BELMIHOUB Rouzik

Par Amar Benamrouche, René Gallissot et Abderahim Taleb-Bendiab

Né le 21 juin 1905 à Bougie (Béjaïa, Algérie), mort en novembre 1982 à Alger (Algérie) ; syndicaliste cheminot à la CGTU puis à la CGT à Alger ; membre du Comité de grèves de novembre-décembre 1947 ; secrétaire de l’Union CGT des cheminots (1950) ; à la Commission des Affaires sociales et syndicales du MTLD, organisateur des noyaux nationalistes à l’intérieur de la CGT ; arrêté et torturé après la grève de huit jours à l’appel du FLN et de l’UGTA en janvier 1957 ; après l’indépendance, partisan de l’autonomie syndicale, refusa toutes responsabiliités syndicales et politiques.

Rouzik Belmihoub a commencé à travailler aux chemins de fer dans les années 1920 et semble avoir été très tôt un militant syndicaliste. En 1936, au moment de la réunification de la CGTU de mouvance communiste et de la CGT de mouvance socialiste, dans la seule CGT française, Rouzik Belmihoub organisa, tout en maintenant et préconisant l’appartenance à la CGT, une amicale des employés algériens des chemins de fer. Dès 1937-1938, il était connu comme militant nationaliste du PPA.
Après avoir exercé différentes responsabilités au syndicat CGT des cheminots, Rouzik Belmihoub fit partie en 1947 du comité de direction des grèves très dures de novembre-décembre. En 1950, il devint secrétaire de l’Union CGT des cheminots. Parallèlement, il appartint à la Commission des Affaires sociales mise en place pour suivre l’action syndicale par le MTLD-PPA ; il préconisa de créer des cellules d’entreprise comme les communistes pour intervenir à la CGT et mener en même temps une action distincte. Au moment de la création de l’UGTA en février 1956, il fut sollicité pour entrer dans le premier secrétariat de la nouvelle centrale mais déclina la proposition. Après la grève des huit jours à l’appel du FLN et de l’UGTA à la fin janvier 1957, qui marqua l’ouverture de la tragique Bataille d’Alger, il fut arrêté avec les syndicalistes du comité d’Alger, dont Brahim Zerdani, et subit les pires sévices de la part du groupe de parachutistes abrité à l’hôtel Aletti dont le jeune député poujadiste Le Pen alors au service militaire.
Sa fille, Myriem, alors étudiante, montée au maquis en mai 1956 et servant comme infirmière de l’ALN, fut également arrêtée en juillet 1957. Après l’indépendance, elle fut députée d’Alger (1962-1964) et refusa d’approuver la mention du parti unique (FLN) lors du vote de la constitution. Elle épousa plus tard Abdellaziz Zerdani ministre du travail en 1965. Devenue avocate au barreau d’Alger, Myriem Belmihoub fut de tous les combats pour un avenir démocatique de l’Algérie et défendit notamment la cause des femmes contre les normes rétrogrades du code de la famille (1984). Elle accepta d’être ministre-conseiller pour les Affaires juridiques et administratives auprès du chef du gouvernement en 1992 et d’être désignée comme membre du Sénat (Conseil de la nation) en décembre 1997.
Après l’indépendance, son père Rouzik Belmihoub s’employa à défendre l’autonomie du mouvement syndical. Il protesta contre la caporalisation de l’UGTA que pratiquait et le gouvernement de Ben Bella et la direction du FLN ; il fut l’un des signataires de la pétition qui devait être présentée au premier congrès de l’UGTA en janvier 1963 ; mais à la suite du coup de force sur le congrès qui, par camions, a fait la salle et la majorité et imposé une nouvelle direction à la centrale syndicale, il s’éloigna de toute activité syndicale et politique et prit sa retraite.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article715, notice BELMIHOUB Rouzik par Amar Benamrouche, René Gallissot et Abderahim Taleb-Bendiab, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 16 avril 2012.

Par Amar Benamrouche, René Gallissot et Abderahim Taleb-Bendiab

SOURCES : Alger républicain, L’Ouvrier algérien, El Moudjahid. — Benjamin Stora, Dictionnaire biographique des militants nationalistes algériens, op.cit. — B. Bourouiba, Les syndicalistes algériens, op.cit. — A. Cheurfi, La classe politique algérienne de 1900 à nos jours, Casbah-éditions, Alger, 2001.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable