LEHRNER Odilon, Dominique

Par Gilles Pichavant

Né en 1812 à Dreux (Eure-et-Loir) ; Ouvrier horloger ; Démocrate socialiste en 1850 à Paris (Seine), Proscrit de 1851, membre du "Comité central républicain de Solidarité" du Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) en 1871.

Né à Dreux (Eure-et-Loir) en 1812 ; fils d’un Bavarois. Ouvrier horloger à la Chapelle-Saint-Denis (Seine) après avoir été établi en Eure-et-Loir, il fut poursuivi en 1844 pour abus de confiance. Condamné en mai 1847 à huit mois de prison pour complot, libéré par le 24 Février, il fit partie du Comité électoral démocrate socialiste en 1850 ; arrêté en mai, il fut expulsé parce qu’il était compromis dans un complot. À Londres il se trouva en relations avec les émigrés les plus actifs. De nouveau poursuivi en juillet 1851 pour complot, il fut arrêté en février 1852 à Bercy, chez un employé de chemin de fer, alors qu’il était venu de Londres « chercher sa femme ». Quoiqu’il prétendît avoir été à Londres pendant l’insurrection de décembre 1851, il fut condamné à dix ans de détention en Algérie : le 4 décembre, il se serait trouvé à la barricade de la Chapelle et serait allé à la mairie à la tête d’une bande d’insurgés réclamer deux de ses camarades arrêtés. Chez lui avaient été saisis un portrait de Blanqui et un dessin de la déesse de la Liberté.

En 1871, Odilon Lehrner présida des réunions du Club « socialiste » qui tenait séances au Havre (Seine-Maritime, Seine-Inférieure), rue Bernardin-de-Saint-Pierre, et il témoigna en de nombreuses réunions — avril 1871 — sa sympathie à la Commune de Paris. Ce club, présidé par Albert Détré rassembla jusqu’à 500 adhérents. S’étant transformé en "Comité central républicain de Solidarité", il présenta une liste intitulée liste du Comité démocratique aux élections municipales du Havre, le 30 avril 1871, qui obtint une moyenne de plus de 2200 voix, soit environ 22%. Cela dépassa toutes les espérances de ses promoteurs, et inquiéta fortement les autorités. Odilon Lehrner fut candidat en 8e position, sur cette liste.

Le 2 mai, au lendemain de ce résultat plus qu’honorable, Odillon Lehrner signa avec Antoine, Detré, Houssot*, Ferral*, et Schlosser, une adresse aux électeurs du Comité central républicain de solidarité, qui déclarait notamment : "C’est un assez beau début, après tout. (...) Cependant toute peine n’est pas perdue (…) Pour la première fois, nous avons intéressé plus de citoyens à la cause de la Revendication qu’il ne s’en était jamais rencontré. Nous avons aidé le Peuple à faire la lumière de ses droits ; il a soutenu le premier combat contre les champions de la Misère et de l’Exploitation ; notre programme restera, et il faudra bien, un jour ou l’autre, compter avec lui et avec la masse (…) ».

Le 6 mai, le sous-préfet confirma d’une certaine manière cette appréciation dans un courrier au préfet, en écrivant : "Aux élections municipales du Havre, le Comité démocratique a réuni pour sa liste 2239 votants sur 9410 votants ; Cette minorité a excédé toutes les prévisions : les meneurs du comité y voient un succès (...)". Le 2 juillet, le comité se rallia à la candidature de Gambetta.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article64057, notice LEHRNER Odilon, Dominique par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 13 janvier 2021.

Par Gilles Pichavant

SOURCES : Notes de Jean Maitron. — Arch. Min. Guerre, B 702 (pour la période antérieure à la Commune). — Arch. Dép. de Seine-Maritime, cote 2U2704, dossier sur Enquête parlementaire sur l’insurrection du 18 mars 1871. — Jean Legoy, Le peuple du Havre et son histoire , imprimerie Édip, tome 1 1984 (dont note 206, p115) — Pierre Ardaillou, Les républicains du Havre au XIXe siecle : (1815-1889), Publication Univ Rouen Havre, 1997 — Enquête parlementaire sur l’insurrection du 18 mars 1871, Librairie Germer-Baillère, 1872, tome 1

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