Né à Vierzon-Villages (Cher) le 1er août 1838 ; mort le 16 mars 1894 à Paris (Xe arr.) ; cuisinier ; « membre des plus actifs de l’Internationale » (dossier Arch. Nat.) ; communard.
Lacord est qualifié par un rapport de police d’« orateur violent des réunions publiques sous l’Empire ». Le 1er juin 1870, il avait d’ailleurs été condamné à Paris à six mois de prison et 500 f d’amende pour « apologie de faits qualifiés crimes et provocation au crime ». Il habitait alors, 20, rue Serpente, VIe arr.
Lacord appartenait à l’Internationale et fit partie du conseil fédéral parisien, au sein duquel il représentait la section dénommée Association républicaine du VIe arr. avec Thommelin, Lallemand, Armand Lévy. Il fit notamment partie en février 1871 de la commission chargée d’élaborer les nouveaux statuts du conseil fédéral.
En tant que délégué du Comité central républicain des vingt arrondissements, il fut un des signataires de l’Affiche rouge du 6 janvier 1871, proclamation au peuple de Paris pour dénoncer « la trahison » du gouvernement du 4 septembre et pour mettre en avant trois mots d’ordre : Réquisition générale, rationnement gratuit, attaque en masse. Elle se terminait par ces mots : « Place au peuple ! Place à la Commune ! » Voir Ansel.
Aux élections en vue de la formation d’une Assemblée nationale, 8 février, il figura parmi les 43 candidats socialistes révolutionnaires présentés par l’Internationale, la chambre fédérale des sociétés ouvrières et la délégation des vingt arrondissements. Il ne fut pas élu.
Le 3 mars, il fut désigné pour faire partie de la Commission exécutive provisoire de la Garde nationale, mais il ne fut pas élu au Comité central le 15 mars.
Présenté avec A. Lallemand et A. Lévy par le club de l’École de Médecine, le Comité central des vingt arrondissements et l’Association républicaine du VIe arr. le 26 mars aux élections à la Commune de Paris dans le VIe arr., Lacord obtint 2 941 voix et ne fut pas élu — Voir Albert Leroy. Il continua à faire partie de la commission de l’Infanterie du Comité central (cf. Journal officiel de la Commune du 19 mai.) Toutefois, c’est par confusion avec B. Lacorre qu’il est donné comme appartenant à la commission de l’Ordonnancement et des Finances dans les Procès-Verbaux de la Commune, t. II, p. 283 (séance du 8 mai).
Le 4e conseil de guerre le condamna par contumace, le 18 décembre 1873, à la déportation dans une enceinte fortifiée.
Lacord avait pu fuir à l’étranger. Il vécut d’abord en Angleterre, puisque, en mai 1872, il appartenait au Cercle d’Études sociales de Londres, section de l’Internationale, dont il était alors un des dirigeants (cf. Dict., t. IV, p. 79). Puis il passa en Suisse (il y était à la date du 1er janvier 1873) et vécut notamment à Genève, où il géra un temps la Marmite sociale fondée en avril 1872 dans le but de procurer aux plus pauvres des réfugiés une nourriture saine et à prix modique. Sa conduite à l’étranger est ainsi qualifiée dans le rapport contumax (Arch. Nat.) de mars 1879 : « Organisateur et orateur des réunions socialistes. A été arrêté en avril 1874 sous l’inculpation de participation à la grève des ouvriers maçons de Suisse ».
En 1888 et 1889, il s’opposa au boulangisme dans les colonnes du Parti ouvrier.
« Il est mort à Lariboisière, après une existence tourmentée. À la fin, il vendait des pommes de terre frites, rue Saint-Martin. La plupart du temps, sans ressources, sans abri, il allait demander l’hospitalité et une livre de pain à celui-ci, à celui-là » (Cf. L. Descaves, op. cit., p. 95). Selon la même source, il serait mort à Paris en 1889 : il s’agit probablement d’une confusion avec son fils, Georges Émile Lacord, mort à 14 ans le 19 janvier 1889, au domicile de son père 60, rue Saint-Honoré (Paris, Ier arr.).
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE : Arch. Nat., BB 24/857, n° 2895. — Arch. PPo., B a/431, pièces 786 à 791 et B a/435. — Les Séances officielles de l’Internationale à Paris pendant le Siège et pendant la Commune. — Procès-Verbaux de la Commune de 1871, op. cit. — J. Dautry, L. Scheler, Le Comité central... op. cit. — L. Descaves, Philémon..., op. cit. — Acte de décès de son fils. — Note de J. Chuzeville. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.