NOILET Joseph

Par Michel Thébault

Né le 9 octobre 1838 ou 1839 à Guéret (Creuse) ; maçon de la Creuse ; garde national de Paris ; communard déporté en Nouvelle-Calédonie.

Joseph Noilet déclara après son arrestation en mai 1871 être né de père inconnu et de Jeanne ou Jeannette Noilet le 9 octobre 1839. Il n’a pas été possible de retrouver dans le registre des naissances de Guéret de 1839 l’acte de naissance précis de Joseph Noilet. Par contre le registre des naissances de l’année 1838 comporte à la date du 10 octobre l’acte suivant : « Le 9 octobre 1838 à 3 heures du soir a été déposé au berceau de l’hospice, un enfant du sexe masculin, âgé d’une heure, ployé dans de mauvaises compresses, lui avons donné le nom de Joseph Lamisère et inscrit sous le numéro 704 du collier et avons ordonné qu’il soit remis à l’hospice ». Joseph Noilet (il aurait pris ensuite le nom de sa nourrice ?) fait peut-être partie des nombreux enfants abandonnés confiés à l’hospice de Guéret. A titre d’exemple le registre des naissances de la ville pour 1838 comprend sur 207 naissances enregistrées 116 enfants naturels (soit 56%) presque tous abandonnés à l’hospice. Ces enfants naturels étaient ensuite pris en charge par des nourrices établies dans les communes creusoises qui proposaient leurs services sur recommandation du maire et étaient indemnisées par les hospices. Ces enfants en nourrice portaient un collier ou une boucle d’oreille où se trouvait inscrit le numéro de matricule tiré du registre de l’hospice. A l’âge de 12 ans, ces enfants étaient placés en apprentissage. Joseph Noilet devint comme beaucoup de jeunes Creusois maçon de la Creuse, migrant saisonnier (chaque année, les migrants quittaient leur village pour travailler sur les grands chantiers de Paris). En 1870 – 1871, célibataire, âgé de 32 ans, il était domicilié à Paris 10 Rue des Jardins Saint-Paul dans le quartier Saint-Gervais (IVe arr.).
 
La plupart des chantiers étant arrêtés en 1871 à Paris, beaucoup de migrants s’engagèrent, comme les ouvriers parisiens, dans la Garde Nationale par conviction politique et faute de travail (les gardes percevaient une solde de un franc cinquante par jour). Pendant le 1er Siège, il fit partie de la 4e compagnie de marche du 150e bataillon de la Garde nationale et continua son service après le 18 mars 1871 ; il toucha sa solde jusqu’au 28 mai. Il alla à Vanves, cinq à six jours, à Issy quatre jours, puis revint à Vanves dans le courant de mai ; du 21 au 25 mai, il était à Gentilly ; il fut fait prisonnier à Belleville le dimanche 28 mai 1871 au dernier jour de la semaine sanglante. Il fut cité à l’ordre de la Commune pour son comportement pendant les combats.
 
Il déclara lors des interrogatoires que sa mère était cuisinière de la comtesse de Brévannes depuis quinze ans et sa sœur dans un couvent. Il fut jugé le 6 mai 1872, par le 7e conseil de guerre siégeant à Saint-Germain-en-Laye et fut reconnu « coupable d’avoir, faisant partie de bandes armées réunies pour commettre le crime mentionné à l’article 87, été saisi sur le lieu de la réunion séditieuse ; d’avoir dans un mouvement insurrectionnel à Paris porté des armes apparentes et revêtu d’un uniforme militaire étant porteur d’armes ». Il fut condamné à la déportation simple. Il fut embarqué le 28 septembre 1872 au fort de Quélern en rade de Brest sur le transport à vapeur Le Navarin et parvint le 9 février 1873 en Nouvelle Calédonie, débarqué le 17 février au centre de détention de l’Île des Pins. Sa peine fut commuée le 11 juillet 1877 en 7 ans de détention et il embarqua le 18 février 1878 à bord du Navarin pour se rendre en France y subir sa nouvelle peine avant d’être totalement gracié en 1879.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article67185, notice NOILET Joseph par Michel Thébault, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 27 septembre 2022.

Par Michel Thébault

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/747 et BB 27. — Arch. Dép. Creuse (état civil). — Arch. Nat. Outre-Mer (ANOM) COL H 94. — site internet, base de Jean-Claude Farcy, La répression judiciaire de la Commune de Paris : des pontons à l’amnistie (1871-1880). — Stéphane Trayaud, Oubliés de l’Histoire, les Limousins de la Commune de Paris, Mon Petit Éditeur, 2012.— Note de Louis Bretonnière.

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