NARDY Charles

Par Michel Thébault

Né le 14 avril 1842 à Bourganeuf (Creuse) ; maçon de la Creuse ; garde national de Paris ; communard, déporté en Nouvelle-Calédonie.

Charles Nardy était le fils de Jean Nardy cultivateur âgé de 36 ans et de Marie Meneix, domiciliés au lieu-dit Puy Saint Jean commune de Bourganeuf. Il fut orphelin à 9 ans au décès de son père Jean Nardy le 15 décembre 1851 à Bourganeuf. Il devint maçon de la Creuse, une migration saisonnière qui culmina au XIXe siècle et qui voyait chaque année, les migrants quitter leur village pour travailler sur les grands chantiers de Paris. En 1870 - 1871, marié avec Marie Fanton et père d’une petite fille, il résidait à Paris pour la saison des chantiers, 10 Rue du Pot de Fer Saint-Marcel dans le quartier du Val de Grâce (Ve. arr.). La plupart des chantiers étant arrêtés fin 1870 et en 1871 à Paris, beaucoup de migrants, en particulier des maçons de la Creuse comme Charles Nardy, s’engagèrent, comme les ouvriers parisiens, dans la Garde Nationale par conviction politique et faute de travail (les gardes percevaient une solde de un franc cinquante par jour). Pendant le 1er Siège, il fit partie de la 1re compagnie sédentaire du 163e bataillon de la Garde nationale appartenant à la Ve Légion, du Ve arrondissement de Paris, et continua son service après le 18 mars 1871 ; fin avril, il fut contraint d’entrer dans une compagnie de marche. Il fut arrêté à Belleville le dimanche 28 mai 1871 au dernier jour de la semaine sanglante.
 
Emprisonné dans l’attente du jugement, il fut traduit le 18 avril 1872 devant le 24e Conseil de guerre siégeant au Mont Valérien. Le rapport de police préalable au jugement le prétendait « illettré et d’une intelligence au-dessous de la moyenne ». Il fut reconnu coupable “de port d’armes apparentes, étant revêtu d’un uniforme militaire dans un mouvement insurrectionnel à Paris en 1871”. Il fut condamné, à la déportation simple. Le jugement ayant été confirmé par le Conseil de révision de Paris le 18 juin 1872, il embarqua le 8 mai 1873 au fort de Quelern en rade de Brest où il avait été incarcéré sur le transport à vapeur Le Calvados. Il parvint en Nouvelle Calédonie le 27 septembre 1873 et fut interné à l’île des Pins le 3 octobre. Son épouse Marie Fanton mourut pendant sa détention à Croissy-sur-Seine (Seine-et-Oise, aujourd’hui Yvelines) le 19 juin 1874, et sa petite fille confié à un oncle paternel à Bourganeuf. Sa peine fut commuée par jugement du 2 août 1876 en 7 ans de détention et il fut rayé de tout contrôle en Nouvelle Calédonie le 26 janvier 1877, jour de son embarquement pour la France à bord du Navarin.
 
Il reprit son métier de maçon et se remaria le 11 novembre 1882 à Levallois-Perret (Seine, aujourd’hui Hauts-de-Seine) où il était alors domicilié 79 rue du Bois, avec Marie Gaillard, couturière, domiciliée à Paris rue Mouffetard, mais originaire de Creuse où elle était née à Champagnat le 7 décembre 1844. Elle était veuve de François Favard décédé à Lavaveix-les-Mines (Creuse) le 22 mars 1875.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article66998, notice NARDY Charles par Michel Thébault, version mise en ligne le 26 septembre 2022, dernière modification le 26 septembre 2022.

Par Michel Thébault

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/781 et BB 27. — Arch. Dép. Creuse et Hauts-de-Seine (état civil). — Arch. Nat. Outre-Mer (ANOM) COL H 94. — Jean-Claude Farcy, La répression judiciaire de la Commune de Paris : des pontons à l’amnistie (1871-1880). — Stéphane Trayaud, Oubliés de l’Histoire, les Limousins de la Commune de Paris, Mon Petit Éditeur, 2012. — Site internet Les Maçons de la Creuse, annuaire général. — Note de Louis Bretonnière.

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