MAY Gustave, Charles

Par Notice reprise et complétée par Michel Cordillot

Né à Paris le 23 janvier 1845 ; mort le 22 avril 1896 à New York ; demeurant à Paris, 41, rue Beaubourg, IIIe arr. ; négociant en pierres fines ; frère d’Élie May ; intendant général sous la Commune ; exilé aux États-Unis, blanquiste.

Pendant le Premier Siège, Gustave May participa à la journée du 31 octobre 1870, son bataillon assurant la garde rapprochée de Blanqui.

Le 27 mars 1871, il fut nommé par Eudes intendant général (cf. J.O. Commune, 1er mai). Gustave et son frère Élie, qui s’étaient associés, furent accusés de concussion et remplacés, le 2 mai, par Varlin, délégué par le Comité de Salut public. Celui-ci leur écrivit le 6 mai :
« Je suis heureux de pouvoir affirmer que je n’ai rien trouvé dans les actes de votre administration qui soit de nature à compromettre en rien votre honorabilité. »

Par contumace, le 6e conseil de guerre condamna les deux frères, le 31 août 1872, à la déportation dans une enceinte fortifiée.
Gustave May se réfugia à New York. Il y arriva avec son frère début septembre 1871. Ils furent interceptés par les douaniers américains, porteurs de diamants pour une valeur de 3390 dollars, et furent accusés de contrebande (voir la lettre d’explication parue dans Le Socialiste le 18 novembre 1871). Plus tard l’origine exacte de ces pierres allait être au cœur d’âpres controverses entre réfugiés.
Membre du premier noyau blanquiste en voie de constitution autour d’Edmond Levraud, il envisagea durant quelques temps de se lancer avec son frère et ce dernier dans le commerce de l’article de Paris et de la bijouterie de pacotille. Mais bientôt les relations se tendirent entre les frères May et les autres membres du groupe. Les accusations de corruption et de prévarication refirent surface, nourissant l’antisémitisme de certains de leurs accusateurs. On en arriva même à échanger des coups (« J’ai le pouce foulé d’avoir foutu sur la gueule de Gustave May " écrivait Mégy à Eudes le 2 février 1872)
Le 9 mars 1872, Élie repartit pour Londres. Il est vraisemblable que Gustave repartit avec lui puisque le 3 avril, ils participaient tous les deux dans cette ville, à une grande réunion tenue par les loges maçonniques anglaise. Le 10 juillet, Gustave repartait pour l’Amérique en compagnie de son frère. Il s’installa alors 657, 6e avenue.
En novembre 1872, il participa à la réunion qui se tint à Newark et au cours de laquelle fut décidé le lancement d’une souscription nationale en faveur des veuves et des orphelins des combattants de la Commune, et en fut élu secrétaire. Quelques semaines plus tard, il en fut élu, contre Benoît Hubert, trésorier national. Cette désignation provoqua alors une cascade de démissions dans le comité new yorkais et une tempête de protestations parmi les blanquistes, à la suite de quoi Mégy, Crosse et Thomas Jules appelèrent tous les communeux présents à New York à se réunir pour protester, réunion qui allait être à l’origine de la constitution de la Société des réfugiés. Lors de la deuxième réunion des réfugiés de la Commune, Gustave May était présent. Il semble qu’il ait déjà à ce moment fait l’objet d’une commission d’enquête dirigée par Bedouch (Le Socialiste, 10 novembre, 1er décembre 1872 ; 12 janvier 1873).
La polémique rebondit peu après, lorsque G. May envoya un premier versement équivalent à $437 à Lockroy à Paris, alors que ce dernier était tenu pour traître. Après un échange d’accusations et d’insultes entre G. May et C. Christenert, deux « jurys d’honneur » furent constitués (juin et novembre 1873) pour innocenter ce dernier. Toutefois le 17 janvier 1874, une première commission d’enquête mise en place par la Société pour décider de la véracité des accusations pesant contre G. May et son frère conclut à un non-lieu.
Entretemps, il semble que les frères May aient joué un rôle de premier plan dans le mouvement révolutionnaire de l’hiver 1873-74. Gustave était présent avec son frère lors des échauffourées de Tompkins square. L’un d’entre eux harangua aussitôt après les militants présents. Quelques jours plus tard, il fut élu secrétaire de la réunion au cours de laquelle fut décidée la constitution des milices armées d’autodéfense, et le 5 février il en fut nommé commandant de la 2e cie (avec Lorrain). Toutefois le mouvement tourna court. Gustave May demeurait alors, de même que son frère, 33 John street.
Les relations entre les frères May et les autres militants blanquistes ne s’améliorèrent pas pour autant. Au terme de plusieurs tentatives, Élie et Gustave May furent finalement exclus de la Société le 30 mars 1876 sur proposition de Dereure, « pour cause d’indignité », à l’issue d’une réunion extraordinaire tenue à Husch’s Hall sous la présidence de Fondeville, réunion à laquelle ils n’assistèrent pas. Cette décision ne fit pas l’unanimité, provoquant par exemple une protestation de Pottier et Marin.
Ceci n’empêcha pas Gustave May d’assister le 8 juillet 1877 à l’enterrement du docteur Parisel, avec qui il avait été très lié, et il lui revint de prononcer l’éloge funèbre du disparu lors de la cérémonie qui se tint au cimetière (New York Herald, 8 juillet 1877 et New York Sun, 9 juillet 1877).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article65870, notice MAY Gustave, Charles par Notice reprise et complétée par Michel Cordillot, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 30 juin 2020.

Par Notice reprise et complétée par Michel Cordillot

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/862, n° 5748. — Arch. Min. Guerre, 6e conseil — IFHS 14 AS 99 bis. — Arch. PPo., Ba/428 et B a/435 (rapport du 28 mai 1876) et B a/1177. — L’Actualité de l’Histoire, n° 6, janvier 1954 (Jean Maitron, « En dépouillant les archives du général Eudes »). — P.V. Commune, op. cit., t. II, pp. 39-43. — M. Cordillot, « Les Blanquistes à New York », art. cit. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.

ICONOGRAPHIE : Arch. PPo., B a/1177.

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