Par Claude Geslin, Claude Pennetier, Nadia Ténine-Michel
Né le 31 août 1906 à Paris (XVe arr.), mort le 9 mars 1974 à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) ; manœuvre spécialisé, ouvrier peintre et ouvrier métallurgiste ; militant communiste ; élève de l’École léniniste internationale.
Fils de Madame Routier*, couturière devenue ouvrière métallurgiste, qui le légitima en 1912 par son mariage avec un employé comptable devenu ouvrier métallurgiste après la Grande guerre, Routier*, Georges Routier commença à travailler à douze ans comme garçon de course sans avoir obtenu le CEP. Ouvrier peintre, il adhéra aux Jeunesses socialistes le 1er mai 1920 et forma la section de Meudon (Seine-et-Oise) des Jeunesses communistes dont il fut secrétaire avant d’être secrétaire de rayon (10e et 6e rayon). Il adhéra au syndicat en 1922. Délégué au congrès de Lyon des Jeunesses communistes en 1923, il vota contre le Front unique. Georges Routier figurait en 1926 au fichier des conscrits militants des Jeunesses communistes.
Il fut affecté au 94e RI à Commercy (Meuse). A son retour du service, il travailla comme métallurgiste dans différentes usines de la région parisienne dont Renault, Citroën, Saurer… En 1928, il était secrétaire de la 5e Entente des Jeunesses communistes et membre du Comité central des JC. Léon Depollier* (le fils de Suzanne Girault*) le fit embaucher comme ouvrier d’entretien à l’ambassade soviétique où la mère de Georges était femme de ménage. Cette dernière fut une militante communiste active jusqu’à sa mort survenue le 19 mars 1979 à Sèvres (Hauts-de-Seine) ; elle aurait assisté au congrès de Tours (décembre 1920). En 1925, elle était secrétaire permanente de la section féminine de la 20e Union régionale CGTU. La sœur de Georges Routier, Nelly Pfotzer, travaillait aussi comme femme de ménage à l’ambassade soviétique.
Le Parti communiste ne reçut son adhésion qu’en janvier 1929 et le nomma aussitôt membre de la commission d’organisation et président de la commission des correspondants ouvriers. « J’aurais pu adhérer plus tôt mais ce sont les responsables de la jeunesse à l’époque qui me demandèrent de ne pas adhérer » écrivit-il en 1932. Georges Routier fut élève de l’École léniniste internationale à Moscou en février 1929 à septembre 1931. Il adhéra au Parti communiste russe : « Au mois de janvier 1930 j’ai été soumis à l’épuration du PC de l’URSS comme tous les membres du parti et ai été reconnu comme digne d’être du parti. J’ai reçu à l’épuration une indication toute amicale pour mieux orienter mon travail. » Pendant son séjour à l’école, il fut classé « insuffisant » pour le travail « académique » et bon pour l’activité pratique. L’évaluation finale précisait qu’il avait fait « un certain progrès politique et général au cours des années d’études, mais [qu’il n’a] pas profité autant qu’il aurait pu le faire de son séjour à l’école. Pas assez d’intérêt pour la théorie […] Capable mais superficiel […] Grande activité sur le terrain de la propagande et de l’agitation, mais faible dans les problèmes politiques généraux. Ligne politique juste. Dévoué au parti, politiquement ferme. Capable et décidé à combattre les déviations. Capable de faire un travail de parti. » (rapport du 22 août 1931).
Georges Routier devint secrétaire régional (ou instructeur du CC) de la Fédération communiste de l’Atlantique d’octobre 1931 à janvier 1932. Arrêté à Nantes (Loire-Inférieure) en janvier 1932 pour une condamnation par jugement de défaut du tribunal correctionnel de Reims (Marne) du 12 juin 1929, à un an de prison et 1 000 F d’amende, pour « provocation de militaires à la désobéissance dans un but de propagande anarchiste », il fut écroué à Nantes puis envoyé à Reims. A sa sortie, il partit comme instructeur dans la région lyonnaise. La commission des cadres lui demanda de rédiger une biographie et nota que sur neuf camarades pour attester de son itinéraire, sept avaient été cités dans l’élimination du « groupe Barbé-Celor ».
En 1935, il fut élu conseiller municipal communiste de Meudon (Seine-et-Oise) mais l’élection fut annulée et la liste communiste fut battue en 1936. Marié en 1934 à Meudon, divorcé en 1949, Georges Routier se remaria à Taverny (Seine-et-Oise). Il mourut le 9 mars 1974 à Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne).
Par Claude Geslin, Claude Pennetier, Nadia Ténine-Michel
SOURCES : Arch. Nat. F7/13114 et 13182. — Arch. Dép. Seine-et-Oise, 2 M 30/52, 4 M 2/36 et 2/68. — Arch. Dép. Ille-et-Vilaine, série U non classée. — RGASPI, Moscou, 495 270 8432 : dossier personnel de Georges Routier. — l’Humanité, 20 mars 1979.