VASSEUR Jean

Né en 1835 à Paris, ouvrier ferblantier, fondateur de la section marseillaise de l’Association Internationale des Travailleurs en juillet 1867. Selon les Minutes..., op. cit. Vasseur est né en octobre 1838 et mort le 28 juillet 1868.

Le nom de Vasseur ne figure pas au bas de la première déclaration de l’association au préfet des Bouches-du-Rhône, 14 septembre 1867 (voir Rousseau L., Pascal G. et Roger J.). Vasseur, ayant assisté, du 9 au 12 septembre, au congrès de la Paix et de la Liberté à Genève, n’était peut-être pas de retour à Marseille. Il fut seulement signataire de la déclaration de changement de siège du 7 janvier 1868.
Originaire du Nord, Vasseur habitait Marseille depuis novembre 1865 (24, rue des Petits-Pères à l’époque du Congrès de Lausanne, 1867). Il y jouissait « de l’estime publique », et, d’après un rapport de police du 28 janvier 1868, il aurait été « en faveur du Gouvernement actuel » (M 6/164).
Quoi qu’il en soit, il devint un militant actif de l’Internationale et il représenta les sections de Marseille et de Fuveau (les mineurs de Fuveau s’étaient mis en grève en avril 1867 et furent soutenus par l’Internationale) au 2e congrès de l’AIT réuni du 2 au 8 septembre 1867 à Lausanne ; et le Conseil général de Londres, dans son rapport au congrès, rendit hommage « à la courageuse propagande du citoyen Vasseur » (Procès-Verbaux, Congrès de Lausanne, op. cit.).
James Guillaume, qui assistait au Congrès comme délégué et en rendit compte dans Diogène (numéros du 27 septembre au 24 octobre 1867), habita avec quelques Français à l’hôtel du Raisin et présenta ainsi le représentant des Sections de Marseille et Fuveau : « Le Marseillais s’appelle Vasseur, ferblantier et chansonnier, un petit homme né dans le département du Nord et bruni par le soleil de Marseille ; il porte une immense crinière noire rejetée en arrière et qui lui couvre les épaules, et de toutes les vieilles croyances du passé il n’a conservé qu’un dogme, le plus inoffensif et auquel il s’attache avec opiniâtreté, c’est que la chanson n’est pas morte » (J. Guillaume, L’Internationale, t. I, p. 31).
Vasseur suivit avec assiduité les séances du Congrès — il ne fut noté absent que deux fois sur quinze appels (cf. Procès-Verbaux du Congrès... op. cit., p. 79) et, d’après Testut (L’Internationale, op. cit., p. 129), fut un des quatre secrétaires du congrès auquel il prit une part active.
Le 7 septembre, après une communication sur le marché du travail dans les Bouches-du-Rhône, il présenta, appuyé par Chemalé et d’accord avec les deux délégués italiens Stampa et Tanari, la résolution suivante que le congrès adopta à l’unanimité :
« Considérant que la classe ouvrière du département des Bouches-du-Rhône en général, de Marseille et Fuveau en particulier, est écrasée par la concurrence piémontaise et italienne ;
« Que les intérêts des mineurs principalement sont gravement compromis, sans qu’il soit pour cela donné une juste satisfaction aux ouvriers piémontais qui leur font cette concurrence désastreuse ;
« Le congrès engage les ouvriers piémontais résidant en France ou ailleurs à se rallier aux principes de l’Association internationale des travailleurs ; car avant d’être Piémontais ou Italiens, ils sont des producteurs, et ils ne doivent pas plus que d’autres endurer la misère ». (Procès-Verbaux, Congrès de Lausanne, op. cit.).
Une commission de six membres dont firent partie Chassin de Villefranche-sur-Saône et Vasseur fut constituée pour étudier la 6e question portée à l’ordre du jour du congrès et ainsi libellée :
« Définition et rôle de l’État. — Services publics, transport et circulation. — Intérêts collectifs et individuels. — L’État considéré comme justicier et gardien des contrats. Droit de punir ».
C’est Vasseur qui présenta le rapport sur cette importante question et voici un fragment de ses conclusions proudhoniennes sur l’État, qui furent adoptées par le congrès :
« 1°—L’État n’est ou ne devrait être que le strict exécuteur des lois votées et reconnues par les citoyens ;
« 2°—Les efforts des nations doivent tendre à rendre l’État propriétaire des moyens de transport et de circulation, afin d’anéantir le puissant monopole des grandes compagnies, qui, en soumettant la classe ouvrière à leurs lois arbitraires, attaquent à la fois et la dignité de l’homme et la liberté individuelle. Par cette voie on arrivera à donner satisfaction à la fois à l’intérêt collectif et à l’intérêt individuel ». (Procès-Verbaux, Congrès de Lausanne, op. cit.).

