FRIEDRICH Charles [FRIEDRICH Georges, Charles. Écrit parfois FRIEDERICH Charles]. Pseudonyme : DUVAL [version DBK]

Par Étienne Kagan, René Lemarquis

Né le 1er janvier 1892 à Buchelberg, près de Phalsbourg (Lorraine allemande), mort le 4 août 1979 à Briey (Meurthe-et-Moselle) ; ouvrier métallurgiste ; secrétaire du syndicat des Métaux de la Moselle ; membre du comité central du Parti communiste de 1925 à 1926 et de 1929 à 1936.

Charles Friedrich avec les élèves de l’ELI à Moscou en juin 1928. Il est au 2e rang, assis à l’extrême droite à côté de la femme au chemisier blanc.
Charles Friedrich avec les élèves de l’ELI à Moscou en juin 1928. Il est au 2e rang, assis à l’extrême droite à côté de la femme au chemisier blanc.
Collection Pierre Schill

Charles Friedrich était l’enfant naturel d’une mère quasiment sans profession ni ressources. En 1910, il entra dans l’industrie sidérurgique lorraine chez De Wendel à Hayange puis à Rombas (Moselle). En octobre 1913, il fut mobilisé dans l’armée allemande et y resta jusqu’à sa démobilisation en novembre 1918. Après quatre années de service, il était devenu sous-officier. Il reprit après-guerre son travail à l’usine de Rombas mais fut licencié à la suite des grèves de 1922 qu’il avait dirigées au nom du Parti communiste, dont il était apparemment responsable local. Inscrit sur la « liste noire » il ne put trouver du travail en Lorraine.

Charles Friedrich adhéra en 1913 au syndicat allemand des Métaux et, le 7 janvier 1919, au Parti socialiste SFIO. Il militait dans la section de Rombas et participa aux luttes pour l’adhésion à la Troisième Internationale. Il participa aussi à diverses grèves : en juin et octobre 1919 (métallurgie), en 1920 (grève générale), en 1922, en 1923 (bassin houiller). En janvier 1923 il fut nommé, lors du congrès fédéral de la Moselle, secrétaire départemental du Parti communiste jusqu’en octobre 1930 où il devint secrétaire régional. Délégué au 3e congrès du Parti communiste (Lyon, janvier 1924), il avouait, à son retour en Moselle, ne pouvoir en faire qu’un compte rendu réduit, du fait de son ignorance du français, ignorance alors générale chez les militants alsaciens-lorrains. Il entra au comité central du Parti lors du congrès de Clichy (janvier 1925). Non réélu pour raison de santé (il venait de passer quatre mois en sanatorium) au congrès de Lille (juin 1926), il le fut à ceux de Saint-Denis en avril 1929 et de Paris en mars 1932. La Moselle, « pont rouge » entre la France et l’Allemagne, selon Albert Treint*, était considérée comme un lieu stratégique par le mouvement communiste.

Le Parti communiste désigna Charles Friedrichau début de 1926 pour suivre les cours de l’École léniniste internationale à Moscou où il résida de mai 1926 à octobre 1928 sous le pseudonyme de Duval. La direction de l’ELI le jugea dans l’ensemble favorablement pour sa « fermeté à l’égard du Parti » : il « applique correctement la discipline, s’acquitte consciencieusement de ses tâches ». Bref, « il peut occuper un poste responsable à l’échelle régionale ou dans les syndicats. »

De retour en France, Charles Friedrich fut, de janvier 1929 à septembre 1930 secrétaire permanent de la Moselle. Il assista à la réunion clandestine du comité central le 9 juin 1929 à Achères (Seine-et-Oise). Du 1er octobre 1930 au 1er juin 1932, il fut nommé secrétaire permanent à Strasbourg de la région d’Alsace-Lorraine. À partir du 1er juin 1932, il fut rédacteur à l’Humanité d’Alsace-Lorraine en langue allemande.

Il fut délégué au VIIe congrès de l’Internationale communiste puisqu’il écrivit en tant que « membre de la délégation française » une autobiographie à Moscou le 17 juillet 1935 ; il était indiqué comme ayant un mandat avec voix délibérative. Charles Friedrich fut écarté du comité central lors du congrès de Villeurbanne (22-25 janvier 1936), il était au même moment destitué de ses fonctions à l’Humanité de Strasbourg suite aux attaques portées contre lui par M. Kirsch, ainsi qu’aux désaccords sur la tenue du journal et la vente de l’immeuble du Parti communiste et de la CGTU à Metz. Charles Friedrich devint alors secrétaire permanent du Syndicat des Métaux de la Moselle, aux côtés de René Schwob.

Charles Friedrich se trouva impliqué dans les querelles fréquentes entre dirigeants communistes mosellans et semble avoir quitté le Parti communiste en mars 1939. Reprit-il contact avec le Parti communiste pendant la guerre ? La Fédération communiste de Moselle le présenta comme « ancien résistant » dans son faire-part de décès.
Il retrouva son poste de secrétaire des Métaux de la Moselle à la Libération. En octobre 1947, Charles Friedrich fut élu conseiller municipal communiste de Thionville et conserva ce mandat jus-qu’en mars 1959. Un grave accident survenu le 20 février 1951 l’avait affaibli. La Fédération de la Moselle du Parti communiste français et l’Association des vétérans du Parti communiste français appelèrent à ses obsèques civiles qui eurent lieu le 7 août 1979 à Moyeuvre-Grande (Moselle).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article73184, notice FRIEDRICH Charles [FRIEDRICH Georges, Charles. Écrit parfois FRIEDERICH Charles]. Pseudonyme : DUVAL [version DBK] par Étienne Kagan, René Lemarquis, version mise en ligne le 10 août 2009, dernière modification le 4 octobre 2010.

Par Étienne Kagan, René Lemarquis

Charles Friedrich avec les élèves de l'ELI à Moscou en juin 1928. Il est au 2e rang, assis à l'extrême droite à côté de la femme au chemisier blanc.
Charles Friedrich avec les élèves de l’ELI à Moscou en juin 1928. Il est au 2e rang, assis à l’extrême droite à côté de la femme au chemisier blanc.
Collection Pierre Schill

SOURCES : RGASPI, Moscou, 517 1 846, 495 270 8723 : autobiographie du 10 juillet 1933 (texte allemand et traduction) ; autobiographie du 17 juillet 1935 ; lettre au bureau de l’ELI (affaire Dubois) ; appréciations de l’ELI. — René Schwob, Réalités vécues au cours de 40 années d’activité syndicale, UD CGT-FO de la Moselle, s.d. (1966), 164 p.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable