Né le 7 septembre 1844 à Versailles (Seine-et-Oise) ; mort à Paris, XVIe arr., le 9 avril 1924 ; ingénieur ; colonel de la Commune de Paris et commandant à l’École militaire.
Henry Prod’homme était le benjamin de trois frères, tous élèves du lycée de Versailles et de la pension Charpentier. Le rapport au conseil de guerre le dit « très intelligent, de caractère doux et gai » ; et un ami de sa famille, son correspondant à la pension, le décrit « imberbe, petit, gros, presque obèse ». L’aîné de ses frères mourut tuberculeux à seize ans ; le cadet, lieutenant de l’armée régulière passé à la Commune, fut littéralement coupé en deux par un obus aux côtés de Bergeret, le 3 avril, sur le plateau des Bergères (Lissagaray, op. cit.). Henry Prod’homme acquit ses titres d’ingénieur en Belgique, à Liège ; de 1867 à 1869, il travailla chez un agent d’affaires parisien, 11, rue Thérèse, Ier arr.
Pendant le Siège, il appartint à la Garde nationale. Il demeurait alors, 38, rue de Châteaudun, IXe arr. et collaborait au journal La Tablette américaine dirigé par son père.
La Commune de Paris le fit colonel d’état-major et gouverneur de la Place : il siégea donc place Vendôme, et, les 1er et 2 avril 1871, donna des ordres à tous les chefs de colonne ; il annonça la prise de Versailles, l’encerclement du Mont-Valérien — puis les revers : la colonne coupée, les reproches montant vers l’état-major. Plus tard, il offrit de prendre à Vincennes deux cents obus à pétrole : d’où l’accusation d’incendie.
Sa signature habituelle : P. Henry, le fit désigner communément sous le nom de colonel Henry. Le 6e conseil de guerre le condamna par contumace, sous son vrai nom, le 16 novembre 1872 à la peine de mort ; il fut amnistié en 1879.
Prod’homme avait réussi à fuir en Angleterre d’où il passa à Jersey. Il arriva en Belgique en février 1875 et se fixa tout d’abord à Saint-Josse-ten-Noode. Il était accompagné de sa femme Hannah Mackay, née à Saint-Hélier Jersey) le 24 septembre 1854 (Prod’homme s’était en effet marié à Saint-Hélier le 25 février 1872) et de son père : Marie-Louis-Simon-Pierre Prod’homme, rentier, né à Versailles le 4 juin 1815.
Peu de temps après son arrivée en Belgique, Prod’homme devint ingénieur-directeur de la Compagnie des marbreries de Jemelle aux appointements de 6 000 F par an, plus 15 % sur les bénéfices.
Les autorités belges firent remarquer à la société Van Mons et Cie, propriétaire des carrières de Jemelle, le caractère « douteux » de leur nouvel employé et un projet d’arrêté d’expulsion fut préparé, mais le député belge Demeur intervint pour que l’on donne à Prod’homme un délai de trois mois pour régler ses affaires, ce qui fut admis et on lui laissa jusqu’au 1er janvier 1876.
Prod’homme devint alors ingénieur à la Société Aluminia à Oberlahnstein (près de Coblence) en Allemagne. En 1881, se croyant couvert par l’amnistie, Prod’homme revint en Belgique et établit une fabrique de poudre de mine « Pyronitrine », à Putte-Cappellen (région d’Anvers). Le 2 juin 1881, Prod’homme fut arrêté pour rupture de ban d’expulsion, mais rapidement renvoyé des poursuites.
En 1884, Prod’homme demeurait à Ixelles ; par arrêté royal du 11 février 1885, il fut autorisé à fixer son domicile dans le Royaume. Le 13 février 1892, la fille unique de Prod’homme, Anna, née le 23 septembre 1877 à Staffel (Prusse) mourait à Ixelles (lez Bruxelles).
Le 2 août 1904, devenu veuf, Prod’homme épousa en secondes noces Jeanne Higny, née à Nessonvaux en 1869.
SOURCES : Arch. Nat., BB 24/862. — Arch. Min. Guerre, 6e conseil (n° 711). — Arch. PPo., B a/368 et B a/429. — Arch. générales royaume Belgique, 4e section, police des étrangers, n° 169183 et service de la population de la ville de Liège (recherches de F. Sartorius).