À l’issue du congrès de l’Internationale, Vasseur assista à celui de la Paix et de la Liberté qui se tint à Genève du 9 au 12 septembre.
D’après un rapport du procureur général de la cour d’appel de Bruxelles en date du 27 mai 1869 adressé au procureur impérial à Aix (Bouches-du-Rhône), Vasseur, veuf, père de deux enfants, aurait été décédé à cette époque. Le procureur impérial répondit le 17 juin : « Le nommé Vasseur est tout à fait inconnu à Marseille » ! Selon les Minutes du Conseil général, Vasseur mourut en 1868, le 28 juillet.

Liste de 121 personnes ayant appartenu à la section de Marseille de l’AIT et dont nous avons pu retrouver les noms :
Abadie J., Adrien, Aillaud J.B., Alerini Ch., Arier G., Arnaud G., Arnaud H., Aye J., Bardel H., Bastelica A., Baume A., Beraud J., Bernard P., Bertoland J., Bichet, Biscarel, Blanc J., Blanc M., Bonifay A., Bonnefoy J.B., Borde J.F., Bosc V., Bosio J., Bourgué T., Bourguet, Boyer, Brayer F., Bret J., Brun E., Brunet, Bugna, Chachuat H., Chalandon G., Chauvin A., Chave L., Cloquemin J., Colasse P., Combe E., Conchoud J., Constant L., Conteville A., Delpech L., Dourgnon L., Driot J.B., Ducros, Dulbecco J.-B., Dumeny G., Duperron J.P., Durand A., Durand F., Durand P., Fabre B., Fabre S., Ferrari J., Fiastre L., Folette E., Fontaneau E., Fontès A., Fourreau A., Franc, Gaffas G., Gamel V., Gandolphe L., Gay P., Gayet J., Gensoul, Gerniche, Gilbert P., Giraud P., Godonel, Gossen, Granier A.A., Guiraud, Henriot F., Hermitte F., Lafond E., Lassus A., Laurentie G., Lemonnier A., Lombard, Longueville F., Lozier E., Mabilly P.L., Malabura, Malassy, Martel J., Masse F., Massol P., Matheron C., Maviel, Meunier-Rivière G., Meyer J., Minovis F., Mollard, Morel A., Mury A., Pacini P., Pancin A., Pascal G., Peleny J., Peltier, Péthioux M., Pillard J.B., Poletti E., Reyfort M., Roche J., Roger J., Rohn-Felder, Romanin M., Rousseau L., Roux E., Salicis L., Sénéchal H., Serrière, Simard J.B., Tardif, Taulanne L., Vasseur J., Venel Ch., Vieux.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article72353, notice VASSEUR Jean, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 3 octobre 2020.

SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M 6/164. — Olivesi, La Commune de 1871 à Marseille et ses origines. — Procès-Verbaux du Congrès de l’AIT réuni à Lausanne du 2 au 8 septembre 1867, cf. J. Freymond, op. cit. — J. Guillaume, L’Internationale, documents et souvenirs. — Minutes..., 2e vol., op. cit. Lucien Gaillard, La section marseillaise de l’Internationale, Marseille, Cahier du CIRA n°5, 1970.

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