FOISSIN Robert, Victor [version DBK]

Par Claude Pennetier

Né le 15 août 1896 à Paris (IIIe arr.), mort accidentellement le 15 février 1955 ; avocat au barreau de Paris ; militant du Secours rouge international et du Parti communiste ; conseiller juridique du gouvernement soviétique.

L’expérience de la guerre et le spectacle de la révolution d’Octobre amenèrent Robert Foissin à rejoindre le Parti communiste dès sa création. Il avait prêté serment le 10 juillet 1918 et s’était inscrit au Barreau de Paris : il devint très rapidement un avocat du Parti communiste et surtout celui du Secours rouge international (SRI). Onze années durant, d’octobre 1930 au 21 juin 1941, il fut l’avocat et le conseil juridique du gouvernement soviétique à Paris. Avec Marcel Willard*, il apparaissait ainsi comme le principal avocat communiste.

En 1928, il était devenu membre de la commission exécutive de la section française du SRI et du comité national des Amis de l’Union soviétique.

Quand la Seconde Guerre mondiale fut déclarée, puis le PCF interdit, s’engagea une répression qui toucha en premier lieu les députés communistes. Le « procès des 44 » en fut l’aboutissement et Maître Foissin y joua un rôle de premier plan. Le procès terminé, quand Maître Willard* dut quitter Paris en avril 1940, c’est Foissin qui hérita de la responsabilité de toutes les affaires politiques.

Seul des avocats communistes, il demeura à Paris durant l’attaque allemande car toutes les organisations soviétiques, notamment la Représentation commerciale, restaient dans la capitale. Après l’arrivée des Allemands, s’engagèrent les tractations pour la parution légale de l’Humanité ; elles durèrent du 17 juin au 27 août 1940 et Foissin servit d’intermédiaire côté communiste ; il accompagna à plusieurs reprises Maurice Tréand et Jean Catelas chez Abetz.

L’échec des négociations se traduisit par son exclusion du Parti communiste qui fut annoncée dans un numéro spécial de septembre 1940 et par tract spécial. Quand, en 1944, il dut rendre compte devant l’Ordre des avocats de son activité à l’été 1940, il argua du nombre de communistes libérés à cette occasion : « De mon côté, je reprochais à mes camarades de ne pas avoir mené avec plus d’habileté les pourparlers, car je restais et je reste convaincu que, sans engagement réciproque, nous aurions arraché aux Allemands la libération de tous les détenus politiques de la zone occupée. » (Seconde note, 7 novembre 1944, 3DA12, Dr1, SDRA9, Arch. Daladier, Fondation nationale des sciences politiques.)

Malgré son exclusion, il continua à défendre les intérêts soviétiques en France jusqu’au 21 juin 1941. Il suivait en particulier l’affaire des avoirs soviétiques qui avaient été bloqués à la requête de certaines sociétés pétrolières dont les terrains, les mines, les puits, les usines et les moyens de transport avaient été occupés et exploités par l’URSS à la suite de l’entrée de l’Armée rouge en Pologne.

Lors de l’attaque allemande contre l’URSS, Foissin fut arrêté, et libéré au bout de cinq jours. Une nouvelle rafle de militants communistes, le 28 avril 1942, lui donna l’occasion de connaître encore la prison, pour quelques heures.

Dans l’arrêté de radiation pris le 20 mars 1945 par le Conseil de l’ordre des Avocats à la Cour de Paris, on lui reprocha, outre les manœuvres de l’été 1940, ses contacts avec les Allemands durant la guerre. Quoi qu’il en soit, la radiation fut commuée en suspension temporaire pour trois ans le 18 décembre 1946 par la Cour d’appel.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article73144, notice FOISSIN Robert, Victor [version DBK] par Claude Pennetier, version mise en ligne le 4 août 2009, dernière modification le 4 octobre 2010.

Par Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Daladier, Fondation nationale des Sciences Politiques. — Denis Peschanski, « La demande de parution légale de l’Humanité » ; Le Mouvement social, n° 113, octobre-décembre 1980. — Notice par D. Peschanski, in DBMOF. — Roger Bourderon, La négociation. Été 1940, crise du PCF, Syllepse, 2001. — Jean-Pierre Besse, Claude Pennetier, Juin 40. La négociation secrète, Éditions de l’Atelier, 2006.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable