MARCHAND Louis, Joseph, Gabriel

Né le 19 avril 1842 à Roanne (Loire), mort à Genève (Suisse) le 21 mars 1901 ; tailleur. Militant de la Commune de Paris et de l’Internationale.

Dès 1864, Louis Marchand appartint au noyau blanquiste, « embryon du Parti » — Voir G. Casse. « Sous l’Empire [...], au Quartier latin, avec toute cette jeunesse enthousiaste et intelligente [...] il a lutté. Ami des Tridon, Regnard, Jules Vallès, Jaclard, Protot, Raoul Rigault [...] il fit ses premières armes au Candide » (discours du proscrit Berchtold (et non Bertchold) sur sa tombe).

En 1866 et 1867, Marchand publia à Paris un petit journal, Le Critique (une première série de huit numéros du 1er au 26 juillet 1866, une seconde série du 30 mars au 27 juillet 1867). Dans le numéro du 6 avril 1867, la rédaction, dans un article intitulé Diderot et d’Holbach, définit son entreprise comme parallèle à celle de la Libre Pensée, supprimée peu auparavant ; ses attaques contre les « holbachiens » attardés entraîneront la démission du baron de Ponnat. On relève, entre autres, deux articles de G. Lefrançais, un de Tolain, une suite d’articles de Jules Lermina sur Lamettrie et de nombreuses études de Jules Andrieu (et non Andrieux).

Un Marchand (sans prénom) signa l’appel au peuple allemand lancé le 4 septembre 1870 par les délégués des sections parisiennes de l’Internationale et de la Chambre fédérale des Sociétés ouvrières, appel qui déclarait : « Le peuple français ne fait point la paix avec un ennemi qui occupe son territoire », et préconisait une alliance pour fonder les États-Unis d’Europe.
Avec ses amis du Comité central des vingt arrondissements auquel il appartenait, Marchand présenta, le 15 septembre, les mesures d’urgence que le gouvernement de la Défense nationale aurait dû, selon les signataires, se hâter « de transformer en décrets pour le salut de la patrie et de la République ». Ces mesures intéressaient la sécurité publique, les subsistances et les logements, la défense de Paris et des départements. Voir Ch.-L. Chassin.
Il fut également un des signataires de l’Affiche rouge du 6 janvier 1871, proclamation au peuple de Paris pour dénoncer « la trahison » du gouvernement du 4 septembre et pour mettre en avant trois mots d’ordre : Réquisition générale, rationnement gratuit, attaque en masse. Elle se terminait par ces mots : « Place au peuple ! Place à la Commune ! » Voir Ansel.

Durant la Commune, Marchand fut envoyé à Bordeaux (Gironde) où il était déjà allé après le 4 septembre 1870, Au cours d’une réunion électorale organisée le 28 avril 1871 par la section bordelaise de l’Internationale, il aurait déclaré : « Je suis délégué par la Commune de Paris, qui est l’expression même de l’Internationale ; je suis envoyé pour organiser, pour faire proclamer ici la Commune, à l’exemple de Saint-Étienne, de Marseille, de Limoges, et d’autres grands centres » (Enquête parlementaire sur l’insurrection du 18 mars 1871, p. 64). Marchand figura parmi les collaborateurs de la Fédération, hebdomadaire de la section bordelaise de l’Internationale. Voir J.-J. Dargance. Malgré un mandat d’amener lancé contre lui, il parut encore dans une réunion le 6 mai 1871 (Arch. Nat. C 2 882. Dossier Bordeaux).

