ZEPPENFELD Édouard (Jean, Édouard) .

Quarante-huitard et communard né à Auch (Gers) le 30 mai 1819 ; mort à Toulouse (Haute-Garonne), le 30 septembre 1904. Sculpteur et professeur d’histoire.

Marchant sur les traces de son père Augustin, Édouard Zeppenfeld s’essaya d’abord à la sculpture.
Quarante-huitard actif, il fut le gérant du journal d’Auch L’Égalité, journal du peuple (17 avril-29 novembre 1849). Accablée de condamnations et d’amendes, cette feuille fut contrainte d’interrompre sa publication, avant d’être poursuivie par L’Ami du peuple, journal de l’égalité (5 mai 1850-5 décembre 1851), dont il semblerait que Zeppenfeld lui-même ait été le propriétaire.
Qualifié par les autorités d’« agitateur aussi infatigable qu’intelligent (…) très dangereux », il fut à l’annonce du coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte le signataire de l’appel aux armes, et marcha à la tête des insurgés locaux. Arrêté et emprisonné, il fit partie du convoi de trente-cinq prisonniers qui fut dirigé le 20 mars 1852 vers Agen.
Transporté en Algérie à Mascara, dans la province d’Oran, il obtint la remise de sa peine le 2 février 1853 par suite d’une grâce impériale. Après son retour, il reprit ses activités de sculpteur à Auch. En 1854, il réalisa une réduction de la statue de l’intendant d’Auch d’Étigny, et cette statuette se répandit dans la région.
Sans doute « monté » à Paris et reconverti en professeur d’histoire, il donna en 1869 plusieurs conférences publiques (peut-être dans le cadre des Conférences de la rue de la Paix).
Rallié à la Commune, il fit le 13 avril 1871, salle Valentino, une conférence sur « la signification des révolutions de 1067 et du 18 mars 1871, faite à ce cri : Commune ! Commune ! ».
Secrétaire de Rossel, il réussit, après la défaite de la Commune, à se réfugier à Genève.
En 1872, il fit une tournée de conférences en Suisse romande qui le conduisit à prendre la parole dans une dizaine de villes. En septembre, après avoir donné à Genève une conférence sur l’ultramontanisme dans laquelle il prit la défense du Conseil d’État dans son différend avec l’église catholique suisse à propos de la décision prise à Rome par Pie IX d’instaurer un vicariat apostolique dans cette ville, il fut attaqué par les milieux proches de l’évêché. S’ensuivit une vigoureuse controverse publique qui l’amena à polémiquer avec Mgr Gaspard Mermillod (1824-1892), alors évêque auxiliaire de Genève. Il publia à cette occasion une brochure violemment anticléricale intitulée Première lettre de M. le professeur Zeppenfeld à Monseigneur Mermillod (Genève, Impr. De la veuve Blanchard, 1872, in-8, 16 p.), dans laquelle il revendiquait son passé de communard (tout en se félicitant du caractère démocratique des institutions suisses en matière de liberté de parole et droit de réunion). Cette publication semble être restée sans suite, le conflit s’étant soldé en 1873 par la décision du gouvernement Carteret d’expulser l’évêque de Suisse (lequel dirigea dès lors son vicariat apostolique depuis la France) et de créer une église catholique nationale dépendante de l’État suisse.
Après l’amnistie, É. Zeppenfeld s’installa de nouveau dans sa région natale. Ayant repris son activité de sculpteur parallèlement à son travail d’enseignant, il réalisa en 1888 dans la cathédrale Sainte-Marie d’Auch une statue de saint Pierre (son père avait sculpté pour la même église un fauteuil épiscopal en 1823). Il réalisa également divers travaux pour le palais de justice d’Auch.
Il mourut à Toulouse en 1904. Son acte de décès indique qu’il était alors « instituteur en retraite ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article73115, notice ZEPPENFELD Édouard (Jean, Édouard) ., version mise en ligne le 26 juillet 2009, dernière modification le 22 mars 2021.

SOURCES : J.O. Commune, 12 avril 1871. — Arch. PPo., listes de contumaces. — L. Descaves, Philémon..., op. cit., p. 75. — L’Égalité (BnF : JO-1134) – L’Ami du peuple (BnF : JO-501). – La Presse du 27 mars 1852 – Joseph Dagnan, Thèse, Le Gers sous la Seconde République. La Réaction conservatrice (février 1848-2 décembre 1851), Auch, impr. F. Cocharaux, 1928 ; Thèse complémentaire, Le Coup d’État et la Répression dans le Gers (décembre 1851- décembre 1852), Auch, Impr. F. Cocharaux, 1929. – Notes de Jean-Pierre Bonnet et Michel Cordillot.

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