Par Nathalie Viet-Depaule
Né le 6 janvier 1897 à Chanteloup (Manche), mort le 31 juillet 1986 à Bréhal (Manche) ; cheminot au réseau de l’État ; secrétaire adjoint de la Fédération CGTU des cheminots ; député communiste de l’Yonne (1945-1951) ; père de Guy Môquet.
Fils d’une famille de petits cultivateurs, Prosper Môquet (orthographié parfois Mocquet) fut garçon de ferme jusqu’à son incorporation en janvier 1916. Envoyé au front, blessé en 1918 à Fère-en-Tardenois (Aisne) puis démobilisé en septembre 1919, il gagna Paris et entra aux chemins de fer de l’État. Il adhéra en 1923 à la CGTU, eut rapidement des responsabilités à la Section technique et au conseil syndical du réseau. Délégué du personnel, délégué à la sécurité, membre de la commission administrative des cheminots du réseau État, il fut, pendant les années qui précédèrent le congrès de fusion de 1935, secrétaire adjoint de la Fédération unitaire des cheminots. Après ce congrès, il fit partie de la commission administrative du réseau État et, en janvier 1936, siégea comme suppléant à la commission exécutive de l’Union départementale CGT de la Seine et de la Seine-et-Oise.
Membre du Parti communiste depuis 1926, Prosper Môquet se présenta aux élections législatives de mai 1936 dans la troisième circonscription (quartier des Épinettes) du XVIIe arrondissement. Arrivé en seconde position au premier tour après le candidat de l’Entente républicaine, il fut élu au second tour avec 7 646 voix sur 16 117 inscrits et 13 922 suffrages exprimés. À la Chambre, membre de plusieurs commissions (aéronautique, comptes et économies ; législation civile et criminelle), il intervint dans la discussion du projet de budget pour l’exercice de 1939, soutint un amendement relatif aux sanctions consécutives à la grève du 30 novembre 1938 et déposa une demande d’interpellation sur la situation des réfugiés des Brigades internationales dans les camps. Lorsque le PC fut interdit, il répondit habilement au capitaine de Moissac qui l’interrogeait : « J’ai appris la dissolution du Parti communiste dont j’étais membre par la radio à Mauriac où je me trouvais avec ma famille et je n’ai appris la constitution du groupe parlementaire ouvrier et paysan français qu’à mon retour le lundi 2 octobre. Mes collègues m’ont demandé mon adhésion en faisant valoir que la création de ce groupe avait pour objet de continuer notre travail parlementaire. Ce groupe se réclame des principes du Parti guesdiste de 1880. Je suis convaincu qu’il n’existe aucun lien entre le GOPF et la IIIe Internationale. » Comme les autres députés communistes, il fut déchu de son mandat le 20 février 1940.
Arrêté, incarcéré à la prison de la Santé puis à celle du Puy (Haute-Loire), il fut ensuite déporté en Algérie. À Maison-Carrée, il apprit la mort (le 22 octobre 1941) de son fils, Guy, le plus jeune des fusillés de Châteaubriant, et la déportation de sa compagne à Auschwitz.
À la Libération, Prosper Môquet reprit sa vie de parlementaire, d’abord à l’Assemblée constituante puis à l’Assemblée nationale comme député de l’Yonne de 1946 à 1951. Il avait été élu à la commission centrale de contrôle financier du Parti communiste à l’issue du XIe congrès (Strasbourg, 25-28 juin 1947) et du XIIe congrès (Gennevilliers, 3-6 juin 1950).
Juliette Môquet, son épouse, née le 28 mai 1898 à Granville (Manche), employée, fit partie du Comité parisien de Libération et fut de 1945 à 1947 conseillère municipale communiste de Paris du troisième secteur. Elle trouva la mort le 30 mai 1953 dans un accident de voiture.
Prosper Môquet se retira en 1965 à Bréhal (Manche) où il continua à militer jusqu’à la fin de sa vie.
Par Nathalie Viet-Depaule
SOURCES : G. Lachapelle, Les élections législatives, 1919-1936, 5 vol. — Le Travailleur parisien, 1er mars 1936. — Le Monde, 2 août 1986. — La Manche libre, 17 août 1986. — Dictionnaire des parlementaires, t. 7. — Lettres des fusillés de Châteaubriant, Amicale des anciens internés, patriotes de Châteaubriant-Voves-Rouillé, 1989. — Pierre-Louis Basse, Guy Môquet, une enfance fusillée, Stock, 2000 [photographie]. — Pas de dossier dans les archives du Komintern conservées au RGASPI.