Par Annie Pennetier
Né le 17 mai 1889 à Valenton (Seine-et-Oise, Val-de-Marne), mort le 10 février 1981 à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) ; commerçant mercier ; président du Comité local de Libération ; militant socialiste puis sympathisant communiste ; maire de Valenton (1944-1947).
Issu d’une famille républicaine de libres penseurs installée à Valenton en 1855, Théodule Jourdain était petit-fils d’un forgeron qui créa, en 1863, une boutique de mercerie, bonneterie et de vêtements de travail. Son grand-père, Louis (1829-1900) et son père, Clément (1855-1914) furent conseillers municipaux de Valenton, une petite commune de la banlieue sud-est, rurale et ouvrière. Aux obsèques de Clément Jourdain, la Libre pensée de Limeil-Brévannes prononça un éloge funèbre en déclarant qu’il avait fondé le groupe local « Liberté ». Théodule avait deux sœurs et deux frères, l’un (Désiré) tué au front en août 1914, l’autre (Camille) fait prisonnier. Lui-même, en raison de ses problèmes de santé bénéficia d’une mobilisation à l’arrière, à Pont-de-Claix (Isère).
Théodule Jourdain milita quelque temps au Parti socialiste avant le congrès de Tours (décembre 1920). Il se maria religieusement le 11 août 1924 à Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne), avec Marguerite Gobert, très croyante. Lui étant anticlérical de tradition familiale, leur fils unique, Jacques, baptisé, ne fit pas la communion.
Nommé par le sous-préfet « répartiteur titulaire » de l’impôt de 1930 à 1935, Théodule Jourdain avait repris la boutique familiale dans la Grande rue de Valenton (confection, chaussures, lingerie, chapeaux, habits de travail, etc.). Il fut éditeur de cartes postales locales. Sous la municipalité Vincent Bureau, il anima le patronage laïque. Pendant l’Occupation, il brûla ses collections de journaux, dont celle de l’Humanité, et continua à tenir son commerce.
À la Libération, en liaison avec le résistant André Bich, il appartint à la section administrative du détachement des FFI de Valenton. Il fut le président du Comité local de Libération mis en place le 26 août 1944 et à la suite, du conseil municipal provisoire. Il conserva la première magistrature municipale aux élections du 29 avril 1945 avec le soutien du Parti communiste, jusqu’en 1947. Il n’était pas membre du Parti communiste, mais sympathisant et lecteur de l’Humanité. Au scrutin d’octobre 1947, il obtint le plus grand nombre de suffrages exprimés et fut élu conseiller municipal.
La militante communiste Fernande Flagon lui succéda au fauteuil de maire. Il prit mal ce remplacement mais accepta, en novembre 1947, de représenter Fernande Flagon au 32e congrès des maires de France. Il quitta la municipalité en 1953 et fut président de l’Alerte ouvrière, groupe musical local.
En janvier 1971, lors du 25e anniversaire de la municipalité « à gestion ouvrière », il reçut, des mains du maire Julien Duranton, la médaille de la ville en qualité d’ancien maire.
Il tint son commerce jusqu’en 1973 ; toujours valentonais, il mourut à l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges le 10 février 1981 et fut enterré au cimetière de Valenton.
Yvan Ramel, premier secrétaire de la section communiste de Valenton, salua sa mémoire dans la presse en le présentant comme « maire communiste ». S’il restait lecteur de l’Humanité, il ne fut jamais membre du Parti communiste.
Son fils fut dessinateur chez Alkan à Valenton.
Par Annie Pennetier
SOURCES : G. Blanc-Césan, Les maires du Val-de-Marne, 1988. — Association de recherches et d’études à Valenton (AREV), Valenton des origines à nos jours, 1987. — Archives familiales. — Témoignage de son fils Jacques Jourdain.