendra vénérable en 1883. Il participa en 1866-68, comme conseil, aux entreprises de Gabriel Prévost pour fonder à Cempuis un asile de vieux et une colonie pénitentiaire pour les enfants. Il rédigea une Notice sur les colonies agricoles pour l’enfance selon le système Pestalozzi , à la colonie, Cempuis, 1868.
Patriote déterminé, il est membre du comité civil des moyens de défense, créé le 22 août 1870, regroupant seulement des républicains dévoués. Puis après le 4 septembre, habitant 26 rue de Calais, il est chef de section, en charge de la sécurité d’un quartier du 9e arrondissement (affiche Massol, 18 septembre1870).
Il rédigea alors deux notes au gouvernement de défense nationale : Dans sa Première note à mes amis du gouvernement de la Défense nationale – solution de quelques difficultés pendantes , 25 septembre 1870, il proposa la création d’un comité consultatif de la République, et de commissaires extraordinaires à la défense. Dans sa Deuxième note à mes amis du gouvernement de la Défense nationale – Créations de nécessité urgente , 29 septembre 1870, il proposa la création d’un secrétariat du gouvernement, de quatre armées supplémentaires dont une armée de la Liberté, et une réorganisation de la Garde nationale pour qu’elle puisse combattre.

En 1871, Il habitait 83, rue Lafayette, à Paris, IXe arr. On ne sait quand il adhéra à l’Internationale, mais il appartenait à la section Grandes-Carrières de Montmartre (cf. Dict. t. IV, p. 55). Il collabora à La Nouvelle république, puis à L’Affranchi, journaux dont Grousset était le rédacteur en chef. Ce dernier l’appela au ministère des relations extérieures dont il devint secrétaire général pendant la Commune (APP, BA 364-6). Clairement jacobin, tout en étant internationaliste, il jugeait le fédéralisme comme « une importation d’origine étrangère » qui ne correspondait pas à « notre génie propre ». Son application conduirait comme avec Vercingétorix à la débâcle de la patrie (« Une réponse sérieuse », La Nouvelle République, 1er avril).
Le 3e conseil de guerre le condamna par contumace, le 30 novembre 1874, à la déportation dans une enceinte fortifiée. Antérieurement, il n’avait encouru aucune condamnation. En 1872, Alsacien patriote, il opta pour la nationalité française dans son exil. À Londres, il fit partie du groupe de réfugiés dit La Solidarité d’Islington (cf Dict. t. IV, p. 79). Il fut gracié le 11 mars 1879.

Revenu à Paris, il reprit son métier d’avocat. Restant fidèle à ses idées et à ses amitiés, il versa à la souscription du Petit journal, en 1879, pour payer le dégagement gratuit des objets gagés au Mont de piété. Il fut témoin de Lissagaray en octobre 1881 dans une petite affaire de conflit de presse. Il servit de liquidateur à l’éphémère La Bataille politique et sociale, 99 rue Montmartre, en octobre 1882. En 1888, il versait encore à quatre occasions des sommes aux souscriptions organisées par le journal Le Parti ouvrier. Probablement est-ce lui qui fut incinéré au Père-Lachaise, le 26 novembre 1889. Le rapport du conseil municipal sur les incinérations ne donne pas les prénoms.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article62763, notice KUNEMANN (et non KUMENNAM), François, Eugène par Jean-Louis Robert, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 22 février 2021.

Par Jean-Louis Robert

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/856, A, n° 2306. — Arch. Min. Guerre, 3e conseil, n° 1927. — Arch. PPo., listes de contumaces.

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