HENTGÈS Joseph (version DBK)

Par Claude Pennetier

Né le 17 juillet 1875 à Wasquehal (Nord), fusillé par les Allemands le 14 avril 1942 au fort du Vert-Galant à Bondues-Marquette (Nord) ; ouvrier textile, puis employé de chemin de fer, marchand ambulant, employé de mairie, entrepreneur de peinture à partir de 1919 ; militant syndicaliste, socialiste puis communiste du Nord ; maire d’Hellemmes, conseiller général ; l’un des fondateurs du Parti communiste du Nord ; délégué au IVe congrès de l’Internationale communiste à Moscou en 1922 ; membre de la commission de contrôle financier en 1936.

Issu d’une famille de paysans pauvres allemands et d’un père ouvrier du textile, Joseph Hentgès entra à l’âge de douze ans aux Cotonnières de Wasquehal (Nord) comme ouvrier rattacheur, Joseph Hentgès y travailla pendant quatre ans puis exerça plusieurs métiers non qualifiés puis fut ouvrier peintre en voitures aux ateliers de La Chapelle (Seine) de la Compagnie des Chemins de fer du Nord. Syndicaliste depuis 1901, il épousa la même année, Françoise Décarpigny ; ils eurent six enfants dont deux, Pierre et Joseph, furent des militants communistes. Muté au dépôt d’Hellemmes de la Compagnie du Nord en 1904, Joseph Hentgès organisa dans la région lilloise la grande grève du rail de 1910 et fut révoqué par la compagnie du Nord. Militant guesdiste du POF, il était, depuis son arrivée à Hellemmes, trésorier de la section socialiste locale. En 1912, il fut désigné comme maire, mandat qu’il conserva jusqu’en 1925. L’année suivante, il accéda au conseil général du Nord.

N’étant pas mobilisable, Joseph Hentgès resta en fonction à la tête de la municipalité d’Hellemmes en 1914 ce qui l’amena à affronter les autorités d’occupation. Partisan de la première heure de l’adhésion à la IIIe Internationale, délégué au congrès de Tours en 1920, Joseph Hentgès fut le seul parmi les élus du Nord à se prononcer pour la motion Cachin*-Frossard*. Membre du noyau des fondateurs de la Fédération communiste du Nord en janvier 1921, il assura les fonctions de trésorier fédéral jusqu’en 1923, puis celles de secrétaire jusqu’à la fin des années vingt. Il fut délégué au IVe congrès de l’Internationale communiste à Moscou et assista en particulier à la réunion de l’exécutif élargi de l’IC qui eut lieu le 2 novembre 1922, en tant que représentant du « Centre » (dont il était alors l’un des huit membres avec notamment Marcel Cachin*) ; il se serait également rendu aux instances et congrès de l’IC en 1925 et 1927 mais il n’en fait pas état dans son autobiographie de 1938 se contentant de signaler sa délégation de 1922.

La direction du Parti communiste invoqua sa situation sociale d’artisan pour le rayer des listes des candidats aux élections législatives de 1924. En 1929, il fut l’objet d’un mandat d’arrêt lors de la vague d’arrestations des dirigeants communistes mais il parvint à se réfugier en Belgique. Il semblerait qu’il ait connu une semi-disgrâce au début des années trente en raison de son appartenance temporaire au courant doriotiste animé par Jacob*, mais lui-même affirmait, dans son autobiographie du 17 juillet 1938, ne s’être jamais laissé entraîner « dans un courant en opposition avec la ligne politique de notre Internationale ». Ce même document signalait une étonnante capacité d’adaptation aux évolutions du mouvement ouvrier international pour un militant formé au socialisme de la Belle époque. Ainsi il se référait à « littérature Marxiste, Léniniste et Stalinienne », il présentait Trotsky* comme « un individu dont l’orgueil et l’ambition l’ont placé dans une opposition constante à l’idéologie marxiste et bolchevik définie par Lénine. Comme un ennemi mortel du Parti communiste et de la Révolution russe. Comme un agent à la solde du capitalisme international. »

Il entra au secrétariat de la région communiste. En 1937, à l’issue du congrès d’Arles, il fut élu membre de la commission de contrôle des Finances du Parti communiste.

La déclaration de guerre d’août 1939, la signature du Pacte germano-soviétique et l’interdiction du Parti communiste le privèrent de tout contact avec la direction clandestine du PC. En l’absence d’A. Ramette* parti pour Moscou via la Belgique, les dirigeants communistes du Nord organisèrent le passage à la clandestinité. Le 2 juin 1940, Joseph Hentgès fit paraître le premier numéro clandestin de L’Enchaîné et il participa dans les mois qui suivirent à l’organisation communiste clandestine régionale.

Arrêté comme otage le 27 août 1941 en compagnie de soixante-dix autres dirigeants communistes du Nord, il fut fusillé le 14 avril 1942 avec trente-quatre autres détenus au fort du Vert-galant à Bondues-Marquette (Nord).

Son fils Pierre Hentgès, né le 26 avril 1907 à Hellemmes-Lille (Nord), professeur d’allemand, avait attiré l’attention de la commission des cadres en raison de ses connaissances linguistiques (anglais, italien, russe, allemand) ; elle lui avait demande de traduire les biographies écrites en allemand notamment celles des Alsaciens. Il joua un rôle important dans la résistance communiste, en particulier comme responsable du « travail allemand ». Délégué du PCF auprès du comité directeur du Kominform (1948) ; directeur de la rubrique de politique étrangère de l’Humanité. il devint, à Belgrade, puis à Bucarest, adjoint au rédacteur en chef de Pour une paix durable, pour une démocratie populaire, organe du bureau d’information des partis communistes. Entré en 1949 à la rédaction de l’Humanité, il fut successivement correspondant du quotidien communiste à Prague, chef de la rubrique de politique étrangère (1951-1954) et enfin, de 1955 à 1959, correspondant de l’Humanité à Moscou. Il devint ensuite secrétaire de Louis Aragon* pour son Histoire de l’URSS (parue en 1962), puis, à partir de 1963, rédacteur en chef de La Nouvelle revue internationale, édition française du mensuel Problèmes de la paix et du socialisme édité à Prague. Marié à Berlin en mars 1934, il mourut à Cannes le 8 décembre 1992.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article73236, notice HENTGÈS Joseph (version DBK) par Claude Pennetier, version mise en ligne le 12 août 2009, dernière modification le 12 août 2009.

Par Claude Pennetier

SOURCES : RGASPI, 495 270 2121 (autobiographie de Joseph Hentgès, 17 juillet 1938), 5876 (autobiographie de Pierre Hentgès, 17 novembre 1938). — DBMOF, notice de Joseph Hentgès par Justinien Raymond et Yves Le Maner ; notice de Pierre Hentgès par Yves Le Maner.

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