PROFILET Eugène

Mort fusillé pendant la Semaine sanglante.

Né en 1812, il aurait été notaire à Troyes (Aube), puis ouvrier marqueteur. En 1837, il résidait à Paris, 28 rue des Tournelles (4e arr.) et commença un dépôt, qui ne dura pas, à la Caisse d’épargne. Puis il se fit aussi inventeur, déposant, en 1847, un brevet d’invention pour une application de la corne à la marqueterie ; ensuite le 13 juillet 1848 – il était alors domicilié au 47 de la même rue –, il en déposa un autre pour un genre de mosaïques, puis le 9 avril 1857, alors qu’il avaitt déménagé 6, rue du Roi-Doré (3e arr.), un troisième pour des améliorations aux bandes de billard. Enfin, en 1861, il brevetta le 1er février des perfectionnements apportés aux tables de billards et, le 2 novembre, des blouses de billard.
Il devint ensuite le caissier de Maurice Lachâtre (Voir De Lachastre), éditeur-libraire. Cet homme de confiance tenait sa librairie et lui écrivait quotidiennement pendant le siège de Paris. L’éditeur l’avait invité dans son domaine d’Arbanats (Gironde). Eugène Profilet vivait avec Rose Renard, dont il avait eu une fille. Lors de la Semaine sanglante, le 24 mai, le 35e de ligne puis le 55e de ligne envahirent la librairie et le domicile de Maurice Lachâtre pour arrêter l’éditeur qui parvint à s’échapper. Par mesure de représailles, les soldats emmenèrent Eugène Profilet, qui ressemblait à Félix Pyat selon Gromier, pour l’exécuter. L’éditeur raconta cet épisode dans une lettre autographe du 20 mai 1876 : « Mon ami et caissier, Eugène Profilet, un vieillard étranger à la politique et bien innocent, fut emmené par les assassins de la deuxième bande et conduit à la caserne Lobau où il a été mitraillé comme tant de milliers d’infortunés » (Arch. PPo., B /1134).
Dans leur correspondance, Pyat et Lachâtre évoquèrent à plusieurs reprises le caissier : « Notre cher et digne Profilet méritait bien autant que nous d’être sauvé ! », écrivait le premier le 15 avril 1875.
En 24 novembre 1874, l’éditeur en exil avait fait rédiger une donation au profit d’Eugénie Renard, fille de Rose Eulalie Renard. Il prit ensuite des dispositions testamentaires pour continuer à lui payer une pension.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article69032, notice PROFILET Eugène, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 16 décembre 2021.

Bulletin des lois de la République française, 1er janvier 1850, p. 490. – Bulletin des lois de la République française, 1er juillet 1858, p. 695. – Journal officiel, 24 mai 1871, p. 654. – Marc-Amédée Gromier, La Commune. Journal d’un vaincu, recueilli et publié par Pierre de Lano, 2e éd., Paris, SOURCES : Victor-Havard éditeur. – Gazette nationale, 30 juin 1868, supplt, p. 3. – François Gaudin, Maurice Lachâtre, éditeur socialiste (1814-1900), Limoges, Editions Lambert-Lucas, 2014.— Arch. Po. Dossier Maurice Lachâtre Ba/1230, Dossier Félix Pyat, Ba 1230, Ba/1134. BB 5844. – Arch. INPI, 1BB5844, 1BB8598, 1BB31699, 1BB48373, 1BB51822. – Correspondance Félix Pyat, lettres inédites, fonds Jeanne Oriol.

Notice revue par François Gaudin

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