MARTINE Paul [MARTINE Pierre, Paul]

Né le 22 mars 1845 à Saint-Cloud (Seine-et-Oise), mort le 13 décembre 1913 à Asnières (Seine) ; professeur ; adhérent de l’AIT ; communard.

Sorti premier de l’École normale supérieure, reçu second à l’agrégation d’histoire-géographie en 1868, Paul Martine enseignait au collège Chaptal à Paris lorsque la guerre éclata. Artilleur pendant le Siège, il prit part aux « journées » des 3 et 31 octobre 1870, 22 janvier 1871. Il était lié d’amitié avec Benoît Malon, Charles Gérardin ; avec Émile Thomas aussi, qui lui fit connaître Rossel. C’est lui qui, membre du Comité révolutionnaire des Batignolles (XVIIe arr.), lui recommanda le futur général, puis l’accompagna à l’Hôtel de Ville et, pour que le chef de bataillon habite son quartier, lui offrit l’hospitalité.

Paul Martine fut nommé par la Commune membre de la commission municipale du XVIIe. — Voir P. Bonnefond. Dans cet arr., le 26 mars 1871, il obtint 3 111 voix sur 11 394 votants, et ne fut pas élu. Martine fut chargé, par la Commune, de présider le jury qui eut à organiser, en mai 1871, un concours de recrutement d’officiers d’état-major.
Martine appartenait à la section des Batignolles de l’Internationale (cf. Dict., t. IV, pp. 47-48).
Il fut condamné par contumace, le 13 mai 1874, par le 3e conseil de guerre, à la déportation dans une enceinte fortifiée.

Réfugié à Saint-Petersbourg, Martine fonda avec E. Lavigne un petit quotidien La Neva qui dura quatre mois (P. Dussac en était le correcteur). Il professa ensuite, ainsi que Dussac, dans différents gymnases (lycées) de la ville. Il obtint la remise de sa peine en 1879.
Il rentra en France après l’amnistie en 1880. Il put alors reprendre sa place parmi les cadres de l’instruction publique et enseigna durant trente années au lycée Condorcet. Il professa également à l’École normale supérieure de Fontenay, puis à celle de Saint-Cloud.
Patriote exalté, il se dressa contre l’élection de Jules Ferry à la présidence en 1887, fut boulangiste avec passion, puis viscéralement antisémite et anti-dreyfusard, et finit par s’éloigner toujours plus — quoique continuant à s’en réclamer — des valeurs pour lesquelles il avait combattu durant la Commune.
Vers la fin de sa vie, il entreprit la rédaction de ses mémoires. Le manuscrit en fut déposé à la Bibliothèque nationale après sa mort, survenue dans sa maison d’Asnières le 13 décembre 1913. Ce texte passionné et partial, mais d’une sincérité totale, fut publié en 1971 à l’occasion du centenaire de la Commune.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article65623, notice MARTINE Paul [MARTINE Pierre, Paul], version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 27 mars 2022.

ŒUVRE : Souvenirs d’un insurgé. La Commune, 1871, préface et notes de Jacques Suffel, Paris, Librairie académique Perrin, 1971.

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/858. — Arch. Min. Guerre, 3e conseil (n° 1656). — J.O. Commune, op. cit., 31 mars. — Murailles... 1871, op. cit., p. 399. — L. Descaves, Philémon..., op. cit., p. 305. — Notes de M. Cordillot.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable