NOIZETTE Lucien

Par Pierre Schill

Né le 9 juin 1896 à Coutures (Lorraine annexée), mort le 22 janvier 1953 à Metz (Moselle) ; serrurier à la Société des chemins de fer d’Alsace-Lorraine ; communiste ; membre du comité directeur du syndicat unitaire des cheminots de la Moselle ; secrétaire de la Fédération des locataires de la Moselle ; résistant ; vice-président de la Fédération départementale des déportés et internés politiques de Moselle puis membre du comité départemental de la Fédération nationale des déportés et internés résistants et déportés (FNDIRP).

Fils d’un viticulteur, Lucien Noizette fut désigné par le PC mosellan en 1924 pour animer des réunions publiques dans tout le département. Depuis 1923 au moins, il était secrétaire de la Fédération des locataires dont le rôle était important dans un contexte de pénurie de logements.
Militant communiste actif, Lucien Noizette se présenta à de nombreux scrutins électoraux. En mai 1925, il fut candidat aux élections municipales à Metz sur la liste de gauche opposée à celle du maire de droite sortant, Paul Vautrin. Candidat pour le secteur communal de Metz-ville, il obtint 1 205 voix sur 7 164 suffrages exprimés. La liste n’obtint aucun élu. Il fut à nouveau candidat aux élections municipales des 5 et 12 mai 1929 sur la liste du Bloc ouvrier et paysan opposée à la Liste d’entente municipale du maire Paul Vautrin. Il obtint au premier tour 3 062 voix sur 10 033 suffrages exprimés. Au second tour une liste d’union fut constituée avec les socialistes et il obtint 4 844 voix sur 10 496 suffrages exprimés mais ne fut pas élu. Il se représenta aux élections municipales des 5 et 12 mai 1935 sur la liste communiste opposée à la Liste d’entente municipale du maire Paul Vautrin et à une liste radicale-socialiste. Il obtint au premier tour 2 439 voix sur 11 159 suffrages exprimés. Il ne fut pas élu.
Il fut aussi candidat aux élections complémentaires au conseil d’arrondissement de Metz des 1er et 8 mai 1927 pour le canton de Metz 1. Candidat communiste, il obtint au second tour 374 voix sur 920 suffrages exprimés. Arrivé à égalité avec le candidat conservateur M. Goulon, ce dernier fut élu au bénéfice de l’âge.
En mai 1928, il se présenta lors des élections cantonales partielles visant à pourvoir le siège laissé vacant par le décès du docteur Maret, élu du canton de Metz-ville. Il obtint au premier tour 413 voix sur 1 468 suffrages exprimés. Au second tour, il obtint 414 voix sur 1 481 suffrages exprimés et termina dernier d’une triangulaire remportée par Albert Hussenet. Il se représenta pour le PC aux élections cantonales des 18 et 25 octobre 1931 dans le canton de Metz II. Il obtint au premier tour 488 voix sur 2 140 suffrages exprimés. Il arriva en deuxième position derrière l’adjoint au maire de Metz Émile Hennequin (URD, droite) qui fut élu en rassemblant 1 189 voix.
Il avait été désigné comme candidat aux élections législatives de mai 1932 par le comité du rayon communiste de la Moselle malgré l’opposition de la direction parisienne du PC. Lucien Noizette ne fut finalement pas candidat.
En mars 1930 il était l’un des neuf membres du comité qui dirigeait le syndicat unitaire des cheminots de Moselle.
À la fin du mois d’avril 1932 il participa à une réunion publique du Parti socialiste SFIO à Metz. Il défendit l’autonomie de l’Alsace-Lorraine en soulignant qu’il ne s’agissait pas de détacher les anciens départements annexés de la France mais de les doter d’une administration régionale. Il évoqua aussi la situation économique « florissante » de la Russie, soulignant que le pays ne connaissait pas le chômage.
En avril 1934 il fit lors de réunions publiques le compte rendu du congrès des locataires auquel il aurait participé à Prague (Tchécoslovaquie).
Le 5 janvier 1936 cent cinquante délégués mosellans de la CGT et de la CGTU constituèrent l’Union départementale unifiée qui rassemblait trente-cinq syndicats. Il participa activement aux débats portant notamment sur l’élection du comité devant diriger l’Union. Il était l’un des militants les plus actifs du rayon communiste de Metz-Montigny-Saint-Julien-lès-Metz. En février 1936 François Simon, qui assurait la présidence de cette structure, souhaita, en raison de problèmes de santé, lui passer le relais. Eugène Anstett s’opposa à sa nomination. Finalement Lucien Noizette assura une présidence intérimaire.
Il participa à la manifestation des partis politiques, syndicats et organisations associatives de gauche le 14 juillet 1936 au monument aux morts 1914-1918 à Metz pour célébrer la victoire du Front populaire aux élections législatives. À la fin du mois d’août 1936 il assura l’organisation à Metz d’un grand meeting de soutien à l’Espagne républicaine.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Lucien Noizette fit partie du groupe de résistance « Mario », le plus important du département de la Moselle, alors annexée à l’Allemagne. Ce groupe affilié au mouvement de résistance communiste Front national, avait été mis sur pied, au cours de l’été 1941, par l’instituteur messin Jean Burger, aidé par les cheminots Charles Hoeffel et Georges Wodli. L’activité clandestine de Lucien Noizette lui valut d’être arrêté par la Gestapo le 23 mai 1944 aux ateliers des chemins de fer de Montigny-lès-Metz et d’être emprisonné au SS Sonderlager du Fort de Queuleu dans la banlieue messine. Il fut ensuite transféré au camp de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin annexé) à la mi-août 1944, puis déporté au camp de Dachau (Allemagne) où il fut libéré le 29 avril 1945. Lucien Noizette avait été affecté au Kommando Bunkerbau-Dickenhoff où il fut particulièrement maltraité. Il obtint le titre de déporté résistant.
En mai 1945, Lucien Noizette fut élu au poste de délégué à la propagande au sein du comité directeur du Front national, fondé en Moselle au mois de février.
Il se représenta aux élections municipales du 23 septembre 1945 à Metz sur la Liste de l’union de la Résistance qui regroupait les syndicats et partis de gauche et des représentants de l’UNR. Il représentait le Front national. Sur 17 036 suffrages exprimés, la liste obtint une moyenne de 6 405 voix contre 9 558 pour la liste d’Entente communale (droite) menée par le maire sortant Gabriel Hocquard. La liste de la Résistance n’obtint aucun élu.
En 1946 il était vice-président de la Fédération départementale des déportés et internés politiques de Moselle et en 1949 il était membre du comité départemental de la FNDIRP.
Il était marié avec Hortense Chrismann.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article7104, notice NOIZETTE Lucien par Pierre Schill, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 4 avril 2012.

