BÉGUIER François, Louis, Alix

Par Bernard Charles

Né le 30 août 1913 à Pourrain (Yonne), mort le 16 mars 1994 à Lyon ; cadre à la SNCF ; militant des Unions chrétiennes de jeunes gens (UCJG).

François était le fils d’Émile Eugène Béguier, médecin de campagne à Pourrain, petit village bourguignon situé entre Auxerre et Toucy, et de Marguerite Labatt de Lambert, issue de la bourgeoisie protestante parisienne. À la mort prématurée de son père, François Béguier dut, à seize ans, abandonner ses études secondaires.
En 1930, sur les conseils de son frère aîné, médecin à Paris, la mère de François ouvrit une pension de famille à Villefranche-sur-Mer (Alpes-Maritimes) pour y accueillir des personnes en convalescence. François Béguier, désemparé par cette nouvelle vie, fut placé en apprentissage à Nice dans les métiers de l’hôtellerie de luxe (au Negresco). Il épousa en mars 1935 Anna-Kristina Becker dit Christelle, née à Cologne et arrivée en France en 1933, dont il eu un fils. Il ne montrait guère d’intérêt pour les activités de l’hôtellerie et quitta ce milieu professionnel pour entrer en 1937 à la nouvelle Société nationale des chemins de fer, en gare de Monaco. Au cours de ces années, il rencontra Lucien Pommerais, originaire de Rouen (Normandie), jeune officier de carrière et membre des Unions chrétiennes de jeunes gens (UCJG) à Nice, où il fut présenté et admis.
Après sa démobilisation en juin 1940 sur le front italien, François Béguier reprit ses activités de cheminot pour être affecté de 1940 à 1943 à la gare de Martigues-Caronte, près de Marseille. À la suite de plusieurs examens professionnels réussis, il fut admis à Lyon, à l’école de formation des inspecteurs des chemins de fer. Grièvement blessé le 26 mai 1944 lors des bombardements de la ville et après une longue et pénible convalescence, il reprit fin 1945 ses activités professionnelles à Lyon.
À partir de cette époque, il s’engagea plus activement au sein des UCJG et au sein du christianisme social, nourri par son ami, tuteur et parrain, le pasteur Maurice Voge. Visiteur des prisons de Lyon aux côtés du pasteur-aumônier Armand Vernier, il exercera cette mission pendant plus de quarante ans. Il fut le président de l’UCJG de Lyon, qui pratiquait un certain nombre d’activités, telles que l’art dramatique et des tournées régionales sous la conduite de Pierre Desgranges ; le ciné-club pour enfants et adultes, animé par Louis Novel (un instituteur) ; le Stade unioniste lyonnais qui participait aux compétitions départementale et internationale unionistes en basket-ball, où se distingueront notamment Maurice Charra, Daniel Marsaud et Jean Descombes.
Président du comité régional Centre-Est, François Béguier s’impliqua activement, avec Maurice Bouit, de l’Union de Valence, dans l’animation d’un « Comité Joubert » qui organisait des camps au Chambon-sur-Lignon. Il s’agissait d’assurer la restauration matérielle et morale de ce haut lieu social et pédagogique unioniste, mis en valeur pendant l’Occupation et après la Seconde Guerre mondiale (Camps aînés, Junior « Copainville », Cadets, Rencontres du christianisme social, et du Mouvement de la réconciliation, etc.). Il fut membre de la commission exécutive du comité national et directement associé à l’organisation de la cérémonie parisienne du centenaire de la création des UCJG (Base de Paris) en août 1955, aux cotés du président Raymond Coutris, de Robert Beaurin, d’Émile Cornud, trésorier national, et d’Edmond de Billy, administrateur. À l’issue de cette importante manifestation internationale, il s’engagea dans une politique immobilière par la création d’un foyer de jeunes travailleurs (FJT) à Lyon. Sans argent, sans soutien pendant sept ans, il s’est employé à faire aboutir cette mission par différents moyens : campagne financière nationale auprès des grandes entreprises lyonnaises ; intervention auprès de son ami Charles Guillon, ex-membre du Secrétariat général de l’Alliance mondiale des YMCA (Young Men’s Christian Association) à Genève, qui le soutiendra activement pour le mettre en relation avec le puissant comité YMCA de New-York. En décembre 1962, le foyer de jeunes travailleurs UCJG de Lyon-Villeurbanne était inauguré. Il a trouvé aussi un soutien discret, actif et efficace auprès de Pierre Lombard, personnalité protestante influente dans les milieux économiques, industriels et financiers de la région (PDG de la Société Rhodiaceta). Ce dernier accepta la présidence du premier conseil d’administration de Lyon en charge de la gestion du foyer, dans lequel Émile Cornud et Bernard Musnier exerçaient une présence fidèle et active. La direction du foyer fut confiée à Charles Besset, avec à ses côtés Bernard Charles, en tant que directeur-adjoint.
Dans cette période 1960-1970, François Béguier s’est aussi investi dans le syndicalisme à la SNCF au niveau national et au Parti socialiste en 1971 sur le plan local. En raison de problèmes personnels et familiaux et à la suite d’un différend concernant l’orientation du Foyer de Lyon-Villeurbanne, il décida de se tenir à distance des UCJG. Il termina sa vie dans un sentiment d’isolement pour mourir à Lyon dans la douleur physique et morale, refusant toute manifestation de soutien et de reconnaissance amicale, mise à part celle de son fidèle ami Maurice Bouit, dont la fille Martine était sa filleule.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article683, notice BÉGUIER François, Louis, Alix par Bernard Charles, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 30 août 2021.

Par Bernard Charles

SOURCES : Arch. de l’UCJG Lyon Villeurbanne. — Entretiens en 2000-2003 avec son fils Jean-Marc Béguier.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable