MOREAU Émile, André (ou MAUREAU ?), dit Le Dominicain

Né le 11 juillet 1836 à Fontainebleau (Seine-et-Marne) ; mort à Paris, à l’hôpital Saint-Antoine, le 16 août 1879. Il exerça des professions variées, fut « placier, bricoleur plutôt », et servit la Commune de Paris à la tête d’un bataillon. Il aurait appartenu à l’Internationale.

Fils de manouvrier, il avait été tour à tour couvreur, puis crieur en fruits et volailles aux Halles de Paris. Il habitait en dernier lieu, 7, rue Neufchâteau, XIIIe arr. Il était marié.
Durant la guerre, il aurait servi de secrétaire à Garibaldi. Après comme avant le 4 septembre 1870, il milita dans les rangs de l’opposition et prit part, aux côtés des blanquistes, aux réunions des clubs de la rive gauche et à la journée du 31 octobre : il était entré l’un des premiers à l’Hôtel de Ville en brisant les carreaux, Beslay lui faisant la courte échelle.

Après le 18 mars 1871, il commanda en chef le 138e bataillon de la Garde nationale (un des bataillons du quartier Mouffetard) et s’y montra actif démocrate : il avait obtenu, mesure très populaire parmi les chiffonniers qui constituaient le gros de son effectif, qu’au jour de la paie tous les salaires d’officiers et de soldats soient réunis en une masse que l’on répartissait au prorata des charges de famille. « De taille moyenne, le front bombé, les yeux gris, la barbe rare, la tête enfoncée dans des épaules étroites, Moreau ne payait pas de mine. Ceux qui l’ont connu m’ont raconté qu’il était à la fois emporté et bon » (M. Vuillaume, op. cit.).
Il fut blessé en mai à la Butte-aux-Cailles, un testicule traversé d’une balle ; toutefois, il put se réfugier à Montereau chez sa mère, et de là regagner la Suisse à petites étapes, en voiture ou même à pied, sous un costume de paysan.

Il gagna sa vie comme ouvrier horloger, à Genève d’abord (fin 1871), puis à la Chaux-de-Fonds (janvier 1872). Le 6e conseil de guerre instruisit son cas à la même époque et le condamna par contumace, le 17 février 1872, à la peine de mort : non seulement pour sa notoriété, pour les fonctions occupées, mais parce qu’on l’accusait d’avoir donné l’ordre d’arrêter les Dominicains d’Arcueil après que ses hommes eurent surpris des signaux en direction des troupes de Versailles (il se vanta, dès son arrivée à Genève, d’avoir fait fusiller les Dominicains « malgré Serizier », disait-il). La France demanda son extradition et il gagna Neuchâtel où l’accueillit son ami Beslay, puis Londres. Il y poursuivit ses activités malgré une santé défaillante : membre de la société d’inspiration blanquiste « les 44 d’Islington » (?) trésorier, en 1878, du Comité londonien des réfugiés, il était installé marchand de vins. La police française suivait ses démarches, aboutissant parfois à des informations contradictoires. À sa mort, il n’était toujours pas amnistié et il semble être rentré en France juste pour y mourir.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article66650, notice MOREAU Émile, André (ou MAUREAU ?), dit Le Dominicain, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 30 juin 2020.

SOURCES : Arch. PPo., B a/1192. — Vuillaume, Mes Cahiers rouges, op. cit. — Arch. Nat., BB 24/862, n° 5168. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.

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