NEHLIG Jean

Par Pierre Schill

Né le 26 avril 1893 à Siltzheim (Bas-Rhin annexé), mort le 21 février 1945 au camp de concentration de Dachau (Allemagne) ; manœuvre au dépôt de Sarreguemines (Moselle) de la Société des chemins de fer d’Alsace-Lorraine ; membre du comité directeur du syndicat unitaire des cheminots de Sarreguemines puis membre du comité directeur du syndicat CGT réunifié ; responsable de l’agitation-propagande au rayon communiste de Sarreguemines ; résistant.

Issu d’une famille protestante d’« Alsace bossue », Jean Nehlig était le fils d’un ouvrier d’usine que sa mère quitta alors qu’il était âgé de quatre ans. Elle commença à faire des ménages et Jean fut élevé à Sarreguemines par sa mère jusqu’à l’âge de sept ans quand elle se remaria.
Jean Nehlig fut d’abord apprenti aux Grands moulins Bloch de Sarreguemines qu’il quitta vers l’âge de dix-huit ans pour aller travailler dans un grand moulin de Mannheim (Allemagne) où il resta jusqu’à la Première Guerre mondiale. Il participa à ce conflit sous l’uniforme allemand comme la plupart des autres Alsaciens-Lorrains intégrés au Reich depuis la défaite de 1870. Il était affecté dans l’artillerie en tant que canonnier.
Au lendemain de la Grande Guerre, il trouva un emploi de manœuvre au dépôt de Sarreguemines de la Société des chemins de fer d’Alsace-Lorraine. Il milita aux syndicats CGT et CGTU des cheminots d’Alsace-Lorraine et au Parti communiste au moins à partir du milieu des années vingt.
Candidat aux élections municipales des 5 et 12 mai 1929 à Rémelfing (Moselle) sur la liste du Bloc ouvrier et paysan présentée par le Parti communiste, il obtint au premier tour 93 voix sur 244 suffrages exprimés. Il ne maintint pas sa candidature au second tour.
Au début des années trente il siégeait au comité du rayon communiste de Sarreguemines où il avait la charge de l’agitation et de la propagande.
À la fin de l’année 1934, il était membre du comité directeur de la section de Sarreguemines du syndicat unitaire des cheminots. La section comptait alors environ 250 adhérents. En juillet 1935 il occupait la même charge au syndicat (réunifié) des cheminots CGT de Sarreguemines. En novembre 1937 il était toujours surveillé par la police de Sarreguemines en raison de ses activités politiques et syndicales.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, Jean Nehlig fut affecté dans un service de la SNCF à Strasbourg (Bas-Rhin) au moment où sa famille alla s’installer chez la famille de son ami Frédéric Bohn à Bischstroff-sur-Sarre (Bas-Rhin). Ils furent ensuite évacués à Nouvel-Avricourt dans le sud de la Moselle. Après la signature de l’armistice et la nouvelle annexion de la Moselle à l’Allemagne, Jean Nehlig cessa de travailler à Strasbourg et sa famille put retrouver son domicile de Rémelfing. Il fit partie du groupe de résistance « Mario », le plus important du département de Moselle annexée. Ce groupe affilié au mouvement de résistance communiste Front national, avait été mis sur pied, au cours de l’été 1941, par l’instituteur messin Jean Burger, aidé de Charles Hoeffel et de Georges Wodli. Son activité clandestine lui valut d’être arrÍté, pour « actes de résistance », par la Gestapo le 8 septembre 1944 et d’être emprisonné au Sonderlager de Neue Bremm près de Sarrebruck (Allemagne), avant d’être déporté à la fin du mois de novembre 1944 au camp de Dachau (Allemagne), où il mourut le 21 février 1945. Il était l’un des responsables des cheminots sarregueminois résistants membres du Groupe Mario et recevait à ce titre des visites de Georges Wodli. Il obtint à titre posthume le titre de déporté politique.
Marié le 8 septembre 1919 à Sarreguemines (Moselle) avec Marie Thiry, il fut père d’une fille.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article7041, notice NEHLIG Jean par Pierre Schill, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 21 février 2012.

Par Pierre Schill

SOURCES : Arch. Dép. Moselle, 303 M 144 ; 310 M 95 ; 26 Z 15. — François Goldschmitt, Alsaciens et Lorrains à Dachau, tome 2, Au bloc d’entrée, Sarreguemines, Éditions Pierron, 1945-1946, 79 p. — Union des syndicats des cheminots A.-L. CGT, Heimat unterm Hakenkreuz, Strasbourg, 1953, 196 p. — Léon Burger, Le Groupe « Mario », une page de la Résistance lorraine, Metz, Imprimerie Louis Hellenbrand, 1965, 194 p. — Eugène Heiser, La tragédie lorraine. Sarreguemines-Saargemünd, 1939-1945, tome 1, Sarreguemines, Éditions Pierron, 1978, 287 p. — DBMOF, tome 37, p. 246. — Renseignements fournis par Germaine Lett-Nehlig, sa fille et par Madeleine Rohr.

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