Par Jean Lorcin, Jean-Michel Steiner
Né le 15 novembre 1905 à Montvendre (Drôme), mort le 20 novembre 1961 à Saint-Étienne (Loire) ; cheminot puis représentant ; syndicaliste unitaire (CGTU) et militant communiste de la Loire, secrétaire de la région de la Loire du PC ; adjoint au maire de Saint-Étienne (1939).
Fils de Louis Henri Alexis, agriculteur et d’Anaïs Nésida Mounier, Louis Ollier était l’aîné d’une famille de quatre enfants. Il entra tout jeune comme surveillant au PLM de Saint-Étienne, puis devint surveillant principal ébéniste au service électrique de la SNCF. Louis Ollier était secrétaire du syndicat CGTU des cheminots de Saint-Étienne et membre du comité du rayon communiste. Il joua un rôle actif dans la réunification syndicale en 1935 en tant que secrétaire du Comité d’entente (CGT-CGTU). Ayant fréquenté les écoles du parti, il fut élu secrétaire de la Fédération régionale du Parti communiste avec Barthélémy Ramier, Dolmazon*, Marie Doron* et fut délégué au congrès national de Villeurbanne en 1936. En 1938, il fut réélu secrétaire de la région de la Loire et Haute-Loire avec Gabriel Roucaute et Barthélémy Ramier.
Élu conseiller municipal de Saint-Étienne, le 12 mai 1935, sur une liste de Front populaire, il remplaça l’adjoint communiste Dolmazon, chargé des services des Transports, des Beaux-Arts, des Travaux neufs et des Fêtes publiques après la démission de ce dernier en 1939. C’est pendant son mandat que les tramways Raspail-Le Soleil furent remplacés par des autobus. Il dirigea également les fêtes organisées à l’occasion du 150e anniversaire de la Révolution française.
N’ayant pas accepté le déplacement à Paris, véritable défi « au suffrage universel « (le Cri du peuple, 17 août 1935) que l’administration voulait lui imposer au lendemain des élections municipales de 1935, Louis Ollier fut mis en disponibilité. Candidat au conseil d’arrondissement dans le canton sud-ouest de Saint-Étienne en 1937, il voyait dans ces élections le moyen pour le Parti communiste de « consolider le Front populaire » (le Cri du peuple, 2 septembre 1937). Il en profita pour attaquer le gouvernement Léon Blum qu’il rendait responsable des difficultés économiques du moment pour s’être « éloigné » du programme du Front populaire. Ollier obtint 3 490 suffrages sur 7 260 suffrages exprimés, contre 3 751 au radical indépendant Fauchery qui fut élu.
En 1938, la question des transports opposa Ollier au maire de Saint-Étienne, Louis Soulié : en effet, les conseillers communistes voulaient résister aux pressions de la Compagnie des tramways (CFVE) qui menaçait de diminuer les salaires de ses employés si les tarifs n’étaient pas augmentés (la Tribune, 4 septembre 1938) alors que le maire, avec la majorité du conseil municipal, penchait pour le relèvement des tarifs, si impopulaire fût-il. Au reste, le préfet avait à l’avance refusé d’approuver une délibération qui ne comportait pas une telle augmentation.
L’offensive « laïque » du début de l’année 1939 contribua à élargir le fossé qui séparait déjà les socialistes des communistes. Louis Ollier vit un piège dans la « journée laïque » du 12 mars, organisée par la Fédération départementale des œuvres scolaires : n’y avait-on pas invité des organisations aussi peu représentatives, aux yeux du PC, que les pivertistes du PSOP et les frontistes de Gaston Bergery ? Louis Ollier, au nom de la région communiste, ne se rendit pas moins au congrès, sur invitation de la Fédération des œuvres post-scolaires.
Lors de la séance du 31 août 1939, Ollier eut la charge difficile de présenter devant un conseil municipal et un public en majorité hostiles, la position de la fraction communiste au lendemain du Pacte germano-soviétique : elle appelait tous les amis de la paix à s’unir pour résister à la barbarie fasciste, « malgré les divergences d’appréciation sur l’action diplomatique de l’URSS ».
Mobilisé comme conducteur à la 95e Cie hippomobile au dépôt du Train n° 14 à Lyon, Louis Ollier, déchu de son mandat de conseiller municipal par un arrêté du 6 février 1940, en application d’une loi du 20 janvier 1940 frappant les élus communistes qui n’avaient pas renié le Pacte germano-soviétique, participa à la campagne de Belgique et fut fait prisonnier au cours de la retraite le 31 mai 1940.
Il ne fut rapatrié que le 31 mai 1945 et reprit alors sa place à la tête du Parti communiste de la Loire.
Membre du comité fédéral, il était secrétaire de la section du Soleil. Il fut en outre appelé au poste « difficile » d’administrateur du Cri du Peuple « dont il (prolongea) l’existence pendant des mois » (Le Patriote, 17 mars 1949). Il ne put empêcher toutefois la disparition du titre au début de 1947.
Rétabli dans ses fonctions au conseil municipal provisoire de Saint-Étienne par le Comité départemental de Libération, le 24 août 1944, il fut réélu en mai 1945 et le 19 octobre 1947, parmi l’opposition communiste au Conseil que conduisait Claudius Buard.
Louis Ollier fut le candidat de l’URR aux élections cantonales des 20 et 27 mars 1949 dans le canton de Saint-Étienne Nord-Est. Au cours de la campagne électorale, placée sous le signe de la lutte contre le plan Marshall, de la défense de l’école laïque et de l’application de l’échelle mobile des salaires, le quotidien Le Patriote mit l’accent sur ses prouesses boulistiques : « Très connu chez les sportifs et notamment par les boulistes, membre des Fédérations boulistes UFOLEP et FSGT », Louis Ollier « a été un fervent pratiquant, remportant de nombreux concours à Valence et dans le Dauphiné, à Auxerre, Sens, Melun, dans la région parisienne et notamment le grand concours international à Rennes en 1931. Ses tâches seules l’empêchèrent de pratiquer régulièrement après avoir remporté le challenge Sturbeau, disputé place Garibaldi, au Soleil, en 1932 » (« M. Louis Ollier », Le Patriote, 17 mars 1949). Au 2e tour, il fut battu par Michel Durafour qui se présenta, sous l’étiquette RPF, comme "le seul candidat anticommuniste". Ollier obtint 7 687 voix, Durafour 9 927, le candidat socialiste SFIO Tartas 1 326 voix (sur 29 384 inscrits, et 18 943 suffrages exprimés). Le candidat du MRP Carlen s’était désisté en faveur de Durafour. Lors du scrutin d’avril 1955, Louis Ollier laissa Michel Olagnier, tête de liste de l’opposition communiste au conseil municipal, se présenter dans le canton.
Il avait épousé Suzanne Ruel à Valence le 30 juillet 1929.
Par Jean Lorcin, Jean-Michel Steiner
SOURCES : RGASPI, 495 270 4699, autobiographie, Saint-Étienne 7 novembre 1937. — Arch. Dép. Loire, 4 M 129 et 6 M 62, 4 M 588, 2 W 16, 2 W 18, 2 W 76, 2 W 83 et 85, 2 W 109, 2 W 124, 85 W 94, 85 W 154. — Renseignements communiqués par Urbain Thévenon. — Bulletin municipal, Saint-Étienne, séance du 27 janvier 1939, 26 janvier 1948, 4 octobre 1948, 26 novembre 1948. — Le Cri du peuple, 1935-1939.— Etat civil.