Né le 17 février 1845 à Poitiers (Vienne) ; mort à Londres le 23 juin 1918 ; célibataire ; caricaturiste ; délégué, sous la Commune de Paris, au musée du Luxembourg, puis commissaire de police.
Pilotell appartenait à une famille bourgeoise : son père était conseiller à la cour d’appel de Poitiers, honorablement connu et chevalier de la Légion d’honneur ; son oncle occupait semblables fonctions encore en 1873 ; toutefois, son frère aîné avait « mal tourné » (?). Une bourse avait permis à Georges Pilotell de venir étudier le dessin à Paris, mais il fut accusé de paresse et, sa bourse supprimée, il gagna sa vie en donnant des caricatures aux journaux. Il essuya plusieurs condamnations sous l’Empire : le 7 mai 1869, six jours de prison à Paris pour cris séditieux ; le 8 octobre 1869, deux mois et 100 F d’amende pour avoir publié un journal sans cautionnement (6e Chambre) ; le 8 avril 1870, un mois de prison et 100 F d’amende pour le même motif. Le graphisme était pour lui une manière concrète d’exprimer les pensées nées de l’actualité et il demandait pour l’artiste la totale liberté : lorsqu’on lui défendit sous le Siège de publier un dessin qui représentait Villemessant, directeur du Figaro, sous les traits d’un proxénète et d’un espion, il protesta dans la Patrie en danger (23 novembre) : « Suivant cette esthétique originale de la Nouvelle Jérusalem, il ne resterait plus aux caricaturistes que le paysage ». Il fut gérant de La Caricature, 8 février-23 mars 1871 (six numéros).
Au 18 mars 1871, il était à Montmartre. Devenu de son propre chef délégué pour les Beaux-Arts au musée du Luxembourg, il fut plus tard, au début d’avril, nommé commissaire de police des délégations judiciaires et attaché au cabinet du délégué à l’Intérieur ; il procéda à des arrestations, celle de Chaudey notamment, accusé d’avoir fait tirer sur la foule, et on l’accusa lui-même plus tard d’avoir fait perquisitionner les hôtels de Mac-Mahon et de Bazaine. Le 23 avril, il fut accusé d’exactions et révoqué, mais la Commune, ce faisant, spécifia que des négligences de forme n’entachaient pas son honorabilité ; Cluseret lui reprochait d’empiéter sur les attributions de la guerre, mais Ferré le fit libérer.
En mai il put s’enfuir et il était réfugié à Genève au début de l’année suivante ; il fut expulsé en juillet 1873, et par Milan gagna Bruxelles, La Haye, Rotterdam, Augsbourg, puis se fixa en Angleterre, où il gagna sa vie en dessinant dans les journaux de mode.
Il fut condamné par contumace, le 9 janvier 1874, par le 3e conseil de guerre, à la peine de mort.
ŒUVRE : La Caricature politique, dont il écrivit et illustra le texte (Paris, de Balitout, 1871).
SOURCES : Arch. Nat., BB 24/865. — Arch. Min. Guerre, 3e conseil. — Arch. PPo., E a/103-15, et listes de contumaces. — La Comune di Parigi (G. Del Bo), op. cit. — J. Valmy-Baysse, le Roman d’un caricaturiste. — Floréal, 14 janvier 1922. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.