Né le 25 (ou le 15) juin 1833 à Lixheim (Moselle, ex-Meurthe) ; mort le 22 mars 1893 à Paris (XIXe arr.) ; employé ; journaliste ; blanquiste ; sous la Commune de Paris, collaborateur de Raoul Rigault à la préfecture de police, déporté en Nouvelle-Calédonie.
De 1854 à 1859, Virtely servit dans l’armée et quitta les troupes de ligne avec le grade de sergent ; à partir de 1861, il habita Argenteuil et travailla à la compagnie des chemins de fer de l’Est, puis au bureau du contrôle à la gare du Nord, 18, rue de Dunkerque ; il donnait aussi des répétitions aux étudiants en droit. Militant blanquiste, il dirigeait, en 1868, le groupe dont faisaient partie Aragon, Brassard, Daru, Dereu, Lavesse, Ponsard et Viton. Il était alors rédacteur à L’Action maçonnique et secrétaire adjoint de la loge « Union parfaite de la Persévérance » — Voir Thirifocq E.
Durant le Siège, il quitta Argenteuil pour Paris et fut nommé, le 5 octobre 1870, commissaire de police au quartier Notre-Dame-des-Champs (VIe arr.). Son nom apparut le 17 septembre 1870 dans les colonnes du journal de Blanqui, la Patrie en danger. Il fut révoqué de ses fonctions de commissaire le 10 janvier 1871 : les habitants du quartier auraient porté plainte à la préfecture contre ses violences et son ivrognerie, selon une pièce de son dossier.
Il vivait de ses économies lorsque éclata la Commune, et, le 22 mars 1871, il se vit même arrêté dans la rue et présenté à Rigault ; celui-ci le reconnut, lui donna un emploi à la préfecture de police, puis le nomma chef du 1er bureau à la Sûreté générale. Le 20e conseil de guerre le regarda comme le bras droit de Rigault et de Ferré ; il dénonçait avec vigilance les ennemis du mouvement, habitants de Vincennes peu favorables à la Commune, passeurs aidant à la fuite des « francs-fileurs », officiers s’adonnant à l’ivrognerie ; parfois ses informations s’appuyaient sur des commérages plus ou moins vraisemblables, parfois elles relevaient de soucis plus élevés : « Mort aux voleurs... doit être la devise d’un gouvernement qui comme le nôtre s’appuie surtout sur la moralité ».
Il fut arrêté par l’armée, non parce qu’on l’avait reconnu, mais sur son air ahuri, et un capitaine le prit pour secrétaire. Puis son employeur l’avait laissé fuir, et Virtely, promu conducteur de moutons, était allé jusqu’à Strasbourg, Bâle et Genève. Pendant ce temps, il fut condamné par contumace, le 18 janvier 1872, par le 20e conseil de guerre, à trois ans de prison pour usurpation de fonctions ; apprenant sa condamnation et en proie à la folie de la persécution, il rentra en France et le 1er juin, en jugement contradictoire, fut condamné à vingt ans de travaux forcés.
Le 19 juin 1872, il fut embarqué du bagne de Toulon à bord de la Virginie (matricule 3810), qui arriva à Nouméa le 24 octobre.
Le 15 novembre 1879, sa peine fut commuée en bannissement pour une égale durée ; elle lui fut remise le 8 mai 1880. Il rentra par le Tage.
SOURCES : Arch. Nat., BB 24/770, n° 8769, S 72 (état n° 1). — Arch. Min. Guerre, 20e conseil. — Arch. PPo., B a/892, B a/465 (dossier Rigault) et listes d’amnistiés. — J.O. Commune, 27 avril 1871 (et 30 avril, sous l’orthographe de Wirtely). — M. Dommanget, Blanqui et l’opposition révolutionnaire, op. cit. — J.O. Commune, 27 avril 1871. — Le Gaulois, 1er août 1880. — Michel Cordillot (coord.), La Commune de Paris 1871. L’événement, les acteurs, les lieux, Ivry-sur-Seine, Les Éditions de l’Atelier, janvier 2021.