GROJNOWSKI Lajb. Pseudonymes : LOUIS, BRUNO (version DBK)

Par Claude Pennetier

Né en 1904 à Radziejow (Pologne), mort en avril 1987 à Paris ; dirigeant du groupe de langue « juive » au sein du Parti communiste français.

Fils d’un petit commerçant ruiné devenu marchand forain. « Comme tous les petits bourgeois juifs il voulait que ses enfants deviennent des intellectuels » écrira Grojnowski dans son autobiographie pour la commission des cadres. La mort de son père, en 1917, interrompit ses études. Il fut un temps « instituteur » puis aida sa mère dans une boutique qu’elle ouvrit à Wloclawek et travailla dans une quincaillerie. Il raconta son entrée en militantisme dans son questionnaire : « Je fais connaissance avec la jeunesse radicalisée dans cette période bouillonnante de 1921 et je devins jeune communiste dès la formation des Jeunesses communistes. Je milite comme membre du comité de ville avec la responsabilité d’instructeur des cellules. Par suite d’une provocation intérieure (le célèbre provocateur Gudman), je suis arrêté le 30 avril 1923 avec vingt-quatre autres copains des jeunesses. Je reste en prison jusqu’à novembre 1924 où je mène deux actions (grève de la faim et mutinerie) ».

Condamné à deux ans de prison il sortit sous caution. Dans l’impossibilité de trouver un emploi, il tenta de passer à l’étranger mais la police l’arrêta à Dantzig. Il fit un mois de prison et partit au régiment. À sa libération en 1929, il devint responsable du Parti aux jeunesses. Toujours dans l’impossibilité de se faire embaucher, il obtint du PC polonais l’autorisation de passer à l’étranger : « Le 6 mai 1929, je viens à Anvers et aussitôt je trouve du travail comme aide-monteur au chantier naval Cockerill avec le salaire de 200-220 F par semaine. D’un demi petit-bourgeois et parasite je devins un prolétaire. Je change, je suis libre de famille, je deviens un bolchevik. Je milite à la Ligue de Culture où se groupent les ouvriers étrangers révolutionnaires. » Il fut secrétaire de rayon du groupe juif de Liège mais fut rapidement expulsé par les autorités.

Il vint à Paris fin décembre 1929 et travailla à la coopérative la Famille nouvelle. Dans le groupe juif du PCF, il prit « la tête » de la « lutte contre l’opportuniste Adamitsch » et fut nommé secrétaire de la sous-section centrale. Mais, écrit-il « je me heurte au sectarisme et aux intrigues de Malage (bien connu). Je comprends instinctivement qu’il faut lutter contre ça aussi, mais dans cette lutte, je ne suis pas épaulé par la MOI [Main d’œuvre ouvrière immigrée] dirigée alors par Henri et par Leduc. ».

Devenu chômeur fin 1930, il partit treize mois dans le Centre-Est puis il travailla à Courbevoie dans un atelier de polissage tout en militant au 15e rayon avec la responsabilité du sous-rayon de Nanterre. Licencié, sans carte de travail, il fit différents « boulots » puis fin 1931 devint « chômeur professionnel ». Il fut un animateur de comités de chômeurs.

Responsable du journal yiddisch Vérité, il contribua à la création de nombreuses organisations de jeunes, sportives, de solidarité, de femmes et surtout, le 1er janvier 1934, du quotidien Naie Press dont il fut rédacteur en chef.

En 1935, atteint de tuberculose, il fut envoyé en sanatorium en Union soviétique et revint en France en 1936. Il participa à l’organisation du congrès mondial de la Culture yiddisch en 1937. Vingt-trois pays furent représentés par 104 délégués.

En 1938 « Louis » (son pseudonyme) devint membre de la direction centrale de la MOI.

Chargé, à l’été 1940, avec Kaminski, et Arthur London, de réorganiser la MOI, Louis dit « Bruno » fut en contact régulier avec Jacques Duclos* et lui remit en novembre 1941 le manuscrit de la brochure de 80 pages intitulée : L’antisémitisme, le racisme, la question juive qui fut largement diffusé.

En 1949, Louis Grojnowski retourna en Pologne et fut intégré à la section de propagande auprès du comité central. Il revint en France après la campagne antisémite de 1968.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article73221, notice GROJNOWSKI Lajb. Pseudonymes : LOUIS, BRUNO (version DBK) par Claude Pennetier, version mise en ligne le 12 août 2009, dernière modification le 12 août 2009.

Par Claude Pennetier

ŒUVRE : Le dernier grand soir avec la collaboration de Nina Kéhayan, Le Seuil, 1980, et autres ouvrages mentionnés en tête de ce livre.

SOURCE : RGASPI, 495 270 1239 : autobiographie sans date (vers 1933) ; lettre à Marty, septembre 1935 ; autobiographie, Moscou, 14 septembre 1935.

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