TÉTARD Étienne

Par Michel Thébault

Né le 9 mai 1849 à Le Grand-Bourg (Creuse) ; maçon de la Creuse ; garde national de Paris ; communard, déporté en Nouvelle-Calédonie.

Étienne Tétard était le fils de Marie Tétard servante âgée de 25 ans, domiciliée au village de Salagnac commune du Grand-Bourg. Il devint maçon de la Creuse, une migration saisonnière qui culmina au XIXe siècle et qui voyait chaque année, les migrants quitter leur village pour travailler sur les grands chantiers de Paris. Célibataire, âgé de 21 ans en 1870, quoique réformé, il s’engagea volontairement dans le 59e régiment de ligne pour la durée de la guerre. Licencié le 9 mars 1871, « sans ressources », dit-il, « ce qui semble exact » d’après le commissaire de police qui enquêta sur lui avant son passage en conseil de guerre, il devint garde dans 160e bataillon de la Garde nationale de Paris appartenant à la Ve Légion du Ve arrondissement. Ouvrier maçon, il était alors domicilié dans le Ve arrondissement, 6 rue Maître-Albert. La plupart des chantiers étant arrêtés en 1871 à Paris, beaucoup de migrants, en particulier des maçons de la Creuse comme Étienne Tétard, s’engagèrent, comme les ouvriers parisiens, dans la Garde nationale par conviction politique et faute de travail (les gardes percevaient une solde de un franc cinquante par jour). Étienne Tétard se trouva sur plusieurs barricades et fut fait prisonnier le 29 avril 1871.

Il fut incarcéré dans l’attente de son jugement dans le secteur de Rochefort, sur l’île d’Oléron au fort des Saumonards (commune de Saint-Georges-d’Oléron, Charente-Maritime). Il fut ramené en région parisienne et traduit devant un Conseil de guerre. Il fut condamné à Sèvres le 14 avril 1872 par le 10e conseil de guerre. Il fut reconnu coupable « d’avoir en mars, avril et mai 1871 à Paris dans un mouvement insurrectionnel porté des armes apparentes ou cachées et des munitions, étant revêtu d’un uniforme et d’avoir fait usage de ses armes. » Il fut condamné à la déportation simple et à la dégradation civique. Il embarqua le 31 juillet 1872 sur le transport à vapeur La Garonne et parvint en Nouvelle-Calédonie le 5 novembre 1872. Il fut interné à l’île des Pins le 12 novembre. À l’île des Pins, il avait une bonne conduite et cultivait assez bien une importante concession. Le 11 août 1877, il vit sa peine commuée en sept ans de détention, à courir du jugement ; le 9 septembre 1878, il obtint la remise du reste de sa condamnation et rentra par le Navarin.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article71585, notice TÉTARD Étienne par Michel Thébault, version mise en ligne le 8 juin 2022, dernière modification le 8 juin 2022.

Par Michel Thébault

SOURCES : Arch. Dép. Creuse (état civil). — Arch. Nat., BB 24/839 et BB 27. — Arch. Nat. Outre-Mer (ANOM) COL H 102 — Jean-Claude Farcy, La répression judiciaire de la Commune de Paris : des pontons à l’amnistie (1871-1880). — Pierre Urien, Les communards creusois et la vindicte versaillaise, Mémoires de la Société des Sciences naturelles, archéologiques et historiques de la Creuse (SSNAH), 1993.

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