Par Michèle Audin
Née le 29 juillet 1839 à Lyon ; communarde.
Née Marie Émilie Barral dans une famille d’ouvriers lyonnais, elle a épousé, toujours à Lyon, le 3 octobre 1863, Jean-Baptiste Noro, ouvrier peintre sur verre.
Elle a été arrêtée le 25 mai 1871 chez elle dans l’Île-Saint-Louis, emmenée à la cour martiale du Châtelet, d’où elle a été envoyée à Versailles. Après quelques jours à Satory, elle a été conduite à la prison des Chantiers, où elle a subi, comme beaucoup d’autres femmes et d’enfants, les mauvais traitements infligés par le lieutenant Marcerou. Après plusieurs semaines d’emprisonnement, elle a été libérée an août avec un non-lieu. Elle a rejoint son mari à Genève.
Émilie Noro est l’auteure de ce qui est sans doute le tout premier article de presse consacré à Louise Michel, dont elle avait fait la connaissance à la prison des Chantiers, paru dans L’Égalité (de Genève) datée du 24 décembre 1871.
Les Noro étaient assez bien intégrés dans la proscription communaliste, puisque Eugène Razoua et Eugène Protot ont accompagné Noro déclarer la naissance de leur fils Charles Armand né le 30 avril 1873. Dans la même période, son mari a eu aussi des enfants avec Paule Minck.
Après l’amnistie des communards, elle a participé, au moins par une lettre publiée par L’Intransigeant du 17 août 1880, aux accusations portées contre le lieutenant Marcerou. C’est sans doute à ce moment qu’elle a écrit ses souvenirs de détention, qui ont été publiés par Les Temps nouveaux dans une série d’articles, du 11 janvier au 10 mai 1913, et qui ont aussi été traduits en roumain.
Plus tard, elle et son mari sont allés à Alger, puis à Sfax.
Elle est venue en région parisienne en 1897, ou elle a assisté au mariage de son fils, à Guerville (au bord de la Seine en aval de Mantes) le 27 mai 1897. C’est certainement au cours de ce voyage qu’elle a répondu aux questions de la Revue blanche, où elle est l’unique femme interrogée, à part Louise Michel, et où elle apparaît sous le nom de Mme N*.
Elle est morte à Tunis en 1910.
Par Michèle Audin
ŒUVRE : Émilie Noro dans les prisons versaillaises, témoignage publié en 1913 dans Les Temps nouveaux, republié par Michèle Audin en 2019 ; traduction en roumain : "Vae victis", memoriile unei detinute din închisoarea chantiers din Versailles, arestată de cătră armata de sigurant̡ă pentru crima că iera nevasta unui comandant al comunei, Bucuresti, s.d., in-32, 67 p., Bibl. Nat. 8° Lb 57/18314.
SOURCES : IFHS, correspondance reçue par Jean Grave. — La Revue blanche, 1er avril 1897. — Notes de Pierre Nourissier.