VIEU Louis, Charles, dit Halt Robert

Par Jean-Louis Robert

Né le 26 août 1827 à Montpellier (Hérault), mort le 10 novembre 1896 à Paris XVIe arrondissement, ; journaliste et homme de lettres communard.

Fils d’un cuisinier, élevé dans la religion catholique, licencié ès-lettres à l’Université de Montpellier, puis, un temps, professeur dans une maison religieuse, Vieu abandonna religion et province pour monter à Paris faire une carrière littéraire sous le pseudonyme de Robert Halt. Il publia, en 1866, Une cure du docteur Pontalais qui lui valut quelques ennuis en raison de ses tendances laïques, puis en 1868 Madame Frainex, roman favorable aux droits de la femme. Ces deux romans lui assurèrent alors une grande popularité dans les milieux républicains. Madame Frainex fut interdit de diffusion par la commission du colportage en mai 1868 et son adaptation en pièce de théâtre pour Le Vaudeville fut interdite en 1870 et 1872.
Robert Halt fut élu en mars 1868 au conseil d’administration de la Société des gens de lettres, sur la liste d’opposition républicaine (qui fut entièrement élue).
Halt écrivit dans Le Courrier français ou Le Rappel, des articles républicains, dénonçant l’autoritarisme de l’Empire et la médiocrité politique des bourgeois. Il soutint dans une réunion publique, le 19 mai 1869, la candidature du républicain socialiste d’Alton-Shée contre Thiers.
Pendant le siège par les Prussiens, il collabora à La République des Travailleurs, organe de la section des Batignolles et Ternes de l’Internationale, du 8 janvier au 4 février 1871. Il y écrivit des articles patriotiques dénonçant Trochu pour son cléricalisme et son inaction, demandant sa démission, réclamant la possible participation des Polonais au combat.
Après le 4 septembre Robert Halt fut nommé dans la commission de dépouillement des papiers impériaux, comprenant notamment B. Gastineau, J. Guigard, H. Maret de J. Troubat. Il en tira un volume qui parut en novembre 1871.

Pendant la Commune, Robert Halt collabora au Rappel, à l’Action et au Mot d’ordre. Il s’y montra partisan de la Commune, critiquant les élus démissionnaires après le 28 mars. Mais il s’opposa aux menaces d’exécutions de curés qui dresseraient la France contre la Commune. Il fut aussi employé par Élie Reclus, le directeur communard de la Bibliothèque nationale.

Après la Commune, Halt partit quelques mois en province, mais ne fut pas inquiété. Il ne s’engagea désormais plus en politique. Toutefois en mars 1872, il se fit l’avocat de certains de ses amis devant le septième conseil de guerre. Il défendit le colonel de la Commune Czarnowski en soulignant que celui-ci n’avait voulu, en participant à la révolution, que défendre la cause polonaise. Il défendit aussi le sous-lieutenant Landrieux, le 6 mars. Il déclara que la Commune avait sauvé la République et que le comité central de la Garde nationale n’avait prononcé aucune exécution. Il dénonça aussi que les chaines aient été mises à Élysée Reclus, dont il était proche, lors de son transfert de Paris à Versailles.
Robert Halt écrivit des articles dans des journaux comme Le Bien public et Le XIXe siècle et continua son œuvre d’écrivain. Il était membre actif de La Cigale, société d’écrivains originaires du Midi.
Le 12 janvier 1881, il épousa, à Paris, Marie Malézieux, de vingt ans sa cadette. Celle-ci sous le nom de Marie-Robert Halt fera une importante carrière littéraire ; elle fut membre du comité des dames de la Ligue de l’enseignement et engagée auprès du familistère de Godin.
Robert Halt décéda le 10 novembre 1896 en son domicile, 59 rue Raynouard.

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Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article72626, notice VIEU Louis, Charles, dit Halt Robert par Jean-Louis Robert, version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 24 octobre 2022.

Par Jean-Louis Robert

ŒUVRE : Édition des Papiers sauvés, suite à la Correspondance de la famille impériale, Paris, 1871. – Une cure du docteur Pontalais, Paris, Achille Faure, 1866 (réédition Hachette-BNF, 2018). — Madame Frainex, Paris, librairie internationale, 1868 (réédition Hachette-BNF, 2018). D’autres romans, moins politiques, de Robert Halt sont disponibles sur Gallica.

SOURCES : État-civil de Montpellier ; état-civil de Paris. 0151 — H. Dubief, « L’administration de la Bibliothèque nationale pendant la Commune », Le Mouvement social, n° 37, octobre-décembre 1961. — Vapereau, Dictionnaire Universel des Contemporains. - Les pseudonymes du jour, 1867. — Auguste Lepage, Les diners artistiques et littéraires,1884. – Tout Paris, 1892. – Jean-Louis Robert, Nouvelle Histoire de la Commune de Paris 1871, 2022. — Réunions du 7e conseil de guerre, 1er et 6 mars 1872 dans L’Industriel de Saint Germain en Laye, 9 et 16 mars 1872. – Le corsaire, 11 mars 1872. — Le Figaro, 25 février 1866, 7 mai 1868. — Le courrier français, 1867. — Le Temps, 24 mars 1868. — Le Gaulois, 26 juillet 1868. — Le Siècle, 30 janvier 1869. — Le Gaulois, 13 novembre 1871. — « Le drapeau polonais », Le Rappel, 26 octobre 1870.

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