SUSINI Étienne

Né le 15 août 1839 à Sant’Andréa-d’Orcino (Corse), mort le 28 août 1908 à Sant’Andréa-d’Orcino ; docteur en médecine ; militant socialiste de la Seine ; maire socialiste de Sant’Andréa-d’Orcino (Corse).

Étienne Susini fit ses études à Marseille, où il devint interne à l’Hôtel-Dieu. Reçu docteur devant la Faculté de Paris, il exerça d’abord à Marseille où il se mêla au mouvement socialiste naissant et où il fut élu conseiller municipal. Il faisait partie de la cohorte qui, en mars 1871, arbora le drapeau rouge à la mairie et proclama la Commune à Marseille.
Étienne Susini fut un membre important du Cercle de l’Indépendance qui, après la Commune, groupa les survivants du mouvement communaliste et de l’AIT. En 1878, le Cercle soutint Blanqui comme candidat à la députation, ce qui entraîna une rupture avec les socialistes de l’équipe de la Jeune République, organisatrice du IIIe congrès ouvrier (Marseille, octobre 1879). Susini, après avoir aidé à l’organisation du congrès, le boycotta. Les organisateurs décidèrent alors que les radicaux ne seraient point officiellement invités au congrès, mais devraient solliciter individuellement une carte d’entrée. Presque tous s’abstinrent, notamment le docteur Susini.
Arrêté et emprisonné en 1881 pour avoir fait l’apologie de Sophie Pérowskaja, condamnée à mort à la suite de l’attentat contre le tsar Alexandre II, Susini quitta Marseille et rejoignit, à Paris, son ami Émile Eudes, avec lequel il milita dans le XXe arr. Le 3 juin 1886, il fut acquitté par la cour d’assises de la Seine devant laquelle il comparaissait en compagnie de Jules Guesde pour avoir parlé au théâtre du Château-d’Eau en faveur des grévistes de Decazeville. En 1887, il participa activement à l’agitation populaire contre la candidature de Jules Ferry à la présidence de la République. Militant du CRC, il fut délégué au congrès de l’Internationale de Bruxelles en 1891. À la veille de l’unité à laquelle il travailla, Susini habitait le XVe arr. de Paris. Malgré son âge, il milita dans la nouvelle XVe section socialiste SFIO et dans la fédération de la Seine qu’il représenta au congrès national de Nancy (1907). Le 18 mars 1908, quelques mois avant sa mort, il fut malmené par la police, quand il prononça son rituel discours commémoratif de la Commune au cimetière Montparnasse.
Il était alors l’élu de son bourg natal corse après avoir essuyé plusieurs échecs à Paris. Aux élections municipales dans le XXe arr. (quartier de Saint-Fargeau) : en mai 1887, il fut le candidat du CRC et recueillit 441 voix contre 445 au possibiliste Alexandre Rétiés qui l’emporta au ballottage ; en 1890, il obtint 9,39 % des voix comme candidat indépendant ; en 1893, à nouveau sous l’étiquette du CRC il obtint 7,16 % et en 1894, candidat indépendant, il obtint 5,21 % des voix. Il résidait alors dans ce quartier au 60 rue de Bagnolet. Aux élections législatives de 1885, il figura sur la « liste de coalition socialiste révolutionnaire » menée par Rochefort et sur la « liste fédérative socialiste » : il obtint 12 832 voix. Aux élections de septembre 1889, au scrutin uninominal, il fut candidat contre Rochefort dans la 1re circonscription du XXe arr., et c’est en partie grâce à son désistement que J.-B. Dumay battit ce dernier. Susini avait recueilli 592 suffrages, derrière deux autres socialistes, Dumay (2 468) et Camélinat (1 358). En 1904, il fut élu conseiller municipal de Sant’Andréa-d’Orcino (Corse), en devint le maire et le demeura jusqu’en 1908.
Quelques mois avant sa mort le docteur Susini avait succédé à Bastianaggi comme délégué titulaire de la fédération socialiste corse.
Susini était fier de se dire le premier élu révolutionnaire de la Corse. Il était le disciple de Blanqui dont il avait été l’ami et le médecin et qu’il hébergea à plusieurs reprises à sa sortie de Clairvaux. Orateur entraînant, il devait sa force de persuasion autant à ses convictions personnelles profondes qu’à son talent et à sa culture. Il milita jusqu’au bout sans jamais cesser d’exercer sa profession. Il mourut des suites d’une chute de voiture qu’il fit en allant visiter un malade.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article71375, notice SUSINI Étienne, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 3 novembre 2022.

ŒUVRE : L’Institut français d’Histoire sociale de Paris possède une lettre de Susini à Eudes, datée du 2 mars 1888, (cote : 14 A.S. 99 bis).

SOURCES : Arch. Nat. F 7/ 12 488. — Arch. Mun. Marseille, listes électorales 1879. — La Jeune République, 1878-1879-1880. — J. Coulet, Histoire du Socialisme à Marseille. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes, III. pp. 132, 136 et 166. — A. Zévaès, Le Parti socialiste en France depuis 1871, Paris, 1908, 353 p. (p. 94). — L’Humanité, 3 septembre 1908.

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