PARISEL François, Louis

Par Notice revue et complétée par Michel Cordillot

Né le 15 octobre 1841 à Lyon-Guillotière (Rhône) ; mort le 5 juillet 1877 à Newark (New Jersey, États-Unis) ; docteur en médecine ; élu membre de la Commune de Paris ; exilé aux USA, militant dans les principales organisations socialistes francophones, puis membre du Workingmen’s Party of the United States après la disparition de l’AIT.

Établi à Paris, 12, avenue de La Motte-Picquet (XVe arr.), il était à la fois médecin et pharmacien et l’on parlait à propos de sa maison de « pharmacie populaire ». Il ne semble pas s’être signalé avant 1870.
En tant que délégué des vingt arrondissements, il fut un des signataires de l’Affiche rouge du 6 janvier 1871, proclamation au peuple de Paris pour dénoncer « la trahison » du gouvernement du 4 septembre et pour mettre en avant trois mots d’ordre : Réquisition générale, rationnement gratuit, attaque en masse. Elle se terminait par ces mots : « Place au peuple ! Place à la Commune ! » Voir Ansel.

Chirurgien-major du 106e bataillon de la Garde nationale, Parisel fut élu dans le VIIe arr. de Paris, membre de la Commune, le 26 mars 1871, avec 3 367 voix sur 5 065 votants et 22 092 inscrits. Le second élu, Ernest Lefèvre, avait 2 859 voix ; le troisième, Raoul Urbain, 2 803 voix ; le quatrième, Antoine Brunel, 2 163 voix. Il fut, à la première séance, rapporteur à la commission des élections.
Membre de la commission des subsistances le 29 mars, délégué au ministère du Commerce le 2 avril, il revint le 21 avril à la commission des subsistances, puis fut nommé le 2 mai à la Délégation scientifique. Dès la deuxième séance, le 29 mars, il demandait « qu’on fasse appel à la province », et suggérait, le 22 avril, qu’on envoie hors Paris des délégués chargés de répandre le manifeste destiné à la province et de rendre compte de ses effets ; le 16 avril, il avait présenté un projet suspendant les échéances jusqu’à trois mois après la guerre ; le 22, il proposait la création d’une commission scientifique s’occupant des poisons, des moyens de destruction, des aérostats, des produits alimentaires — celle-là même dont il fut chargé en mai. Ce même jour, il déposa devant la cour martiale — Voir Witt Jean-Baptiste. Le 3 mai, il proposait de transformer la maison des Jésuites, rue Lhomond, en un asile de vieillards dont la direction serait confiée à la mère de Noury, déporté à dix-huit ans pour l’exécution du général Bréa. Le 8 mai, Parisel souhaitait qu’une commission de trois membres, dite « de l’initiative des réunions publiques », soutienne devant la Commune les propositions des clubs et réunions publiques.

Par contumace, le 5e conseil de guerre le condamna, le 31 juillet 1872, à la peine de mort.
C’est déguisé en prêtre que Parisel parvint à quitter Paris au lendemain de la Semaine sanglante et à se réfugier en Angleterre. Depuis Liverpool, où il avait tenté sans succès d’ouvrir un cabinet médical, Parisel gagna New York, où il s’installa chez les frères Élie et Gustave May. Dans un premier temps, il travailla dans une fabrique de savon, recevant pour tout salaire $6 par semaine. Bien vite il abandonna ce travail ingrat, pour en revenir à l’exercice de la médecine. Début mai 1872, il donnait des consultations à son domicile, 23 Wooster str. (adresse de C. Christenert).
Il ne tarda guère à rejoindre les rangs des socialistes franco-américains. En septembre 1872, à l’occasion d’une réunion destinée à commémorer l’anniversaire de la Première République, il prit la parole pour défendre le bilan de la Commune. Il participa également à la réunion qui se tint à Newark (New Jersey) en novembre pour décider du lancement d’une souscription nationale en faveur des veuves et des orphelins des combattants de la Commune, versant personnellement $1. Il fut encore l’un des artisans de la fondation de la Société des réfugiés de la Commune.
Une année après son arrivée aux États-Unis, il s’installa comme médecin à Newark. Responsable de la section locale de la Société des réfugiés de la Commune, c’est aussi en tant que défenseur des frères May qu’il fut appelé à participer à la Commission d’enquête mise sur pied par la Société pour vérifier la validité des accusations lancées par Mégy contre les deux frères. On sait que ladite commission décida qu’elle ne pouvait pas se prononcer faute de preuve le 17 janvier 1874. Correspondant du Bulletin de l’Union républicaine, il écrivit également des articles scientifiques pour la Gazette des hôpitaux de Paris.
En 1875, Parisel collecta une petite somme pour les déportés de Nouvelle-Calédonie, et l’année suivante, il fut l’un des organisateurs de la commémoration à Newark de l’anniversaire de la Commune Cette manifestation produisit $54 de bénéfice, qui furent remis à Eugène Pottier, trésorier de la Société des réfugiés.
Lors de la constitution du Workingmen’s Party of the United States en juillet 1876 (au lendemain de la dissolution de l’AIT), Parisel fut un des rares socialistes français (avec Charles Marin) à devenir membre de ce parti ouvrier anglophone, qui fut aussi le premier parti se réclamant du marxisme fondé aux États-Unis. À ce titre, il fit partie de la délégation qui accueillit à leur arrivée à New York les délégués français à l’exposition de Philadelphie.
Accusé de chantage par une jeune fille allemande en avril 1877, il fut acquitté à l’unanimité. Mais moralement très affecté par cette affaire, il mourut à l’âge de 36 ans le 5 juillet 1877 à Newark. Il fut porté en terre dans un cercueil drapé de rouge en présence de plus de 200 amis, parmi lesquels les journalistes notèrent la présence de Pottier et Marin (qui firent des discours au cimetière), Grolard, Latour, Fort, Élie et Gustave May, Seguin, Bedouch, Laya, etc.
Parisel fut l’un des trois élus à la Commune exilés aux États-Unis, les deux autres étant E. Pottier et Dereure S..

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article67547, notice PARISEL François, Louis par Notice revue et complétée par Michel Cordillot, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 17 octobre 2022.

Par Notice revue et complétée par Michel Cordillot

SOURCES : Arch. Min. Guerre, 5e conseil (n° 594). — Arch. PPo., B a/435 (rapport du 28 mai 1876 et listes de contumaces. — P.V. Commune, op. cit. — J.O. Commune, 31 mars. — J. Clère, Les Hommes de la Commune, op. cit. Le Socialiste, passim. — Bulletin de l’Union républicaine, passim.The Socialist, 15 juillet 1876. —New York Herald, 8 juillet 1877. — New York Sun, 9 juillet 1877. — Bruhat, Dautry, Tersen, Histoire de la Commune, op. cit.

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