Par Pierre-Henri Zaidman
Né le 14 janvier 1846 à Lubin en Pologne russe ; marchand des quatre-saisons ; communard.
Forcé de s’exiler après l’insurrection de 1863, il suivit à son arrivée en France les cours d’une école de préparation militaire fondée à Toulouse par un de ses compatriotes nommé Jobillski. En 1868, il partit à Marseille et s’y établit comme marchand des quatre-saisons. Marié, son dernier domicile connu avant 1871 était 23, rue Impériale.
Pendant la guerre franco-prussienne, il organisa les Polonais de Marseille, prit contact avec Lyon qui mettait sur pied une légion polonaise, puis servit comme capitaine dans les Vengeurs de la Mort dans l’armée des Vosges.
Fin mars 1871, il gagna Paris et se mit à la disposition de la Commune. Il fut d’abord désigné pour commander l’ambulance de l’hospice des Incurables à Ivry dont les malades furent évacués vers Paris le 15 avril. La Commune le nomma alors chef d’escadrons et l’affecta auprès du général Eudes. À la date du 1er mai, il commandait la redoute des Hautes-Bruyères. À partir du 4 mai, il fut nommé colonel et gouverneur du fort d’Ivry, à la place du commandant Fleury destitué par Wroblewski. Mal accueilli par les officiers qui avaient constitué un conseil de guerre pour assurer l’intérim, il fut finalement accepté après avoir démenti toute implication dans l’affaire du Moulin-Saquet au cours de la nuit du 3 au 4.
Le 25 mai, voyant le drapeau tricolore flotter sur le fort de Bicêtre, il demanda à ses officiers s’il convenait de poursuivre la lutte ; la majorité ayant décidé l’abandon du fort, il réclama les clefs des poudrières et avec le chef artificier fit sauter le fort et ses onze casemates. Il monta alors sur son cheval et se rendit à la mairie du XIe arrondissement, où Delescluze lui remit un laisser-passer pour Vincennes. De là, il gagna Bagnolet, puis Chelles et réussit à passer en Suisse après avoir traversé à cheval les lignes prussiennes.
Le 16 janvier 1873, accusé par le 4e conseil de guerre d’avoir commandé le peloton de fédérés qui fusilla un dénommé Philibert, employé au chemin de fer d’Orléans arrêté le 23 mai porteur de lettres compromettantes, Rogowski fut condamné par contumace à la peine de mort.
En 1893, il exerçait la profession d’ouvrier lamineur et domicilié 23, route de la Reine à Boulogne-sur-Seine, il fut proposé le 15 juillet comme candidat aux élections par le comité socialiste révolutionnaire de Boulogne adhérant au Comité révolutionnaire central. Sa femme décéda en 1901. Il mourut à Paris (VIIe arr.) le 12 avril 1916. Il avait eu trois enfants.
Par Pierre-Henri Zaidman
SOURCES : Arch. Min. Guerre, Lg 4, Lx 123 et GR 8 J 4e conseil 135 (854). — CARAN BB 24/865, n° 3924. — Journal des débats, 2 janvier 1874. — Le XIXe Siècle, 10 octobre 1872, 20 juillet 1893. — Arch. Paris 7D 150/151.