PRADILLON Sylvain

Par Michel Thébault

Né le 31 juillet 1820 à Parsac (Creuse), mort le 11 mai 1885 à Paris XXe arr. (Seine) ; maçon de la Creuse ; communard, déporté en Nouvelle-Calédonie.

Sylvain Pradillon était le fils de Jean Pradillon cultivateur et de Léonarde Aufaure. Il exerça comme beaucoup d’autres jeunes hommes du Limousin, le métier de maçon, maçon de la Creuse, une migration saisonnière qui culmina au XIXe siècle et qui voyait chaque année, les migrants quitter leur village pour travailler sur les grands chantiers de Paris. Au recensement de la commune de Parsac en 1866, sur les 1628 habitants, 250 hommes étaient déclarés maçons pour la plupart « absents, occupés hors du département ». Au printemps 1871, célibataire âgé de 50 ans, il était domicilié pour la saison des chantiers 16 rue des Trois Portes dans le quartier de la Sorbonne (Ve arr.). La plupart des chantiers étant arrêtés en 1871 à Paris, beaucoup de migrants, en particulier des maçons de la Creuse comme Sylvain Pradillon s’engagèrent, comme les ouvriers parisiens, dans la Garde nationale par conviction politique et faute de travail (les gardes percevaient une solde de un franc cinquante par jour). Il devint garde dans le 248e bataillon de la Garde nationale appartenant à la Ve Légion, du Ve arrondissement de Paris.
 
Il fut arrêté pendant la Commune, le dimanche 28 mai 1871, dernier jour de la Semaine sanglante, et emprisonné dans l’attente d’un jugement. Il fut jugé le 7 mai 1872, par le 24e conseil de guerre siégeant au Mont Valérien. Le rapport de police préalable au jugement (et systématiquement défavorable pour les travailleurs migrants) indiquait qu’il avait subi, en 1852, 1858 et à une date non précisée, trois condamnations (deux mois, dix jours et un mois de prison) pour mendicité, injures à agents et ivresse. Il fut reconnu “coupable d’avoir dans un mouvement insurrectionnel à Paris, porté des armes apparentes, étant revêtu d’un uniforme militaire, d’avoir fait usage de ses armes”. Il fut condamné à la déportation simple et aux frais envers l’État. Incarcéré dans l’attente de son départ au fort des Saumonards sur l’île d’Oléron, il embarqua le 5 octobre 1872 sur le transport à vapeur Le Var avec 203 autres détenus d’Oléron, aux Saumonards les détenus criant lors du départ : “Vive la Commune”. Il arriva en Nouvelle-Calédonie le 9 février 1873 et fut interné à l’Île des Pins le 17 février. Il bénéficia d’une remise de peine sous condition de résidence obligatoire en Nouvelle-Calédonie fin avril 1877. Le décret d’amnistie du 15 janvier 1879 entraîna la remise de la résidence obligatoire et il partit pour la France sur le transport La Seudre le 15 juin 1879.
 
Il reprit son métier de maçon à Paris où il mourut quelques années plus tard, le 11 mai 1885 à 9 heures du soir à l’hôpital Tenon, 4 rue de la Chine, à l’âge de 65 ans. Déclaré sans domicile, cette mention de l’acte de décès indique sans doute qu’il était encore migrant saisonnier (les autorités administratives assimilant souvent la migration saisonnière à un vagabondage).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article68931, notice PRADILLON Sylvain par Michel Thébault, version mise en ligne le 1er novembre 2022, dernière modification le 1er novembre 2022.

Par Michel Thébault

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/829, S 76, n° 12322. — Arch. PPo., listes d’amnistiés. — Arch. Dép. Creuse (état civil, recensements). — Arch. Nat. Outre-Mer (ANOM), COL H 97. — Jean-Claude Farcy, La répression judiciaire de la Commune de Paris : des pontons à l’amnistie (1871-1880), base des communards emprisonnés, site internet. — Stéphane Trayaud, Oubliés de l’Histoire, les Limousins de la Commune de Paris, Mon Petit Éditeur, 2012. — Claude Fernand Laveau, Les communards dans les prisons charentaises 1871 – 1874, Le Mouvement social, n° 14, janvier 1956. — Site internet Annuaire des migrants Maçons de la Creuse. — Note de Louis Bretonnière.

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