PRÉVOST Marguerite, née Guinder, dite Lachaise

Née le 24 décembre 1832 à Salins-les-Bains (Jura) ; morte le 1er mars 1888 à Paris ; mariée, mère d’un enfant. Séparée de fait de son mari depuis onze ans, elle vivait en concubinage avec Lachaise, monteur en bronze, cantinier du 66e bataillon ; confectionneuse pour dames ; communarde, déportée en Guyane.

Marguerite Prévost demeurait, 65, rue Sedaine (XIe arr.) ; en 1871, elle était cantinière au 66e bataillon fédéré, dont les soldats écrivirent à la Commune pour vanter son courage et son dévouement envers les blessés, le 3 avril, en avant de Meudon, « en l’absence de tout service chirurgical » — Voir Anfreville A.
Avait-elle fait le coup de feu ? Elle s’en défendit devant ses juges : « J’ai porté les effets de cantinière, mais je n’ai jamais eu d’armes » ; la lettre des soldats ne la disait pas combattante, mais « malgré la moisson que faisait autour d’elle la mitraille, occupée à soigner et panser les blessés ». Le 24 mai, en bottines à hauts talons, coiffure élevée, écharpe rouge, c’est elle qui désigna à la foule Beaufort, rendu responsable des pertes du bataillon ; en l’apercevant entre les mains d’un petit groupe de fédérés, Marguerite Lachaise lui cracha au visage, le souffleta, l’accabla d’injures et ameuta contre lui les hommes d’une barricade. À Delescluze, qui voulait obtenir un sursis, elle aurait crié, rapporta un témoin : « Si vous ne le faites pas fusiller, je le fusillerai moi-même » ; un autre, il est vrai, la dit apitoyée, essayant au dernier moment de sauver la victime.
La cantinière Lachaise fut arrêtée le 28 juin. Le 6e conseil de guerre l’acquitta dans le procès de l’archevêque (9 janvier 1872), mais elle fut condamnée, le 19 juin 1872, à la peine de mort pour l’exécution de Beaufort ; sa peine fut commuée, le 14 septembre 1872, en travaux forcés à perpétuité. Elle avait été recommandée au Grand-Orient, par lettre arrivée le 10 janvier 1872, comme adhérente de la « Loge française ». Elle était alors détenue à Versailles. Après enquête, il fut noté : « La L... ne possède aucun renseignement sur les titres maçonniques de Mme Lachaise ». Voir Thirifocq E.

Marguerite Lachaise fut déportée aux Îles du Salut en Guyane, puis rentra après l’amnistie et vécue dans le XIVe arr. de Paris où elle meurt le 1er mars 1888.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article68985, notice PRÉVOST Marguerite, née Guinder, dite Lachaise, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 8 mai 2022.

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/759, n° 6263. — Gazette des Tribunaux, 10 janvier 1872. — J.O. Commune, 9 avril. — Vuillaume, Mes cahiers rouges... op. cit., p. 60. — Arch. Grand-Orient (Bibl. Nat.), cote 1632, vol. III, Suppliques au G... O..., 1870-1872. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021. — Michel Puzelat, "Marguerite Guindert dite Lachaise : ’Il coule du sang de lionne dans ses veines’",La Commune, n° 90, 2e trimestre 2022.

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