PIGNOL Antoine, Désiré

Né le 16 janvier 1840 à Saint-Martin-de-Fresnay (Calvados), mort le 21 janvier 1899 à Lisieux(Calvados) ; demeurant à Saint-Désir-de-Lisieux (Calvados) ; ouvrier foulonnier ; militant de l’AIT.

Fil d’ouvriers en fil qui s’étaient installés à Lisieux après sa naissance, Antoine Désiré Pignol s’était marié le 8 octobre 1864 à Lisieux avec Louise Augustine Coquerel, apprêteuse en draps, fille d’un ouvrier en laine et d’une lingère. À cette époque il habitait chez ses parents, 130 grande rue à Lisieux.

Pignol fut membre de la section de Lisieux de l’Internationale (fondée en 1866 d’après Testut) à laquelle il s’affilia en 1868, selon le procureur, en avril 1869, selon l’intéressé qui aurait cessé d’en faire partie en 1870 et 1871. L’année suivante, il succéda à Duhamel comme secrétaire-correspondant de la section et prit le pseudonyme de N. Hout. C’est lui qui organisa la réunion tenue au café Rottier à Lisieux le 29 décembre 1872. Il avait réussi à recruter quelques adhérents : Huet en août, Legoff et Saint-Denis en septembre, Leroyer en octobre 1872 (on comptait 18 adhésions en novembre-décembre) ; mais il n’eut le temps de tenir qu’une réunion, celle du 29 décembre. « De son propre aveu, les anciens affiliés s’étaient retirés et se refusaient d’entrer dans l’association nouvelle » (Gazette des Tribunaux, 8 février 1873). Seules exceptions : Pignol et Saint-Denis.

Lors de la perquisition qui fut faite chez lui, on trouva des numéros de journaux le Rappel, Le Réveil et l’Excommunié ; des biographies de Blanqui, Garibaldi, Ledru-Rollin, Mazzini ; un texte de la main de Pignol, composé en partie d’extraits de discours de différents orateurs. Il y était dit notamment : « Ce qu’il faut pour l’instruction, c’est que le catéchisme soit remplacé par l’histoire philosophique du peuple et le Nouveau et l’Ancien Testament par le Code civil. » Et aussi : « La condition de l’ouvrier est mauvaise. Il faut des réformes, il faut un remède. Ce remède, c’est le communisme, la propriété collective. »

Dénoncé, Pignol fut arrêté et comparut avec huit autres prévenus, le 4 février 1873, devant le tribunal correctionnel de Lisieux ; il fut condamné à huit mois de prison, 50 F d’amende, cinq ans de surveillance et solidairement aux dépens (Voir Duhamel).

D’après son avocat, Pignol était « un ouvrier honnête, laborieux [...] qui a de l’argent à la Caisse d’épargne ». Vers vingt ans, il savait à peine lire et écrire, mais, par la suite, il étudia par ses propres moyens et acquit quelque instruction.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article68401, notice PIGNOL Antoine, Désiré, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 28 octobre 2022.

SOURCES : Arch. Nat., BB 30/489. — Le Lexovien, 5 février 1873. — Le Journal de Lisieux, 5 et 8 février 1873. — Jérôme Letournel, Socialisme et socialistes dans le Calvados des origines à la fin du XXe siècle (1864-1998), thèse, 2013, p. 65. — État civil de Saint-Martin-de-Fresnay et de Lisieux.

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