GIRAUD Henri [Paris]

Par René Gaudy

Né le 1er juillet 1908 à Deneuille-les-Mines (Allier), mort le 10 février 1998 à Paris (Xe arr.) ; syndicaliste du Gaz de Paris, secrétaire général du syndicat CGT de Paris-Gaz (1963-1968), membre du bureau (1963-1968), puis du comité fédéral (1966-1972) de la Fédération CGT de l’Énergie ; secrétaire de Jacques Duclos (juillet-décembre 1936) ; un des responsables des Comités de Défense de l’Humanité (1937-1939).

Né dans une famille de métayers travaillant pour des hobereaux, Henri Giraud perdit son père à l’âge de neuf ans. Ce dernier était présenté comme ouvrier mineur sur l’acte de naissance de son fils. Peu après, en 1918, son frère aîné fut tué à la guerre. Il fut retiré de l’école à douze ans, avec le CEP, pour travailler à la ferme comme valet. Nouvelle épreuve pour lui : sa mère mourut alors qu’il avait quinze ans. Le reste de la famille se dispersa. Il travailla comme ouvrier de ferme jusqu’à son départ pour l’armée. En 1926, sous l’influence d’un de ses frères, il adhéra aux Jeunesses communistes, puis au Parti communiste en 1931.

À son retour du régiment, fin 1929, sur recommandation d’un parent, il entra à la Compagnie du gaz de Paris, au siège social, rue Condorcet, comme « homme de peine », tout en bas de la hiérarchie. Il habitait alors rue des Grilles à Pantin. Quand il se maria, il s’installa 9 rue du Faubourg-Poissonnière et en 1937, rue du Faubourg-Saint-Denis où il résidait encore fin 1983. Il milita d’abord à Pantin, puis adhéra à la cellule d’entreprise (siège social et ateliers de la rue Pétrelle). Il prit sa première carte syndicale en 1931 et contribua à organiser dans la CGTU la catégorie du « personnel de service » (garçons de bureau, hommes de peine...). La CGTU était alors majoritaire dans les usines de la société (Villette, Landy, Clichy, Cornillon...), alors que dans les services, c’était la CGT confédérée. En 1934, Henri Giraud participa aux manifestations antifascistes. Le 12 février, il prit la parole devant le siège social pour inciter ses collègues à faire grève, ce qui lui valut cinq jours de mise à pied. Début 1935, il était membre de la CE du syndicat CGTU du Gaz de Paris et délégué général des employés sédentaires. À la réunification, il fut élu délégué général CGT de sa catégorie.

Parallèlement, il militait au Parti communiste. Il prit des responsabilités dans le IXe arr. puis à la Fédération de Paris (selon son témoignage, il entra au bureau fédéral en 1934-1935). En juillet 1936, il devint permanent du Parti. D’abord, il fut secrétaire politique de Jacques Duclos durant sept mois (juillet 1936-janvier 1937), au siège du comité central, rue Lafayette. Puis, il fut élève à l’École centrale du Parti à Arcueil, six mois encore (il avait déjà fait une école centrale de quinze jours à Mathurin-Moreau en 1935, école dirigée par Étienne Fajon. Enfin, il devint, avec Firmin Pélissier* et Charles Garcia*, l’un des trois responsables nationaux des Comités de défense de l’Humanité (CDH) de juillet 1937 au 2 septembre 1939, date de sa mobilisation. Il était au journal lorsque L’Humanité fut interdite et fut témoin de l’entrée du commissaire Roche dans les locaux. ". J’ai toujours défendu la position du Parti sur cette question. Ai participé à l’époque à la diffusion de la presse du Parti (VO, Avant-Garde, etc.) expliquant le pacte." écrivit-il en 1945.

Fait prisonnier le 22 juin 1940, il fut interné à Koenigsberg (Kaliningrad), fut libéré par l’Armée rouge, emené en URSS et ne rentra en France qu’en août 1945. Selon la commission des cadres : « PG [prisonnier de guerre] déclare avoir eu une activité personnelle. Deux tentatives d’évasion. S’est fait transformer [travailleur libre] en juillet 1943. Paraît avoir été attentiste ; ne semble pas très fier de ses prouesses comme PG. N’a pas demandé de place [de permanent] au Parti, pense retourner au Gaz de Paris. » Il reprit en effet son travail au Gaz de Paris, dans un poste de commis, et recommença à militer syndicalement et politiquement. Il fut élu au conseil du syndicat CGT du personnel EDF-GDF de la région parisienne. Il continua de militer au Parti communiste, au comité et au bureau de section du IXe arr. En 1949, il devint permanent syndical pour siéger à la commission paritaire du personnel EDF-GDF de la RP, puis comme dirigeant du syndicat CGT de Paris-Gaz, dont il fut secrétaire général de 1963 à 1968. Il fut élu au bureau de la Fédération CGT de l’Énergie lors de son XXIIe congrès (Gennevilliers, mars 1963). Après le congrès suivant (Royan, avril 1969)-1966), il siégea au comité fédéral durant un mandat. Il intégra à nouveau la commission exécutive fédéral à l’issue du XXVIIe congrès (Le Touquet, juin 1979). À partir de cette date, il consacra l’essentiel de son activité au Groupement fédéral des retraités (GFR). Tout en restant investi dans le GFR, il en laissa la responsabilité à Michel Bruneau au sein de la fédération et quitta, à sa demande, la commission exécutive lors du XXVIIIe congrès (Toulouse, novembre 1982).

Il s’était marié à Moulins (Allier) le 1er octobre 1932. Il eut trois enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article73265, notice GIRAUD Henri [Paris] par René Gaudy, version mise en ligne le 13 août 2009, dernière modification le 19 octobre 2013.

Par René Gaudy

SOURCES : RGASPI, 495 270 8520, autobiographie du 24/12/33, classé A (bonne évaluation de Tréand). — Arch. comité national du PCF. — Renseignements fournis par l’intéressé. — Arch. FNE-CGT. — René Gaudy, Les porteurs d’énergie, tomes 1 et 2, Paris, Le Temps des cerises, 2009. — État civil. — Notes de Paul Boulland

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