PACAUD Joseph [pseudonyme dans la résistance : Sylvain]

Par Eric Panthou

Né le 22 août 1896 à Dompierre-sur-Besbre (Allier), mort le 27 mai 1981 à Chanat-la-Mouteyre (Puy-de-Dôme) ; cheminot révoqué ; ouvrier Michelin, renvoyé ; militant communiste, membre du Comité régional du PCF du Puy-de-Dôme ; résistant membre des Francs-tireurs et partisans (FTP),

Fils de journaliers, Joseph Pacaud fut mobilisé pendant la Première guerre mondiale. Puis il fut embauché comme ouvrier à la Compagnie de Chemin de Fer PLM à Clermont-Ferrand. Il adhéra au Parti communiste après le congrès de Tours (décembre 1920) et fut révoqué en 1921.
Les cheminots comme Pacaud ou Amable Pérol puis Julien Favard figurent parmi les militants les plus actifs au sein d’une PCF qui est faiblement implanté dans le Puy-de-Dôme.
Il travailla ensuite à l’usine Michelin à Clermont-Ferrand d’où il fut renvoyé en 1930.
Il n’est pas membre du Comité régional en 1931 mais y est au moins à partir de 1935 puis devient membre du Bureau régional en 1939. Il est considéré comme un bon élément, classé A par la Commission des Cadres.
Secrétaire du rayon communiste de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), il fut candidat aux élections législatives en 1936 dans la 2e circonscription de Clermont-Ferrand où il obtint 1 975 voix, soit 10,5 % des inscrits, doublant le nombre des voix communistes de 1932.
Pacaud est une figure connue et écoutée parmi les militants du PCF, bon orateur, mais il n’a pas la notoriété des communistes leaders syndicaux du caoutchouc, de la métallurgie ou du bâtiment. Son métier ne lui permet pas d’avoir une activité syndicale. Après avoir été chauffeur, il est négociant en vin, associé avec Tournaire, autre militant du PCF. D’ailleurs, il émet un rapport critique au Comité central en juin 1937 concernant “le manque de cohésion de camarades membres du comité de section et responsables syndicaux chez Michelin”. Il poursuite : "Je suis peut-être allé un peu fort en disant sectaire, mais néanmoins ce que je reproche à certains camarades responsables dans diverses organisations de masse et en même temps membres du Comité de section c’est de n’avoir pas toujours assisté régulièrement aux réunions du bureau et du comité de section, de faire aucun compte-rendu au comité de section du travail qu’ils effectuent au sein de ces diverses organisations, de discuter et de soumettre au comité de section les décisions à prendre dans ces diverses organisations." Il déplore ainsi l’absence du secrétaire du syndicat des métaux et de celui chez Michelin, Robert Marchadier, à la Conférence du Parti, sans même qu’ils aient prévenu. C’est pourtant Pacaud qui est présenté comme celui qui forma syndicalement et politiquement Marchadier au début des années trente.
Cette critique est sans doute en partie à la racine de la mise à l’écart de Marchadier au milieu des années 1950 alors qu’il est secrétaire de l’UD CGT.
A la veille de la guerre, Pacaud est responsable de la Section Sud du Rayon de Clermont-Ferrand. L’une des cellules d’entreprise Michelin a pris son nom en 1937.
Après avoir été mobilisé en 1939, il revient à Clermont-Ferrand après l’Armistice. Il a fait partie du groupe de militants identifiés par la police comme ancien propagandistes communistes et devant, sur demande du préfet par lettre du 20 août 1940, être convoqués pour se voir signifier leur internement en cas de la moindre agitation. Les militants convoqués devaient émarger pour attester avoir pris connaissance de cette mise en garde. A l’automne 1941 l’administration de Pétain s’intéresse à lui.
Selon l’attestation qu’il a établi pour André Voisse en 1957, Joseph Pacaud déclare faire partie des membres fondateurs du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France (FN) à Clermont-Ferrand, donc précisément au moment où l’Administration s’intéresse à lui. Un rapport constate qu’aucun élément précis n’a pu être relevé à la charge de Pacaud. Néanmoins, eu égard au passé politique de ce militant très connu et écouté, on préconise qu’il fasse immédiatement l’objet d’une mesure d’internement administrative. Il est arrêté le 21 octobre 1941, interné au camp de Nexon (Haute-Vienne) puis libéré en mai 1942.

Reprenant contact avec le Parti, il entre dans la Résistance, constitue le maquis de Charonnet, bois de la Brousse, qui constitue les prémices de ce qui va devenir à partir de mars 1943 le camp Gabriel Péri, dans les Combrailles. Puis il est envoyé à Montluçon à partir du début 1943. C’est là qu’il met sur pied l’organisation du Parti dans le département mais aussi dans le Cher. Il est membre de l’État-major FTP et reconnu FI, avec comme date de départ le 1er juillet 1943 et le grade de Commandant FTPF. Il se présente comme délégué permanent du Front national au Comité militaire FTP de l’Allier. Il prend une part active à la Libération de la ville.
En 1943, un militant communiste de Gannat (Allier) déclara avoir eu la visite du camarade SYLVAIN (alias Pacaud), responsable départemental du PC. S’agissait-il de Pacaud dont on ignore le nom de résistant ?
Il revient à Clermont-Ferrand en février 1945. S’il reprend place au sein du Parti, il ne figure plus au sein du Comité fédéral du département à l’exception de l’année 1946 où il est élu lors de la 2nde conférence annuelle du Parti le 2 août 1946.

Il est enterré dans sa commune d’origine.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article7200, notice PACAUD Joseph [pseudonyme dans la résistance : Sylvain] par Eric Panthou, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 9 décembre 2020.

Par Eric Panthou

SOURCES : Arch. Dép. Puy-de-Dôme (AD63) : M 04366. — État civil-. RGASPI 495 270 4017 transcrit comme Paco Joseph, dossier non consulté.- RAGSPI : Fonds de la direction du Parti Communiste Français : 1939. Dossier 1909 : Composition du bureau régional. — SHD Vincennes, GR 16 P 453650, dossier Joseph Pacaud (nc) . — “Notre camarade Joseph Pacaud est de retour”, La Voix du Peuple, février 1945. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 1296 W 100 : Rapport du commissaire de Police Judiciaire Pigeon à Monsieur le Commissaire divisionnaire Chef de la 2éme Section à l’Inspection Générale des Services de Police Judiciaire, le 13 octobre 1941. — Arch. dép. du Puy-de-Dôme 1296 W 100 : Rapport du commissaire de Police Judiciaire Pigeon à Monsieur le Commissaire divisionnaire Chef de la 2éme Section à l’Inspection Générale des Services de Police Judiciaire, le 23 octobre 1941. — Notice nécrologique, Résistance d’Auvergne, n°43, juillet 1981. — Fonds de la Section Française de l’Internationale Communiste : cote 517-1-1865 : Région Puy-de-Dôme, Rapport au Comité central sur la conférence de section de Clermont-Ferrand, tenue le 1er juin 1937, par Joseph Pacaud . — Jean Sanitas, Des “terroristes” auvergnats qui savaient se battre et mourir, Paris, éditions L’Harmattan, 1997, p. 32 . — La Voix du Peuple, 10 août 1946. —Éléments complémentaires concernant la responsabilité de Pacaud chez les FTPF de l’Allier transmis par Henri-Ferréol Billy le 12 février 2018.

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