GLAY Adolphe

Par Yves Le Maner

Né le 10 janvier 1895 à Avesnes-les-Aubert (Nord), mort le 14 octobre 1971 à Avesnes-les-Aubert ; ouvrier tisseur puis commerçant ; syndicaliste, militant socialiste puis communiste du Nord.

Né dans une famille de quatorze enfants, Adolphe Glay travailla dès l’âge de onze ans dans l’atelier textile familial. Après son service militaire, il fut pendant quelques mois agent de police à Paris, mais il dut abandonner ce métier en raison de son dossier qui portait trace d’une activité syndicale précoce. Revenu à Avesnes-les-Aubert, il reprit sa première profession dans l’une des usines textiles de l’agglomération. Il devait perdre son emploi en 1931 lorsque la crise économique frappa le textile du Cambrésis déjà affaibli par la concurrence irlandaise et il dut alors ouvrir un petit commerce de boissons et faire office de représentant pour un négociant en vins de la localité.

Membre des Jeunesses socialistes depuis 1910, Adolphe Glay s’était inscrit au Parti communiste au lendemain de la scission de Tours. Il assura pendant l’entre-deux-guerres le secrétariat de la section, puis cellule communiste d’Avesnes-les-Aubert, rattachée au rayon de Canduy à partir de 1924 (voir Walle G.*) qui compta en moyenne une cinquantaine d’adhérents et environ 500 sympathisants. Élu conseiller municipal d’Avesnes en 1927 à l’occasion d’une complémentaire provoquée par la démission du maire V. Campener, il emmena la liste communiste à la victoire lors des élections générales de 1929 et fut choisi comme maire, mandat qu’il conserva jusqu’en 1939. Il échoua par contre dans ses candidatures aux cantonales de 1931 (conseil général et conseil d’arrondissement), 1934 et de 1937 (conseil d’arrondissement) dans le canton de Carnières ainsi qu’aux élections législatives de 1932 et 1936 dans la 1re circonscription de Cambrai.

Adhérent au syndicat des tisseurs d’Avesnes-les-Aubert dès avant la Première Guerre mondiale, Adolphe Glay fut contraint de rester au sein du syndicat confédéré de la localité après la scission syndicale de 1922, l’écrasante suprématie des militants socialistes emmenés par E. Waxin* ayant rendu impossible la création d’un syndicat affilié à la CGTU. Il dut attendre la période de chômage du début des années trente pour parvenir à son but. Il comprit en effet très tôt l’importance des comités de chômeurs qui devinrent le cheval de Troie des thèses unitaires au sein des groupements confédérés. Au début de l’année 1934, alors que la commune d’Avesnes comptait 500 chômeurs sur 600 ouvriers, il organisa une série de réunions animées par Jeannette Vermeersch* qui s’achevèrent par la constitution d’un syndicat affilié à la Fédération CGTU du Textile et fort de près de 500 adhérents. Glay en devint le secrétaire, et il conserva ce poste à l’issue de la réunification syndicale de 1935. En février de cette même année, il présida le congrès des chômeurs du Cambrésis qui contribua à la réalisation de l’unité d’action à la base. Son action au sein des organisations de chômeurs devait également amener Glay à s’intéresser aux difficultés des ouvriers agricoles et il participa au nom de ces derniers aux discussions avec une délégation des employeurs agricoles de l’arrondissement qui aboutirent à la conclusion d’un accord améliorant sensiblement le sort de près de vingt mille salariés agricoles et journaliers.

Profondément traumatisé par la conclusion du Pacte germano-soviétique, il quitta le PC en septembre 1939, mais décida peu après de démissionner de son poste de maire par solidarité avec les neuf conseillers municipaux qui étaient restés fidèles à leur parti et avaient été destitués de leur mandat par arrêté préfectoral. Après l’avènement du régime de Vichy, Adolphe Glay évolua progressivement vers un appel à la collaboration. Déjà signataire de la 1re Lettre ouverte aux anciens communistes », il donna son approbation à la « 2e lettre ouverte... émanant du Comité central du POPF, s.d. (1942 ?). Voir Marcel Gitton.
Sérieusement inquiété à la Libération par ses anciens camarades, Adolphe Glay cessa évidemment toute activité politique et syndicale après 1945.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article73476, notice GLAY Adolphe par Yves Le Maner, version mise en ligne le 23 août 2009, dernière modification le 23 août 2009.

Par Yves Le Maner

SOURCES : Arch. Nat., F7/13119. — Arch. Dép. Nord, M 35/8, M 37/90B, M 149/86, M 154/78A, M 595/35 et M 595/61. — A. Duchatelle, Mémoire de Maîtrise, Lille III, 1973, op. cit..

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