MILLOT Joseph

Par Michel Cordillot

Socialiste français installé à New York (États-Unis) ; relieur ; proudhonien, membre de l’Union républicaine de langue française et de l’AIT (tendance anticentraliste), puis du Socialistic Labor Party de tendance marxiste.

Millot habitait en 1872, 17 Wooster street à New York. Membre de l’Union républicaine de langue française, il fut élu secrétaire du Comité central new yorkais début juillet 1870. Adhérent à l’AIT dès sa fondation à New York, membre de la section 2, il en fut élu secrétaire et fut à ce titre l’un des signataires avec Fouquet, Hubert et Charnier du premier document commun rédigé par les sections 1 et 2 le 16 octobre 1870. Membre en août de l’année suivante du Comité central pour l’Amérique du Nord, il y représenta la section 14 de Saint Louis et signa à ce titre la protestation contre la dissolution du Comité central le 19 novembre 1871. S’étant rapproché des anticentralistes, il signa l’appel à la manifestation organisée à Cooper Institute le 10 décembre (elle n’eut finalement lieu que le 17) à la mémoire de Ferré, Bourgeois et Rossel. Peu après, il fut l’un des organisateurs de la collecte organisée par les sections françaises de l’AIT en faveur des grévistes de Mouthey (Suisse).
Pour Sorge, Millot, de même que Laugrand, Hubert ou Debuchy, était alors un proudhonien indécrottable (Lettre à Engels, 17 avril 1872). Ce qui ne l’empêcha pourtant pas d’être pratiquement le seul Français à se rallier publiquement au projet annoncé par la féministe socialiste américaine Victoria Woodhull de lancer son Party of the People en mai 1872.
S’étant rapproché des blanquistes qui exerçaient alors au sein des sections françaises de l’AIT une influence prépondérante, Millot fut l’un des membres du Comité de Salut Public constitué en décembre 1873 à New York dans le cadre du mouvement des chômeurs, et il semble avoir été au nombre des éléments les plus déterminés à ne pas refuser l’affrontement physique avec la police au lendemain des échauffourées de Tompkins square (janvier 1874). Une correspondance du consul français de New York lui prêtait le discours suivant, prononcé à l’occasion d’une réunion de militants révolutionnaires français le 4 février : » Nous prendrons la justice en mains et nous l’administrerons avec des fusils et des baïonettes. Nous avons déjà des armes, nous trouverons du pétrole et nous l’utiliserons comme nous l’avons fait à Paris. " Par ailleurs, il était toujours en 1874 lecteur du Bulletin de l’Union républicaine, dont la ligne était nettement plus modérée. En 1876, T. Millot fut l’un des premiers à souscrire à la Tribune populaire de Boisset, publiant même une contribution dans le premier numéro paru (Étoile du Kansas, 1er avril 1876).
À l’occasion de l’Exposition universelle de Philadelphie en 1876, Millot reçut la visite du délégué parisien Wynants, ancien compagnon et ami de Varlin, qu’il guida et mit au courant de la situation des ouvriers américains.
En 1878, Millot était l’un des dirigeants à New York de l’unique section de langue française du Parti Socialistic Labor Party ; il résidait à cette époque 128 Wooster street. En 1883, Théophile Millot était sans doute toujours actif au sein de ce parti. Il fut en effet invité à prendre la parole aux côtés de Drury, Swinton, Douai, McGuire, Most, et autres, lors de la cérémonie organisée au Cooper Institute à la mémoire de Karl Marx au lendemain de sa mort.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article66328, notice MILLOT Joseph par Michel Cordillot, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 4 mars 2020.

Par Michel Cordillot

SOURCES : Arch. Aff. étrang., correspondance politique des consuls, vol. 40, consul de New York, 4 mars 1874. — Le Socialiste et le Bulletin de l’Union républicaine, passim. Woodhull and Claflin’s Weeekly, 6 avril 1872. — Max Nettlau, Anarchisten und Sozialrevolutionäre, Brême, Impuls Verlag, s.d., p. 398. — M. Cordillot, « Les Blanquistes à New York », art. cit.

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