MOCH François, Félix, Émile

Par Justinien Raymond

Né le 22 janvier 1900 à Paris (XVIIe arr.), mort le 5 juin 1986 à Paris (XVe arr.) ; ingénieur cheminot ; militant socialiste de la Seine ; résistant.

François Moch, frère cadet de Jules Moch*, fit ses études secondaires au lycée Janson-de-Sailly et entra à l’École polytechnique en 1918. Il suivit le séminaire de Hadamard au Collège de France en 1921-1922. Il fut ingénieur aux chemins de fer de 1922 à 1964 sauf l’interruption de 1941 à 1944 où il fut victime des lois antijuives. Marié en 1927 à Suzanne Cahen (1901-1968), ils eurent deux enfants, Gilbert (1928) et Jacqueline (1930). Sa femme partageait ses convictions et milita toujours à ses côtés.
C’est à la fin de 1932 que tous deux demandèrent leur adhésion à la 5e section de Paris du Parti socialiste SFIO. Ils y furent poussés par la crise économique et sociale, la montée de l’hitlérisme et la menace de guerre. François Moch avait étudié l’évolution des systèmes économiques, étude qui parut dans trois numéros consécutifs de X-Crise (novembre 1933 à janvier 1934) : « Sans être acquis aux idées de Marx (...) son analyse des crises capitalistes lui paraissait valable en première approximation et pour la situation des années trente, et les solutions socialistes lui semblaient adéquates. » Sur le plan purement politique, c’est l’évolution intérieure du Parti socialiste, la défaite de la tendance néo-socialiste de Déat et Renaudel qui le décidèrent à adhérer à la SFIO.
François Moch n’avait aucun goût pour l’action électorale. Son action militante fut surtout d’ordre idéologique. Il assura le secrétariat de l’Union des techniciens socialistes (UTS) de sa création jusqu’en janvier 1938 date à laquelle il fut nommé à Reims. L’UTS avait pour mission de préparer les textes de lois (en particulier les nationalisations) qu’un gouvernement socialiste présenterait aux Chambres, soit que le parti l’invitât à les étudier, soit qu’elle les proposât au parti. Elle devait en même temps publier une revue et des brochures de propagande. Les brochures étaient éditées sans nom d’auteur, sous le titre : « Parti socialiste (SFIO)-Union des techniciens socialistes. » La première, en juillet 1937, préfacée par Bracke et intitulée « Les conseils de travailleurs » était l’œuvre de François Moch. Au cours des années 1933-1936, il fut un des délégués de la 5e section socialiste dans les pourparlers menés avec radicaux et communistes. Avec Paul Rivet*, il siégea au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. En 1934, il adhéra à la CGT. Nommé à Reims le 1er janvier 1938, François Moch adhéra à la section de Reims et y milita sous la signature F. Clary, défendant les positions de la Gauche révolutionnaire, dans une feuille socialiste locale, mais il n’alla pas jusqu’à quitter le Parti socialiste lorsque cette tendance fut exclue par le congrès de Royan (1938).
Mobilisé en septembre 1939 comme commandant d’une compagnie de sapeurs des chemins de fer, il fut démobilisé en juillet 1940 dans le Lot-et-Garonne. Il rejoignit le Réseau de l’Est à Paris où il fut mis sur à l’écart en attendant d’être mis à la retraite en juin 1941 par la législation antijuive de Vichy. Ayant pris contact avec Amédée Dunois*, il participa à la reconstitution du Parti socialiste clandestin sous le nom de Comité d’action socialiste. Ayant rejoint sa famille à Toulouse, il travailla avec son frère à un rassemblement des résistants de gauche en zone sud (« Groupes 93 »). Il était l’homme des « contacts » et son appartement un lieu de rencontres. François Moch gagna Clermont-Ferrand fin 1941, pour travailler aux Laboratoires radio-électriques. Il mit là en contact les MUR (Mouvements unis de Résistance) et les cheminots. Lors de l’occupation de la zone sud, il se réfugia un temps dans la Creuse. En février 1944, il gagna Paris pour travailler avec Georges Defferre : il assura la liaison entre les représentants de De Gaulle et les dirigeants de la Résistance des cheminots. Avec Daniel Mayer, secrétaire du PS clandestin, François Moch travailla à la rédaction d’un programme d’action immédiate du Parti socialiste : « S’unir pour agir » qui fut ronéoté le 15 août 1944. Le 20 août, il se joignit au groupe qui occupait le journal le Matin pour y publier le Populaire dont le n° 1 fut vendu le 22 août. Son nom de résistance était F. Maury. Ses articles politiques étaient signés F. Clary ou F. Lefrançois.
La Libération venue, François Moch travailla à la reconstruction du Réseau de l’Est (1944-1947), participa à Marseille à une tentative de décentralisation de la SNCF (1947-1952) puis regagna Paris. Il continua à militer avec sa femme. Tous deux furent délégués au congrès national extraordinaire des cadres des Fédérations socialistes reconstituées dans la Résistance, à la Mutualité (9-12 novembre 1944). François Moch y défendit une motion ouvrant le Parti socialiste « aux croyants enthousiastes rencontrés dans la lutte clandestine », motion que le congrès refusa. Il donna une collaboration active à la Revue socialiste.
Peu satisfaits de l’orientation que prenait le Parti socialiste, François et Suzanne Moch cessèrent de cotiser lors de l’expédition de Suez.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article6787, notice MOCH François, Félix, Émile par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 22 février 2012.

Par Justinien Raymond

SOURCES : Renseignements recueillis auprès de F. Moch. — Brochures citées.

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