Il s’enfuit finalement, déguisé en femme, et gagna Genève où il fut secrétaire de la Société des proscrits, l’Égalité (cf. A. Claris, La Proscription française en Suisse, p. 41). Il appartint également à la Section de propagande et d’action révolutionnaire socialiste de Genève constituée le 3 septembre 1871 sur l’initiative de proscrits français (Arch. PPo., Ba /434). Voir A. Arnould. Le même mois il participa au congrès de la Paix à Lausanne où il prit la défense de la Commune, mais ses paroles concernant l’exécution de Chaudey provoquèrent de vives réactions. Il collabora à la Révolution sociale, organe de la Fédération Jurassienne à partir du 23 novembre 1871.
En septembre 1872, lors du congrès de La Haye, il fut accusé d’« agissements ayant pour but la désorganisation de la Société Internationale des Travailleurs », id est de sympathies pour Bakounine. (Engels avait même écrit — cf. lettre du 19 janvier 1872, Correspondance F. Engels-P. et L. Lafargue, Paris, t. I, 1956, p. 21 — « Il est maintenant à peu près prouvé que Marchand de Bordeaux est un mouchard. ») Marchand fut proposé pour l’exclusion, finalement non votée (J. Guillaume, l’Internationale, t. II, p. 346). Dans une lettre à l’Internationale de Bruxelles, datée du 8 octobre 1872 et publiée le 10 novembre, Marchand se justifia des attaques de Serraillier lancées contre lui à La Haye et se prononça pour les principes d’autonomie. Le 1er décembre, la rédaction de l’Internationale annonça avoir reçu des mises au point de Serraillier et de Lafargue (au témoignage duquel Marchand avait fait appel), mais refusa de publier leurs lettres parce que trop injurieuses.
Par la suite, Marchand fut arrêté à Gênes avec Eugène Protot, Émile Fontaneau, Alfred Morel, Jean-Baptiste Pillard et Marius Vieux (Marchand et Protot pour avoir pris part à la Commune, les quatre autres comme ayant pris part à l’insurrection de Marseille et « tous six membres de l’Internationale ». Arch. Nat. BB 30 / 1 171, rapports des 6 et 14 août 1873).
Marchand revint à Genève qu’il quitta en septembre 1874 pour Lausanne où il tint un commerce d’alimentation (vente à la criée de légumes, fruits, fromages).
En 1875, le 27 janvier, il fut au nombre des 54 Communards exilés qui signèrent un manifeste de quatre pages imprimées adressées Au Citoyen Garibaldi. (Archives Claris, IFHS)
En septembre-octobre 1875, Marchand était déclaré en faillite. Il revint alors à Genève (date indéterminée, antérieure à 1879), fut représentant de commerce, puis se lança dans le journalisme ; à partir de 1885, il publia chaque année le Vade-Mecum de la région du Léman, à la fois guide touristique (nombreux extraits de la Géographie de Reclus) et bottin publicitaire, ainsi que divers autres ouvrages du même genre. Il fut également collaborateur occasionnel du journal radical Le Genevois. De Genève, il avait participé aux campagnes électorales françaises. Resté fidèle jusqu’au bout au petit groupe des Communards établis à Genève, Marchand mourut à l’hôpital le 21 mars 1901.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article65293, notice MARCHAND Louis, Joseph, Gabriel, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 6 août 2021.

ŒUVRE : Aux Socialistes. Programme abstentionniste. Mai 1869. Signé : A. Bourgerat, A. Bagniard, R. Chatelain, E. Christe, Ch. Longuet, G. Maillard, L. Marchand, V. Milhes, E. Chemalé, etc... Bibl. Nat. Lb 56/2 237. — Y a-t-il toujours un terrain d’entente possible entre les radicaux et les socialistes en vue des prochaines élections ? Articles et opinions recueillis par L. Marchand, Paris, 1905, in-16 (Bibl. Nat. 8° Lb 57/14 317).

SOURCES : Articles nécrologiques (Tribune de Genève, 21 mars 1901, le Genevois, 20 et 23 mars 1901). — Archives d’État, Genève, Bureau des étrangers ; lettres de Moreau et Marchand, Fonds Fazy, vol. 20, Bibliothèque publique et universitaire, Genève (recherches de M. Vuilleumier). — Arch. PPo., B a/431, pièces 786 à 791. — La Première Internationale (J. Freymond), op. cit., t. II.

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