PANISSE Eugène, Louis

Par Antoine Olivesi

Né le 29 décembre 1900 à Puget-Ville (Var), mort à Arles le 2 janvier 1971 ; cheminot ; militant syndicaliste unitaire puis CGT et militant communiste ; conseiller général d’Arles.

Fils d’Antoine Panisse, maréchal-ferrant, et de Louise Laure, marié le 26 avril 1936 à Arles avec Marguerite Richard, père d’un enfant, Eugène Panisse avait été révoqué de la Compagnie du PLM lors de la grève de 1920. Il était devenu homme d’équipe à la Compagnie des chemins de fer de Camargue où il resta quinze ans. Il entra en 1933 dans les services de la mairie d’Arles.
Syndicaliste très actif, il avait été secrétaire général du syndicat unitaire des cheminots de Camargue de 1921 à 1933. Militant communiste depuis 1927, il était également secrétaire de la cellule communiste qui comptait alors une quarantaine d’adhérents. En 1931, il avait été le candidat du Parti communiste aux élections pour le conseil d’arrondissement dans le canton d’Arles-Est. Devenu employé municipal, il continua à mener de front responsabilités syndicales et engagement politique. Il fut élu secrétaire adjoint du syndicat des employés municipaux dès 1933 et le resta jusqu’en1938. Le 11 novembre 1934, Eugène Panisse participa à une manifestation contre le maire qui rassembla trois mille personnes à Arles. Après des incidents, Panisse fut arrêté avec quelques militants, mais l’hôtel de ville fut envahi par la foule. Libéré, Panisse prononça un discours et conduisit dans la ville le cortège. Il fut condamné par le tribunal correctionnel de Tarascon le 20 novembre 1934 à un mois de prison pour outrages à magistrat de l’ordre administratif. Dans cette conjoncture, il se présenta sur la liste communiste aux élections municipales partielles du 2 décembre. Panisse fut encore candidat, aux élections municipales, en mai 1935. Deux ans plus tard, en octobre 1937, il fut élu conseiller général d’Arles-est. Du 25 au 29 décembre, il fut chargé de l’organisation matérielle du congrès national du PC à Arles. En janvier 1936, Panisse avait participé au congrès de fusion et avait été élu membre de la commission administrative de l’Union départementale CGT réunifiée. Il fut réélu membre titulaire au congrès de Marseille, en juin 1938. Il était délégué du personnel des employés auprès de la commission paritaire d’Arles en 1937-1938.

Mobilisé en 1939 au 4e Génie de Grenoble, il retourna à la vie civile en juillet 1940. Il avait été déchu de son mandat de conseiller général le 15 février 1940 et révoqué le 9 mars par arrêté du maire d’Arles de ses fonctions de mécanicien du service municipal à la voirie. Considéré par la police de la ville comme « élément dangereux pour l’ordre social », n’ayant en rien abandonné son idéologie, il fut proposé à l’internement administratif. L’arrêté préfectoral l’envoyant au camp de Chibron (commune de Signes, Var) date du 20 septembre 1940. À la dissolution du camp de Chibron, il fut transféré dans celui de Saint-Sulpice-la Pointe (Tarn) le 14 février 1941, puis dans celui de Nexon (Haute-Vienne) le 20 juillet suivant. Le sous-préfet d’Arles donna un avis défavorable à sa libération, le 26 novembre 1941, mais donna son accord pour une permission de trois ou quatre jours. Son épouse était atteinte d’une maladie incurable. Interrogé par le commissaire spécial du camp le 5 mai 1942, il affirma n’avoir rien compris au pacte germano-soviétique et avoir rompu avec le parti communiste depuis sa dissolution. Il prit l’engagement de se conformer aux lois et décrets, de ne rien faire portant atteinte à la politique du Maréchal et de travailler sincèrement au relèvement du pays. Il fut déplacé au camp de Saint-Paul d’Eyjaux (Haute-Vienne), le 12 août 1942. L’intendant de police de Marseille resta sur avis défavorable à sa libération, le 12 octobre suivant. Compte tenu de son « attitude correcte », le chef du camp d’internement se prononça en faveur de sa libération le 11 juin 1943 et fut suivi par la police. Eugène Panisse ne fut pas libéré. Il fit partie du très gros convoi qui parti de Toulouse le 30 juillet 1944 et arriva au camp de Buchenwald cinq jours après. Il portait le matricule 75414. Il survécut à la déportation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article7246, notice PANISSE Eugène, Louis par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 7 septembre 2021.

Par Antoine Olivesi

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, III M/53, 54, 55 et 56 ; V M 2 /282 ; XIV 2M/62, M6 /10805, 10933, 11243, 11379 (anciennes cotes), 5 W 205 (dossier d’internement). — Arch. Dép. Var, 4 M 291. — Rouge-Midi, 17 novembre 1934, 3 octobre 1935 (photo). — Le Midi syndicaliste, 15 janvier 1936 et 20 juillet 1938.— Association du Musée de la Résistance et de la Déportation d’Arles et du pays d’Arles, Résister en pays d’Arles, 1944-2014, 70e anniversaire de la Libération, Arles, Actes Sud/AMRD d’Arles et du pays d’Arles, 2014, p. 78. — renseignements Jean-Marie Guillon.

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