Par Pierre Schill

SOURCES : Arch. Dép. Moselle, 301 M 78 et 79 ; 303 M 70, 77 et 135 ; 310 M 95 ; 151 W 189 et 726 ; 24 Z 15 et 16. — Arch. Com. Metz, 1 K 72, 88, 94, 121. — Arch. Direction interdépartementale d’Alsace du secrétariat d’État à la Défense chargé des Anciens combattants, fichier du camp de Natzweiler-Struthof (renseignements fournis par Thierry Heidmann). — Arch. personnelles de Marguerite Obrecht et de Ralph Konopnicki. — Metzer Freies Journal, 8 mai 1935. — François Goldschmitt, Alsaciens et Lorrains à Dachau, tome 5, Les derniers jours de Dachau, Sarreguemines, Pierron, 1947, 79 p. — Léon Burger, Le Groupe « Mario », une page de la Résistance lorraine, Metz, Imprimerie Louis Hellenbrand, 1965, 194 p. — Gérard Diwo, Le communisme en Moselle (1925-1932) à travers les élections législatives d’avril 1928 et de mai 1932, M.M. d’histoire sous la direction d’Alfred Wahl, Université de Metz, 1983, 176 p. — Émile Reiland, « Les élections municipales à Metz depuis 1945 », Cahier du Cercle Jean Macé, n° 9, 1er trimestre 1983, p. 1 à 31. — Gérard Diwo, Les formations politiques en Moselle (21 octobre 1945-17 juin 1951), thèse de doctorat d’histoire sous la direction d’Alfred Wahl, Université de Metz, 1992, 2 tomes, 423 et 157 p. — Fernand Leroy, Montigny cité cheminote. Histoire des ateliers SNCF de Montigny-lès-Metz... qui n’a jamais eu de gare ! Metz, Union départementale d’économie sociale de Moselle, 1993 (2e édition), 127 p. — État-civil de Coutures et de Metz.

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