SÉRIZIER Marie, Jean-Baptiste

Par Jean Maitron

Né le 28 mars 1830 à Paris ; fusillé au camp de Satory le 25 mai 1872 ; corroyeur ; colonel fédéré pendant la Commune de Paris ; membre de l’Internationale.

Combattant contre l’Empire, Sérizier dut se mettre à l’abri en Belgique. Rentré à Paris après la proclamation de la République, il participa aux journées révolutionnaires des 31 octobre 1870 et 22 janvier 1871. En cette seconde journée il fit le coup de feu place de l’Hôtel de Ville à la tête du 101e bataillon de la Garde nationale où il était capitaine de la 4° compagnie de marche, après l’avoir été de la 6e compagnie sédentaire. Arrêté, il le demeura jusqu’au 18 mars.

Il s’opposa le 19 mars 1871 à ce qu’il fût touché aux généraux Chanzy et Langourian. Il fut secrétaire de Léo Melliet, puis, délégué à la mairie du XIIIe arr., enfin, le 1er mai, colonel de la XIIIe légion qui comprenait les 42e, 101e, 102e, 120e, 133e, 134e, 176e, 177e, 183e, 184e bataillons.
Sérizier, qui habitait, 92, avenue d’Italie, s’était affilié, le, 23 novembre 1870, au Club démocrate socialiste du XIIIe arr. qui adhéra en bloc à l’Internationale le 25 novembre 1870. Il figurait également sur une liste des principaux membres de la section du XIIIe arr. de, l’Association Internationale des Travailleurs. Cette qualité semble avoir échappé au conseil de guerre. En effet, le passage (noté ici entre guillemets) qui, dans le jugement, disait : « ses amis politiques qui composaient le 101° « enrôlés depuis longtemps par lui dans l’Internationale, dont il, était un des propagateurs les plus ardents », ce passage est rayé.
Quand la XIIIe légion se replia sur Cachan, dans la première quinzaine de mai, Sérizier installa son quartier général dans le château du marquis de la Place, contigu à l’école Albert-le-Grand, à Arcueil, dirigée par des Dominicains, près du fort de Bicêtre et de la redoute des Hautes-Bruyères. Le 17 mai, les toitures du château prirent feu et Sérizier accusa les Dominicains ; enfants et religieux furent dirigés sur la prison Saint-Lazare, vingt-trois hommes et deux enfants étant envoyés à Bicêtre ; sept élèves et un comptable, alité, furent momentanément exceptés de la mesure. Lorsque le fort de Bicêtre fut évacué, le 25 mai, on libéra les enfants et on emmena les religieux 38, avenue d’Italie (XIIIe arr.) ; puis on leur ordonna de sortir entre une double haie de fédérés, et douze d’entre eux furent tués.

Après la défaite de la Commune, Sérizier se réfugia dans un atelier, où il travailla sous un faux nom. Arrêté, il fut condamné, le 15 février 1872, par le 6e conseil de guerre à la peine de mort, malgré la déposition du général Chanzy certifiant, le 4 février, devant le conseil de guerre, qu’il devait la vie principalement à Sérizier qui s’était interposé alors qu’il était en proie, le 19 mars 1871, à une foule en délire.
Mais on reprochait à Sérizier l’incendie des Gobelins et du Grenier d’Abondance et surtout d’avoir ordonné, le 25 mai, d’envoyer aux barricades les prisonniers ramenés d’Arcueil par les fédérés. Cinq Dominicains furent fusillés alors qu’il s’égaillaient à la porte du 9e secteur, avenue d’Italie, avec neuf de leurs employés. « Rien n’est moins sûr cependant que la participation de Sérizier au meurtre de l’avenue d’Italie », a conclu M. Vuillaume après enquête approfondie.

Le 25 mai 1872, jour anniversaire, On exécutait Sérizier à Satory.
Dans une lettre publiée le 27 mai dans le Radical, Sérizier affirmait : « Je ne suis pour rien dans l’exécution des Dominicains [ ... ]. Je ne suis frappé que comme l’homme du peuple assez intelligent et assez courageux pour lutter contre tout ce qui opprime le travailleur ».
M. Vuillaume a laissé de Sérizier le portrait suivant : « Ouvrier corroyeur de son métier, Sérizier est un homme trapu, à la face énergique, sur laquelle brillent et roulent perpétuellement de gros yeux. La mâchoire, carrée, est forte. Sur la lèvre, une moustache tombante, épaisse, que complète une impériale. Ceux qui ont connu Sérizier me l’ont dépeint comme un hâbleur qui ne manquait cependant pas de bravoure. Orgueilleux de ses galons et de son autorité, il se fait photographier en costume de colonel, revolver dans la ceinture, képi sur l’oreille, le bras droit appuyé sur le sabre nu, la pointe fichée au parquet. Il aime à parader ainsi, effrayant les timides. Il est heureux de la terreur qu’il inspire et qui, la défaite arrivée, le livrera aux vengeances des dénonciateurs.
Sérizier peut ne pas avoir paru sur le théâtre du meurtre, c’est lui qu’on accusera. La légende s’établit. Elle devait le conduire à Satory ».

Le nom est parfois orthographié, par erreur, Cérisier.
Il était marié, un enfant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article70946, notice SÉRIZIER Marie, Jean-Baptiste par Jean Maitron, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 9 février 2020.

Par Jean Maitron

SOURCES : Arch. Nat., BB 24/738. — Arch. Min. Guerre, 6e conseil. — M. Vuillaume, Mes cahiers rouges, op. cit. — G. Bourgin, La Commune, 1870-1871, op. cit. — Gérard Hamon, Retour en France d’un communard déporté, Rennes, Pontcerq, 2016, p. 34. — Note de Pierre Baudrier.

ICONOGRAPHIE : G. Bourgin, La Commune, 1870-1871, op. cit., p. 366. — Arch. PPo., album 286/43.

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