Par Nadia Ténine-Michel, Annie Pennetier
Né le 6 décembre 1884 à Sarlat-la-Canéda (Dordogne), mort en déportation le 20 avril 1945 à Neuengamme ; médecin ; sympathisant ou militant communiste ; maire adjoint de Villeneuve-Saint-Georges (Seine-et-Oise, Val-de-Marne) ; résistant.
Fils d’un professeur honoraire de l’Université et peintre reconnu, René Quenouille combattit pendant la Première Guerre mondiale, comme engagé volontaire, blessé deux fois, il obtint trois citations et la Légion d’honneur. Sa thèse de doctorat en médecine porta sur Le déséquilibre mental de Beethoven.
Il s’installa en 1925, comme médecin, à Villeneuve-Saint-Georges. Communiste ou sympathisant, surnommé « médecin des pauvres », il devint président de la section locale des Amis de l’Union soviétique. Candidat aux élections municipales de 1929, il entra en mai 1935 au conseil municipal comme quatrième adjoint au maire, Henri Janin. Il s’attacha à moderniser le dispensaire de la commune. Il semble avoir pris ses distances avec le Parti communiste à la fin des années trente et être devenu franc-maçon.
Mobilisé en 1939 comme médecin-capitaine, résistant du réseau Patriam recuperare organisé par des francs-maçons et localement par le militant socialiste Léon Boutbien, alors médecin à Montgeron, il fut particulièrement chargé des relations avec le Front national et le Parti communiste clandestin. Son épouse joua également un rôle actif. Son groupe comprenait deux commissaires de police en gare de Lyon, Albouy et Gaston Pateau, ce dernier Villeneuvois mourut à Mauthausen.
René Quenouille fut arrêté le 3 mars 1943 par la police française près de Montargis (Loiret). Interrogé neuf jours et neuf nuits à la Préfecture de police puis conduit à la prison du dépôt, il subit les interrogatoires de la Gestapo Avenue Foch. Trois semaines plus tard, il était emprisonné à la Santé, puis à Fresnes.
Déporté en Allemagne le 11 octobre 1943 à destination de Mauthausen (matricule 37804). Il fonda l’hôpital du camp d’Ebensee, annexe du camp de concentration de Mauthausen (Autriche), et en devint le médecin chef (sous le matricule 39607) en juillet 1944.
René Quenouille fut transféré à Neuengamme près d’Hambourg, où sévissait le docteur SS Kurt Heißmeyer qui effectuait des expériences sur des déportés avec le bacille de la tuberculose. Pour masquer ces actes criminels, devant l’arrivée rapide des troupes britanniques, pendant la nuit du 20 au 21 avril 1945, dans la cave de l’école de Bullenhuser Damm, les nazis le pendirent avec plusieurs membres du personnel médical (un médecin français Gabriel Fleurance, deux infirmiers hollandais), une vingtaine d’enfants juifs et vingt-quatre déportés soviétiques, quarante-huit personnes en tout. Il avait, selon un de ses camarades, refusé d’achever des malades.
Il était marié et père de cinq filles, dont l’une naquit après son arrestation.
En 1963, une plaque commémorative à la mémoire des victimes a été apposée à Hambourg, dans un bâtiment du camp transformé en Institut pédagogique, où avait eu lieu le massacre.
Le « foyer des anciens » de Valenton (Seine-et-Oise, Val-de-Marne) porte le nom de René Quenouille (sa clientèle était aussi valentonaise), ainsi qu’une crèche de Villeneuve-Saint-Georges.
En juin 1947, Charles Benoist fut critiqué par la direction du PCF pour avoir fait éditer une brochure mettant sur le même plan le résistant communiste Henri Janin et le Docteur Quenouille.
Son nom est inscrit sur le Mur du souvenir du Grand orient de France (GODF) au titre de la Loge maçonnique Danton de Villeneuve-Saint-Georges.
Il était marié et père de cinq filles, dont l’une naquit après son arrestation.
Par Nadia Ténine-Michel, Annie Pennetier
SOURCES : Arch. Dép. Seine-et-Oise, M classé, 2 M 30/31, 30/57, 4 M 64, 66 et 2/67. — Daniel Mayer, Les socialistes dans la Résistance, PUF, 1968. — J.-M. Castel, Les villeneuvois et les villeneuvoises sous l’occupation, 1940-1944, Montgeron, Desbouis Grésil, 1990. — AREV (Association de recherche et d’études de Valenton). — Site MémorialGenweb . — Témoignages.