MILLY Pierre, André

Pierre Milly était le fils de Jules Milly, ouvrier à la Compagnie des chemins de fer de l’Est, et de Jeanne Kœhl, sans profession. Après la Première Guerre mondiale, Jules Milly vint travailler aux ateliers des chemins de fer de Mohon (Ardennes). Il s’installa avec sa famille dans la ville voisine de Villers-Semeuse dont il fut conseiller municipal socialiste SFIO d’octobre 1919 à mai 1925.
Après l’obtention du certificat d’études primaires et trois années d’apprentissage à la Compagnie des chemins de fer, Pierre Milly devint menuisier. Il débuta aux ateliers de Mohon comme ouvrier en 1935. Le 26 octobre 1938, à Villers-Semeuse, il épousa Georgette Rennesson, employée de bureau aux coopérateurs de Lorraine ; de cette union naquirent deux garçons et une fille.
Le 2 septembre 1938, Pierre Milly fut incorporé au 91e Régiment d’infanterie à Mézières (Ardennes). Pendant la Seconde Guerre mondiale, il participa avec sa compagnie à la bataille de Stonne (Ardennes) en mai 1940. Il fut capturé par les Allemands le 18 juin à Fromenteau (Côte-d’Or) et interné au Fronstalag 192 à Laon (Aisne). Il fut libéré le 7 mars 1941 et reprit son activité professionnelle aux ateliers de Mohon. Le 11 novembre 1943, il fit partie des cheminots qui cessèrent le travail pendant une heure, à l’initiative du syndicat CGT clandestin auquel il appartenait. Il se distingua aussi avec ses camarades cheminots par des sabotages de matériel en janvier 1944.
À la Libération, Pierre Milly avait adhéré au Parti communiste à Villers-Semeuse. Il entra au comité fédéral des Ardennes lors de la 8e conférence fédérale des 27 et 28 avril 1946. Il fut élu secrétaire fédéral à la propagande par la 9e conférence fédérale des 14 et 15 juin 1947. A ce titre, il fut délégué au 11e congrès national du PCF qui se tint à Strasbourg du 25 au 29 juin 1947. Il abandonna sa fonction en 1948 pour mieux se consacrer à son mandat électif.
En effet, Pierre Milly avait été élu conseiller municipal de Villers-Semeuse au scrutin d’avril-mai 1945. Aux élections municipales d’octobre 1947, la liste présentée par le Parti communiste remporta tous les sièges : Pierre Milly, réélu conseiller municipal, devint deuxième adjoint au maire Louis Jolly. En novembre 1948, suite à la grève générale dans les houillères, Milly fut suspendu de sa fonction pendant un mois, avec le maire Jolly et le premier adjoint Félix, pour s’être élevé contre la mort du mineur Barbier tué par les CRS et pour avoir appelé la population de Villers-Semeuse à tout mettre en œuvre afin d’aider les mineurs et d’héberger leurs enfants. Réélu au scrutin municipal de 1953, Milly demeura deuxième adjoint. Il ne se représenta pas aux élections municipales de 1959. Il reprit toutefois du service lors de l’élection municipale complémentaire du 29 octobre 1961. Il conduisit la liste présentée par le Parti communiste pour affronter celle du maire sortant démissionnaire Louis Jolly qui avait rompu avec le PCF : Milly et ses colisiters furent battus en recueillant 18 % des suffrages exprimés.
Pierre Milly était délégué du syndicat CGT aux ateliers de Mohon. En octobre 1948, il participa aux grèves qui paralysèrent les centres ferrovières ardennais de Charleville, Mohon, Lumes et Amagne. Il fit partie des quarante-huit cheminots inculpés d’entrave à la liberté du travail qui comparurent devant le tribunal correctionnel de Charleville le 1er juin 1949. Le jugement rendu le 29 juin condamna sévèrement vingt-et-un grévistes ; vingt-sept dont Milly furent acquittés au bénéfice du doute.
Pierre Milly partit à la retraite en 1973 après avoir gravi les échelons à la SNCF : d’abord menuisier, il devint visiteur, puis chef d’équipe. Il vécut à Villers-Semeuse où il fut inhumé.