LEPELLETIER Edmond (Lepelletier de Bouhélier Edmond, Adolphe)

Né à Paris le 26 juin 1846 ; mort à Vittel (Vosges) le 22 juillet 1913 ; marié, père de l’écrivain Saint-Georges de Bouhélier. Edmond Lepelletier était avocat, homme de lettres, conservateur du palais du Conseil d’État sous la Commune de Paris — et plus tard historien de l’insurrection.

Lorsque la guerre éclata, Lepelletier était licencié en droit et, depuis 1868, avocat à la cour d’appel — inscrit aussi à la conférence de l’ordre et proposé comme auditeur au Conseil d’État. Il avait fait ses premières armes dans le journalisme au même moment, au Nain Jaune. Il avait tiré au sort un bon numéro, et de surcroît, fils de veuve, était libre de toute obligation militaire ; il s’engagea pourtant, à la mobilisation, au 69e régiment de ligne malgré une santé assez fragile, et de là passa au 110e : il était à Chevilly-Larue, à Bagneux, à l’Hay-les-Roses, à Buzenval.

Licencié au début de mars 1871, il ne voulut pas quitter Paris ; « il partageait toutes les idées patriotiques exaspérées [...] et il admettait, en partie, les revendications socialistes des promoteurs de la résistance parisienne ». Il ne voulut pas combattre certains de ses compagnons passés dans les rangs de Versailles, mais, familier des réunions de clubs (rue Lévis, XVIIe arr.) et orateur de l’opposition en 1869, il était un ancien pensionnaire de Sainte-Pélagie où il avait succédé à Lockroy dans sa cellule, à la suite d’une condamnation à un mois de prison pour délit de presse ; il avait connu Delescluze, Pyat et Vallès. Il était surtout le condisciple et l’ami d’Abel Peyrouton ; celui-ci pressa Lepelletier de poursuivre sa carrière, et d’accepter la place que lui offrait la Commune : pour 300 F mensuels, il s’agissait de garder à titre de délégué le Conseil d’État et la Cour des Comptes ; Abel Peyrouton, premier nommé, ayant été envoyé à Lyon. Lepelletier dit avoir sous ses ordres un personnel réduit à quatre concierges et quatre Prussiens. Le Conseil d’État en effet chôma sous la Commune ; Lepelletier garda les archives, et, comme le désirait sa mère, échappa ainsi à la nécessité de porter les armes. Il n’habitait pas le palais du quai d’Orsay et n’y revint plus après le samedi 20 mai.

Il fut cependant arrêté, interné à l’Orangerie de Versailles et traduit devant le 4e conseil de guerre qui se dessaisit au profit du tribunal civil ; et la 9e Chambre du tribunal correctionnel de la Seine le condamna, le 25 août 1871, à un mois de prison. Le condamné purgea sa peine.

Il eut par la suite un engagement politique du côté du conservatisme.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article64269, notice LEPELLETIER Edmond (Lepelletier de Bouhélier Edmond, Adolphe), version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 30 juin 2020.

ŒUVRES : Son œuvre romanesque est postérieure à la Commune. Il écrivit au Nain Jaune (1868), à la Réforme (juin 1869), il fut gérant et collaborateur du Tribun du Peuple de Lissagaray, 17-24 mai 1871 (huit numéros).
Surtout, il publia une Histoire de la Commune de 1871, 3 vol. in-8°, Paris, 1911-1913 (Bibl. Nat. 8° Lb 57/14 700).

SOURCES : Arch. Nat. BB 24/770, état n° 3, 14 mai 1872. — Larousse du XXe siècle. — Polybiblion 1913, 2e série, p. 181. — Gazette des Tribunaux, 10 septembre 1871. — Sa propre Histoire de la Commune de 1871, où il dit par exemple, t. I, p. 32 : « L’auteur [...] remplit à cette époque redoutable un rôle modeste. Il doit déclarer qu’il fut parmi les vaincus ». — La Comune di Parigi (G. Del Bo) op. cit. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.

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