RICARD Eugène

Par Michel Thébault

Né le 9 mai 1853 à Saint-Pierre-de-Fursac (Creuse) ; maçon de la Creuse ; communard, déporté en Nouvelle-Calédonie.

Eugène Ricard était le fils de Jean Ricard cultivateur âgé de 48 ans et de Jeanne Gaulier âgée de 39 ans, domiciliés au village des Sibieux commune de Saint-Pierre-de-Fursac. Il devint maçon, migrant saisonnier partant travailler sur les chantiers parisiens (dès le recensement de 1866, alors qu’il n’a que 13 ans, il n’apparaît plus dans la composition de sa famille aux Sibieux, où résident ses parents cultivateurs et son frère Léger âgé de 25 ans lui aussi cultivateur). En 1870–1871, célibataire âgé de 17 ans, il résidait à Paris (avec un camarade François Aufaure maçon creusois de son âge), 8 rue des Sept-Voies dans le quartier de la Sorbonne, Ve arrondissement. Son frère aîné, prénommé également Léger mais âgé de 39 ans était également maçon à Paris, résidant dans le XIIe arrondissement. La plupart des chantiers étant arrêtés fin 1870 et en 1871 à Paris, beaucoup de migrants, en particulier des maçons de la Creuse comme Eugène Ricard s’engagèrent, comme les ouvriers parisiens, dans la Garde nationale par conviction politique et faute de travail (les gardes percevaient une solde de un franc cinquante par jour). Pendant le premier Siège, il fit partie du génie auxiliaire et participa à des terrassements. Le 24 mars 1871, il s’engagea dans la 2e compagnie de marche du 248e bataillon fédéré appartenant à la Ve Légion du Ve arrondissement. Le 29 avril, il alla à Asnières (Seine) et y demeura huit jours. Du 7 au 15 mai, son bataillon servit à Issy. Eugène Ricard fut fait prisonnier à Belleville le dimanche 28 mai, dernier jour de la semaine sanglante.
 
Malgré l’absence d’antécédents judiciaires et des renseignements de police favorables, il fut condamné à la déportation simple par le Conseil de guerre n° 8 siégeant à Saint-Germain-en-Laye le 16 mars 1872. Il fut reconnu « coupable d’attentat dans le but de changer le gouvernement, d’avoir fait partie des bandes armées et d’avoir été saisi sur le lieu de la réunion séditieuse, étant porteur d’armes apparents revêtu d’un uniforme militaire et d’avoir fait ou aidé à faire des barricades, ayant pour objet d’arrêter ou d’entraver l’exercice de la force publique ». Alors qu’il avait déposé un recours en grâce, il fut embarqué à Brest, avant que l’on connaisse la décision, pour la Nouvelle-Calédonie le 11 juin 1872 sur le transport à vapeur « La Guerrière », un navire dont l’état était si déplorable qu’il ne fut pas déclaré apte à entreprendre un second voyage. La Commission des Grâces par jugement du 12 septembre 1872 annula sa déportation commuant sa peine en dégradation civique et trois ans d’emprisonnement. Eugène Ricard arriva en Nouvelle-Calédonie le 2 novembre 1872 et fut interné à l’Île des Pins le 11 novembre. Pour autant l’administration ne donna aucune suite au jugement commuant sa peine. Il fallut l’intervention d’élus de la Creuse, le député de centre-droit Louis Jarrit-Delille et le sénateur Gauche Républicaine Joseph-Edmond Fayolle (également maire de Guéret) pour que le jugement lui soit notifié le 10 septembre 1876. Sa peine terminée, il fut rayé des contrôles du bagne le 23 novembre 1876 et embarqua le 26 janvier 1877 sur « Le Navarin » pour rentrer en France.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article69649, notice RICARD Eugène par Michel Thébault, version mise en ligne le 9 août 2022, dernière modification le 9 août 2022.

Par Michel Thébault

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/755, n° 5600 et BB 27. — Arch. Nat. Outre-Mer (ANOM) COL H 98. — Arch. Dép. Creuse (état civil). — Jean-Claude Farcy, La répression judiciaire de la Commune de Paris : des pontons à l’amnistie (1871-1880). — Stéphane Trayaud Oubliés de l’Histoire, les Limousins de la Commune de Paris Mon Petit Éditeur 2012. — Site internet Annuaire des migrants Maçons de la Creuse.

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