GIRY Jean, Claudius

Par Jacques Girault

Né le 16 décembre 1912 à Lafouillouse (Loire), mort le 26 décembre 1969 à Lyon (Rhône) ; instituteur ; militant syndicaliste SNI dans la Loire.

Fils d’un instituteur, militant pacifiste qui avait été emprisonné pour ses activités, Jean Giry entra à l’École normale d’instituteurs de Montbrison (Loire) en 1928. Il fut nommé instituteur délégué à l’école pratique de commerce et d’industrie devenue pendant la guerre collège technique de Firminy (Loire). Après la guerre, il devint professeur d’enseignement général (mathématiques) au collège d’enseignement général de Roche-la-Molière où il termina sa carrière en 1968. Il se maria en juillet 1932 à Firminy. Le couple eut une fille puis divorça en 1950. Giry se remaria en février 1952 à Saint-Chamond (Loire).

Militant du Syndicat national des instituteurs, membre du conseil syndical de la section départementale à la fin des années 1930, Jean Giry participait aux activités militantes (Bourse du Travail, cercles d’études ouvrières de Firminy, Saint-Étienne, Saint-Chamond, Rive-de-Gier). Il était membre actif des groupements pacifistes. À la différence de nombreux militants syndicalistes révolutionnaires de la Loire, il s’engagea très tôt dans la Résistance, participa à la renaissance du syndicat clandestin et fut un des collaborateurs réguliers, avec René Garand, de L’Insurgé. Membre de l’Armée secrète, il s’occupa des parachutages d’armes dans la région de Firminy.

Correspondant départemental des « Amis de L’École émancipée » à Libération, proche des militants de La Révolution prolétarienne, il fut soutenu pendant toute la suite de sa vie militante par la majorité « autonome » du syndicat.

Jean Giry, membre du bureau de la section, intervint à la réunion du conseil national du SNI (27-28 mars 1945), sur la question de l’indépendance du syndicalisme et à celle du 18 juillet 1945, sur les affaires corporatives. Devenu secrétaire de la section de la Loire, délégué au congrès national du SNI de Grenoble, il affirma sa confiance aux orientations du bureau national en dépit de quelques réserves. Candidat individuel à l’élection du bureau national du SNI à la proportionnelle, il obtint, lors de la réunion du conseil national, le 28 décembre 1947, 51 voix. Lors du grand débat sur le choix d’affiliation, à la réunion du conseil national, le 28 décembre 1947, il proposa un manifeste « Pour l’unité par la démocratie syndicale » qui ne fit pas l’objet d’un débat particulier mais qui renforçait les partisans du choix de l’autonomie. Lors du congrès national, le 23 mars 1948, son intervention sur la question de l’affiliation reprit ces grands thèmes, dénonça les « motions abstraites » soumises au vote, et se réclama d’un seul principe « l’unité par la démocratie" ».

Toujours secrétaire de la section de la Loire du SNI, il fut désigné lors des réunions du conseil national, le 27 décembre 1949, le 27 décembre 1951, le 26 décembre 1953 comme suppléant pour la commission des conflits du SNI, et le 17 juillet 1950, comme assesseur. Lors du congrès national de Saint-Malo, le 19 juillet 1951, il annonça que sa section voterait le rapport moral qui lui paraissait insuffisant dans sa critique du colonialisme. Toutefois, il était aussi sévère par rapport aux analyses et aux actions des militants de la FEN-CGT.

Jean Giry, candidat au bureau national du SNI en 17e position sur la liste « Pour un syndicalisme indépendant et constructif » conduite par Henri Aigueperse, ne fut pas élu par le conseil national du 27 décembre 1951.

En novembre 1950, Pierre Clauzet, dirigeant de la FEN-CGT, proposa l’insertion dans L’École libératrice d’un article sur l’enseignement en URSS à la suite d’un récent voyage qu’il avait effectué. La direction de l’hebdomadaire du SNI le refusa « pour éviter toute controverse ou toute polémique ». Aussi, l’envoya-t-il aux sections départementales. Certaines le publièrent dont celle de la Loire suivie de points de vue contradictoires, notamment de Félix Franc*. La question revint en discussion et dans L’École libératrice du 11 janvier 1952, Giry se demanda si Clauzet n’avait pas utilisé des faux documents comme l’avait affirmé Franc qui avait réuni des documents contradictoires publiés dans le bulletin L’École syndicaliste de la Loire. Les amis de Clauzet avaient dénoncé Franc le mettant en demeure de fournir les preuves de la fidélité des traductions. Une réunion avait été convoquée alors, sans la participation de Clauzet. Giry souhaita dans son article qu’une « recherche objective » soit faite sur ces questions.

Jean Giry, qui intervenait régulièrement sur la défense de l’école laïque, présenta, lors de la réunion du conseil national du SNI, le 8 avril 1952, un ordre du jour condamnant la loi Barangé. Lors du congrès national de Paris, le 17 juillet 1952, il approuva les analyses et l’activité de la majorité du bureau national. Lors du congrès de Bordeaux, en juillet 1955, il intervint à nouveau dans la discussion du rapport sur la défense laïque, préconisant « l’offensive » et « la reconquête du terrain perdu », appelant un vote unanime de la motion présentée par le rapporteur Clément Durand. Lors du congrès du SNI, le 4 juillet 1960, intervenant dans la discussion du rapport moral, il se félicita de l’action du syndicat en faveur de l’école laïque et pour la paix en Algérie qui a permis « d’enregistrer de salutaires réveils ». Il intervint aussi le 7 juillet 1960, dans la discussion du rapport de Clément Durand* sur « les formes et les conditions actuelles de la pénétration cléricale ». Selon lui, il fallait « regrouper » les signataires de la motion laïque et non, comme le demandait la motion présentée par le groupe de l’Ecole émancipée, considérer que la laïcité était une question de classe sociale. Lors de la discussion du rapport moral du secrétaire général au congrès du SNI, le 13 juillet 1962, il se montra satisfait, estimant que « le bilan est positif ».

Il fut suppléant de la commission administrative nationale de la Fédération de l’Éducation nationale de 1946 à 1953 puis titulaire de 1962 à 1967. À la fin des années 1950 et dans les années 1960, Jean Giry fut un des dirigeants dans le département du groupe intersyndical unitaire démocratique dans le cadre du groupe « Pour un mouvement syndical uni et démocratique ».

En outre, Jean Giry fut actif dans les activités mutualistes (Mutuelle générale de l’éducation nationale) et laïques (Comité départemental d’action laïque). Jean Duperray, dans son article du bulletin syndical évoquait son activité et parlait du « tandem syndical passé » qu’il faisait avec lui, « réformiste convaincu mais conséquent ».

Il avait été désigné pour siéger au conseil municipal de Firminy à la Libération. Il en démissionna par respect de l’indépendance du mouvement syndical par rapport aux partis politiques.

Son frère, Henri Giry, était, après la guerre, un des animateurs des œuvres sportives laïques dans la Loire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article73298, notice GIRY Jean, Claudius par Jacques Girault, version mise en ligne le 14 août 2009, dernière modification le 27 juillet 2021.

Par Jacques Girault

SOURCES : DBMOF, notice par Jean Lorcin. — Presse syndicale. — Renseignements fournis la veuve de l’intéressé, par J. Duperray et N. Rouays. — Le Mémorial de « l’Insurgé ».

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